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mille petits poucets

Publié le par Za

On peut cheminer avec un texte pour finalement le rencontrer vraiment un jour, le redécouvrir comme si on ne l'avait jamais croisé.

mille petits poucets

J'avais lu déjà ce livre, j'en avais senti toutes les qualités, le texte est brillant, l'image est magnifique, l'ensemble est pétri d'intelligence, édité avec talent et humour.

Et puis l'autre jour, je me suis radinée avec à l'école. Ne me demandez pas pourquoi. Je me suis assise sur ma petite chaise, les minuscules autour. Quand je dis minuscules, c'est une image, ils ont entre 8 et 10 ans et certains sont aussi grands que moi. Mais bon, ils savent encore s'asseoir par terre et écouter des histoire, des romans entiers parfois.

Alors, je leur ai lu Mille petits poucets.

 

Il repartait donc vers les bois dans l'espoir d'y perdre les enfants,

et dans le désespoir d'y parvenir.

 

Le plaisir de lire à haute voix demande du texte une certaine coopération. Tout ne se lit pas avec aisance, tout ne s'écoute pas avec plaisir. Après avoir échoué à partager James et la grosse pêche de Roald Dahl, je me suis méfiée de certains textes comme de la peste. Le plaisir de faire entendre une histoire ne tient que si la langue s'y prête, le talent du lecteur n'étant qu'un facteur parmi d'autres. Rappelons-nous que la lecture silencieuse n'a pas toujours été de mise, qu'il fut des temps où seule existait la lecture à haute voix.

Mais revenons à nos lardons !

 

Car voici : les profondeurs nuiteuses de la forêt luisaient du regard innombrable des fillettes et des garçonnets perdus là par des parents plus habiles (ou plus désespérés) que lui.

 

Mais quel texte, mes enfants, quel texte ! Avec ses airs sages de belle langue d'autrefois, il installe par petites touches l'image d'une famille perpétuellement mouvante ou la filiation se définit au hasard de la rencontre. 

Et si ce n'était que ça... Mais non, encore fallait-il une histoire d'amour. Vous savez que j'ai les histoires d'amour en horreur. Et pourtant celle-ci a failli me tirer des larmes. Expliquez-moi pourquoi, alors que je la trouvais presque convenue à première et silencieuse lecture, en l'entendant de ma propre bouche, elle m'a émue.

 

"D'habitude, ce sont les amoureuses qui vous donnent des enfants. Moi, ce sont les enfants qui m'ont donné une amoureuse !" se dit l'homme doux.

Que les forêts soient si pleines d'enfants et de femmes tendres lui sembla une belle et bonne chose.

 

Et là, c'est moi qui suis tombée amoureuse de ce texte serein, qui avance tranquillement, sans à coup, qui déroule sa petite pelote de douceur jusqu'à la fin en forme de morale moderne.

Ce petit Poucet revu par Yann Autret et Sylvie Serprix est l'exact inverse de l'abandon, il devient un conte optimiste dans lequel tout est possible. Car les petits enfants ne sont plus aussi naïfs qu'avant. Non seulement il est impossible de les perdre mais ils reviennent chaque fois plus nombreux qu'ils n'étaient partis. Et leur père, cet homme si doux, après l'avoir perdu, finit par y trouver son compte.

 

Yann Autret & Sylvie Serprix

Mille petits poucets

Grasset Jeunesse, 2011

Vous pouvez voir ici quelques-unes des belles images de Sylvie Serprix.

 

En passant, que je vous dise, le sommet de la lecture et de l'interprétation a été atteint pour moi un soir d'été par Guillaume Galienne lisant l'Odyssée. J'y ai découvert des mystères et une sensualité que jamais je n'avais associés à ce texte.

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les ignorants

Publié le par Za

Qu'est-ce qui fait qu'on ouvre une bande dessinée de 272 pages et qu'on la lit d'une traite, sans imaginer la lâcher une seconde, même lorsqu'il devient tout à fait déraisonnable de rester éveillée à cette heure sombre...

 

les ignorants

Voilà une des meilleurs choses que j'ai lue depuis longtemps, un livre débordant d'humanité, de générosité. Un auteur de BD, Étienne Davodeau, un vigneron, Richard Leroy. Il taille la vigne, laboure, soigne, scrute la plante, le ciel. Il dessine, court les salons, scrute le papier, la couleur. Ils vont échanger leurs expériences, s'accompagner mutuellement, découvrir ce qui anime l'autre, en accepter les bizarreries. Sans arrière pensée, sans a priori. Boire des coups, échanger sur des livres lus, voyager ensemble, c'est exactement l'idée que je me fais de l'amitié, j'ai tort ?

Cette initiation croisée qu'annonce le sous-titre est bien l'originalité de l'aventure. Chaque maître dans son domaine a tout à apprendre de l'autre, sans qu'il y ait la moindre hiérarchie. On trouve de l'art dans le vin, du travail quotidien et parfois ingrat dans la bande dessinée.

Je n'aurai aucun bémol à coller sur cette BD. Et je n'en admettrai aucun, tenez-vous le pour dit ! Le dessin de Davodeau, au plus près des gens, est un modèle du genre : bienveillant et discret. Pas d'esbroufe, de l'humour, on est là pour raconter une histoire, un bout de chemin. Et moi qui sourit en coin lorsqu'on évoque les principes de la biodynamie, eh bien là, je fais comme Davodeau, je m'écrase et je respecte.

Le grand charme de cette BD, ce sont les deux héros en candides, étonnés, parfois rétifs mais toujours prêts à y aller. Et les seconds rôles aussi. Comme j'ai aimé la visite chez Gibrat, et la rencontre avec les vrais personnages du Photographe de Guibert, Lemercier et Lefèvre (Aire Libre chez Dupuis) ! Car Robert Saleon-Terras et Régis Lansade sont devenus vignerons à leur retour en France !

Il y a aussi la rencontre drolatique en forme d'incompréhension entre Richard Leroy et l'œuvre de Moebius. Et ses changements capillaires en lien avec les saisons. Et son intransigeance dès qu'il est question de dégustation. Et ses questions toujours pertinentes et qui pourraient être les nôtres. Parce que, ignorante du monde du vin et des coulisses de la BD, je suis sortie de cette lecture rassasiée, enthousiaste, attachée définitivement à ses personnes comme si je les avaient vraiment rencontrées.

Mais c'est ça. Je les ai vraiment rencontrées.

 

Étienne Davodeau

Les Ignorants

Récit d'une initiation croisée

Futuropolis, 2011

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award !

Publié le par Za

award !

Et un Award, un !

Et décerné, qui plus est, par Drawoua, ce qui n'est pas rien! Avec les 11 révélations fracassantes qui vont avec...

  • Mon cabas a trois ans et demi, à la louche.
  • Je vais au travail avec mes affaires dans un cabas lourd comme un âne.
  • En ce moment, c'est celui avec les Shadocks.
  • J'ai ceci de commun avec les Shadocks que je crains le chaud, le froid, le sec et l'humidité.
  • J'écris le plus souvent mes chroniques à la main, au crayon, dans des cahiers japonais simple lignage. Après je recopie.
  • Je suis gauchère, sauf pour écrire sur une feuille. Au tableau, je dois reprendre ma vraie main !
  • Je suis née à Narbonne, comme Charles Trénet.
  • Je suis accro aux tongs Birkenstock, je viens de m'en offrir des dorées mais comme il faisait 2°C hier matin, elles sont toujours dans la boite à mon grand désespoir. D'ailleurs, à ce propos, si quelqu'un avait une idée de la couleur idéale de vernis à ongle à poser sur ses pieds lorsqu'on porte du doré, j'avoue que je sèche...
  • Ma culture musicale vient, en partie seulement mais quand même, de ma grand-mère maternelle. Je connais donc le répertoire de Luis Mariano sur le bout des doigts.
  • J'aime bien l'idée d'être née en 1968 et ceci dit, depuis quelques temps, je me vieillis d'un an parce que 45 ans, ça sonne bien. Et puis c'est un cap. Celui de passer à autre chose.
  • J'ai parfois l'impression réconfortante de devenir celle que j'ai envie d'être. Cette phrase vous paraîtra sans doute un peu obscure mais je me comprends. Et tenez, un truc vraiment personnel, je vous livre ma devise du moment : "The biggest mistake you could ever make is being too afraid to make one."
Et maintenant, les questions de Drawoua...
 
1. Pourquoi t'es-tu lancé dans la blogosphère ?
L'envie d'être lue, forcément.
Et ce besoin irrésistible et exaspérant de donner mon avis. Surtout lorsqu'on ne me le demande pas - ce qui est encore meilleur.

2. Quels sont tes tics (écrits) de langage ? Quels mots utilises-tu le plus dans tes chroniques ? 
J'ai sans doute des tics d'écriture mais, le nez dans le guidon, je ne les vois pas. C'est au lecteur de me les révéler ! Quant aux mots que j'emploie le plus, ce doit être album, histoire, image - les trois choses qui m'occupent le plus.

3. Quel livre devrais - je selon toi impérativement lire (voire chroniquer)
La trilogie Gormenghast de Mervyn Peake, sans hésitation. Eh oui, il y avait longtemps ! J'aime ces livres d'une manière viscérale et je ne résiste jamais à la tentation d'enquiquiner ceux qui ne les auraient pas lus !
award !

4. Ton dernier coup de coeur ?

Un dessinateur que j'ai découvert il y a quelques jours, Jeremy Bastian, l'auteur de Curser Pirate Girl, un de ces  créateurs d'univers comme je les aime, virtuoses et donc légèrement inquiétants.

award !

5. Un coup de gueule à pousser ?

Les ignominies entendues ces derniers mois dans la rue sur la composition idéale d'une famille, le bien-être des enfants et leur équilibre m'ont largement hérissée. Tout comme l'idée de certains qu'une loi promulguée par un parlement élu au suffrage universel ne soit pas légitime. On croit rêver, enfin, cauchemarder plutôt !


6. Une recette immanquable à partager ?

J'ai un amour immodéré pour l'aubergine, réputée pour être une éponge à gras, mais j'ai ma petite méthode... Je fais d'abord revenir de l'oignon dans un souffle d'huile d'olive, j'ajoute de l'ail - qui a dit trop ? - et une boite de tomates pelées. Les tomates fraiches, à part celles du jardin, étant insipides, la solution de la tomate en boite est encore la plus savoureuse. Je laisse un chouïa mijoter. C'est alors, et seulement alors que j'ajoute mes aubergines coupées... comme on veut. Et on oublie sur le feu. Doux le feu. L'aubergine n'aura fait qu'apercevoir l'huile et ne sera pas écoeurante. En fin de cuisson, on peut ajouter du basilic ou des épices genre mélange indien. S'il en reste, ça fait une sauce pour les pâtes tout à fait parfaite. Demandez au fiston !

Sinon, il y a aussi le risotto de coquillettes au chorizo, mais ce sera pour une prochaine fois.


7. Quelle est ta meilleure chronique publiée ?

La meilleure, je ne sais pas. Mais celles dont je suis le plus fière sont regroupées sous le titre des piqués de Peake. Ce sont trois auteurs/dessinateurs dont j'admire le travail - Philippe-Henri Turin, Yann Fastier et Albert Lemant - et qui m'ont parlé de leur admiration à eux pour Mervyn Peake. J'avoue que je donnerais volontiers toutes mes autres chroniques pour ces trois articles-là.


8. Où pars-tu en vacances cet été ?

Dans le Sud, au soleil, où il fait chaud, trop chaud, là où sont plein de gens que j'aime.


9. Quel(s) blog(s) suis-tu régulièrement ?

Avant tout, celui de la librairie la Soupe de l'espace à Hyères. Les cuistots, Mélanie et Jean sont des personnes épatantes, leur librairie est une merveille et je parle pas seulement du confortable canapé ! Ils font un travail magnifique, avec talent et amour. Voilà, c'est dit.
Et puis aussi Gaëlle, Bauchette, deux libraires. Il y a évidemment mes blogocopines l'Or, Margotte, Violette, Syl, évidemment la bande qui papote à l'Ombre du Grand Arbre, dans sa belle diversité. Sans oublier l'excellentissime blog de Dog, qui vient de donner lieu à une publication dont je parlerai bientôt.


10. Quel(s) auteur(s) / illustrateur(s) ?

En plus de ceux que j'ai déjà cités à la question 7, je suis fidèlement les parutions de François Place, Olivier Tallec, Frédéric Pillot, Gilles Bachelet...


11. Prépares-tu tes billets à l'avance ?

J'ai toujours une quinzaine de brouillons en cours, plus ou moins avancés. Certains ne dépasseront d'ailleurs jamais le stade du brouillon et finiront à la corbeille. Mais en tout cas, je n'écris jamais directement un article. Il attend un peu, je le relis, je corrige, je pinaille, je ponce, je rabote...

 

Voilà, voilà...

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péter le feu

Publié le par Za

péter le feu

Je vous avais déjà fait partager cette magnifique image de Maurizio Quarello, vous rappelant, à l'époque,que je n'aimais rire que de choses fines et délicates, dont acte.

Eh bien figurez-vous que j'en ai trouvé d'autres, au point que je me demande si je ne vais pas finir par me lancer dans une petite collection.

Fine et délicate, la collection, d'accord ?

Par exemple, vous avez les bestioles assez grandioses du maître Michael Sowa, dans un genre médiéval et agricole qui m'a ravie.

péter le feu

Et puis aussi le réjouissant dragonnet de John Howe - dont l'humour primesautier m'avait jusqu'alors échappé, je l'avoue.

péter le feu

Tout ça pour vous dire que je commence aujourd'hui à collecter les pétages de feu.
Qu'on se le dise.

Publié dans plein les mirettes

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nuit d'hiver

Publié le par Za

Dans la nuit de l'hiver, celle où tout crisse, où est-on mieux que chez soi, au coin du feu, faisant fi de la neige ? Prête à dégainer les aiguilles à tricoter, les livres et le chocolat chaud ? Rien ne pourrait nous attirer dehors.

Rien ? Et si les minuscules étaient de retour ?

nuit d'hiver

Dans cette nuit d'hiver, du côté du vent qui souffle froid, de la neige et des fantômes, elle va chausser ses patins et sa lampe frontale pour aller au devant des esprits virevoltants, pour glisser sur le lac gelé et rompre le silence.

© La soupe de l'Espace

© La soupe de l'Espace

Nuit d'hiver est un album d'une grande subtilité, porté par le texte poétique d'Anne Cortey. Écrit à la première personne, il nous présente un personnage principal décidé, ancré dans la vie mais pourtant prêt à s'engouffrer dans la nuit pour retrouver des esprits. Elle pourrait être une petite fille, une adolescente, une femme, qu'importe. Ni le dessin ni le texte ne nous l'apprendront et peu importe. C'est son courage devant les chiens fous qui compte, sa volonté qui ne sera mise à mal que par le grand froid, sa confiance inébranlable qui la fait danser sur la glace.

 

Le brouillard épais de la nuit me tombe aussitôt dessus, prêt à m'engloutir. Heureusement j'ai ma lampe frontale. Le rai de lumière fait le ménage devant moi. Il fait disparaître les esprits maléfiques et les fantômes qui errent le long du chemin.
Mais je n'ai peur de rien. Ou presque rien. Car je sais que ces esprits ne me veulent pas de mal.

 

© La Soupe de l'Espace

© La Soupe de l'Espace

Cet album instille le surnaturel l'air de rien, avec finesse. Les illustrations d'Anaïs Massini traduisent une magie quotidienne, à coup de gouache lumineuse où volettent des flocons. On pourrait ne pas y croire mais un rien fait qu'on adhère. Le mouvement, la lumière, la chaleur du feu, le vent qui fait vivre la neige, l'énergie magnifique de l'héroïne...

 

nuit d'hiver

Anne Cortey & Anaïs Massini

Autrement Jeunesse

Janvier 2012

 

Les photos m'ont été gentiment prêtées par les cuistots de la Soupe de l'Espace. Ils exposent le beau travail d'Anaïs Massini dans leur librairie à Hyères (9 avenue des Îles d'or). Elle y dédicacera ses albums le samedi 15 juin 2013. Pour d'autres photos de cette expo, c'est ici !

 

nuit d'hiver
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les minuscules

Publié le par Za

Il y a ceux qui ont lu Tobie Lolness avant, ceux qui l'ont lu après, ceux qui ne connaissent pas ce texte de Roald Dahl, ceux qui ne peuvent envisager pas qu'il n'ait occupé un coin de l'esprit de Timothée de Fombelle. Je suis de ceux qui pensent qu'en matière de littérature, on n'invente rien ou si peu, qu'on récolte ce que d'autres ont semé et que c'est très bien comme ça, qu'il y a des filiations entre auteurs, à suivre comme des fils d'Ariane.

Les Minuscules (The Minpins) est le dernier texte de Roald Dahl. Il sera publié en 1991, un an après sa mort. C'est l'un des seuls livres qui ne sera pas illustré par Quentin Blake, ce qui aurait pu m'attrister un brin...

 

les minuscules

La forêt est le lieu fantasmatique par excellence. La sagesse populaire sait qu'il est dangereux d'y trainer, petit pot de beurre ou non. Alors lorsque la mère de Petit Louis (Little Billy) lui interdit absolument de pousser la porte du jardin, d'aller voir ce qui se trouve au-delà de la nature domestiquée, la tentation est trop forte. La forêt est parée de tous les  mystères. Jusqu'à son nom, la Forêt Interdite, qui est une provocation. Dès la première page, on sait que Petit Louis désobéira à sa mère et sera livré à la bête mythologique, comme Poucet et tant d'autres avant lui, sans quoi il n'y aurait pas d'histoire.

Gustave Doré - Le petit Poucet

Gustave Doré - Le petit Poucet

L'inévitable prend ici la forme d'un dragon invisible, crachant une fumée brûlante, une haleine empoisonnée. On lui avait donc dit vrai ! Petit Billy ne devra son salut qu'aux branches basses d'un arbre qui lui tend les bras pour qu'il grimpe jusqu'à la cime. Et c'est là que survient l'incroyable, la rencontre avec le petit peuple de l'arbre, une minuscule société, confortablement installée au creux de l'arbre, ne posant jamais le pied au sol. Petit Louis découvre là une civilisation entière, cachée, vivant en symbiose avec les oiseaux. Débute alors une aventure haletante.

Les Minuscules est un de ces trésors de l'enfance absolument indispensables, vraiment à part dans l'oeuvre de Dahl, car débarrassé du côté grinçant des ses romans et nouvelles. Le recul est à chercher dans l'appropriation des mythes et classiques : le dragon, la forêt, David contre Goliath, le Petit chaperon rouge, jusqu'au Merveilleux voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerlöf. Dahl affirme ici le pouvoir de l'imagination de l'enfant contre la rationalité de l'adulte, mais surtout il nous parle de l'enfance qui s'éloigne, à l'image du cygne qui bientôt ne pourra plus porter Petit Louis sur son dos.

Les illustrations de Patrick Benson renforcent la délicatesse du propos. Au plus près des Minuscules, il nous montre leurs intérieurs douillets, le foisonnement de l'arbre, la présence du monstre à travers ses exhalaisons enflammées. Le dessin à la plume est précis, vivant, d'une grande bienveillance, mais sait se mettre au diapason de l'aventure.

Je m'en voudrais d'oublier ici l'élégante traduction de Marie Farré qui donne à ce texte toute la fluidité nécessaire à la lecture à voix haute qu'on ne manquera pas d'offrir aux plus jeunes.

J'ai lu ce texte dans l'édition de 1991, un album de format moyen qui rend justice aux illustrations. On le trouve aujourd'hui dans une édition de poche nettement moins confortable.

Voir ici la lecture qu'en fait Céline.

 

Les Minuscules (The Minpins)

Roald Dahl

illustré par Patrick Benson

traduction de Marie Farré

publié en 1991

par Jonathan Cape Ltd pour l'édition anglaise

Gallimard pour l'édition française

Folio Cadet

 

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encore des questions ?

Publié le par Za

Ne le niez pas. Je le sais, vous vous posez des tas de questions sur l'album. Il n'y a pas de honte. L'album est une machine protéiforme qui a une fâcheuse tendance à se dérober dès qu'on l'approche, à devenir complexe dès qu'on s'y intéresse. Voici pour vous de quoi avancer sur la route sinueuse de la connaissance de ce machin étrange...

encore des questions ?

Expliquer l'album à des enfants n'est pas chose aisée, encore que. Yann Fastier se met en scène face à un petit bout de classe, parfait échantillon scolaire et humain. Ce dispositif rend le livre vivant et jubilatoire. J'y mettrai un bémol cependant : il y a rarement un seul casse-pied rabat-joie dans une classe.

De l'idée qui germe puis fleurit dans l'esprit du créateur jusqu'au lecteur, l'auteur/intervenant fait preuve d'un enthousiasme communicatif pour expliquer, éclaircir, aplanir, en un mot illuminer l'esprit du lecteur débutant.

encore des questions ?

Encore des questions ?, c'est comme soulever le capot pour fureter entre les rouages. Car si Yann Fastier use de la métaphore arboricole pour expliquer la naissance de l'album, pour donner à voir l'idée première, il vous faudra vite mettre les mains dans le cambouis, entre droits d'auteurs et rotatives. Aucune étape de la création de l'objet livre n'est omise, chaque acteur est présenté précisément, dessiné avec soin, pour ne pas dire avec une certaine  ressemblance...

Une fois le livre publié, on se penche sur son fonctionnement, l'articulation subtile entre le texte et l'image, la différence entre texte illustré et album, car la définition de l'album se situe dans l'intention autant que dans la forme. Les images racontent l'histoire autant que le texte, ni plus, ni moins. Ne nous y trompons pas, il y a une véritable prise de position. D'abord dans la présentation des quatre dispositifs texte/image possibles. Car lorsqu'on dit que le rapport de répétition, où l'image est redondante, purement illustrative, est l'articulation la moins intéressante qui soit, force est de constater qu'il est aussi largement répandu, et pas seulement dans les livres destinés aux tout-petits. De la même manière, le passage consacré au dessin proprement dit et à la distinction entre technique et style montre à quel point maîtriser parfaitement la technique n'est pas suffisant pour faire un album réussi et qu'une bonne image n'est pas un simple exercice de virtuosité.

Au-delà du côté didactique du propos, assumé et jamais ennuyeux, ce livre propose aux enfants un questionnement sur l'album, une manière d'analyser ce qu'on lui met entre les mains. Une fois qu'on sait comment fonctionne ce type d'écrit, une fois qu'on en devient un lecteur expert, on peut alors se prononcer sur sa qualité en toute connaissance de cause, en dépister les facilités, les malhonnêtetés, en découvrir les trésors et les apprécier encore mieux.

 

Yann Fastier

Encore des questions ?
L'album de l'album

L'atelier du poisson soluble

mars 2013

 

Ce livre est le prolongement parfait de l'ouvrage de Sophie Van der Linden,

Lire l'album, également publié par L'atelier du poisson soluble.

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le pêcheur de nuages

Publié le par Za

 

C'était un jour comme un autre, un jour d'automne, un jour un peu gris, mais sans remous. Ce jour-là, un homme a poussé son bateau sur un banc de sable et y a jeté l'ancre.

 

Ce genre de début inaugure généralement un branle-bas des habitudes, une explosion de curiosité, en un mot un joli bazar. Mais sans bazar, pas d'histoire, alors ne nous plaignons pas qu'au réveil, on trouve des poissons plantés dans le sable, comme tombés du ciel.

le pêcheur de nuages

Les habitants de la ville épient, espionnent, traquent. Et à la méfiance succède l’hostilité lorsqu'on découvre la provenance de la pêche miraculeuse. Les apprentis sorciers se mettent au travail, pour leur plus grand malheur. Les citadins, dérisoires manipulateurs de manettes, seront finalement rattrapés par le vent et les nuages.

le pêcheur de nuages

Imaginez un monde où seul le végétal aurait échappé au bidouillage humain. Un fouillis organisé et froid où les moutons ont un je ne sais quoi de mécanique, où même les poissons sont gagnés par la ferraille. Là où d'autres auraient tracé des bords de mer ombrageux, des paysages maritimes, Einar Turkowski préfère nous laisser imaginer la ville à partir de détails, steampunk gris et léché, virtuose, fragile, gagné par le sable. Un style de dessin d'autant plus remarquable qu'il est ici mis en valeur par le contraste avec la rugosité des nuages. Et que dire de cette planche naturaliste et mécanique tout à fait réjouissante qui mêle oiseau, poissons et machines hasardeuses.

Je suis toujours épatée par l'art de Turkowski à manier le gris - mis en valeur par le blanc du papier et le soin de l'édition. Il soigne le détail jusqu'à l'obsession, mêle mécanique et nature en laissant le lecteur décider qui des deux aura le dessus.

 

 

Le pêcheur de nuages

Einar Turkowski

texte français de Christophe le Masne

2007 (première parution en Allemagne 2005)

Autrement

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plume & toile

Publié le par Za

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Quoi de plus léger qu'une plume ?

Et quoi de plus fin et délicat que le dessin d'Isabelle Simler ?

Son album Plumes virevolte entre le graphisme magnifiquement dépouillé d'oiseaux touchants ou majestueux et le réalisme de leurs plumes, rendues telles qu'elles, jusqu'à la moindre barbe de duvet.

 

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C'est un album presque sans texte que l'on pourrait de prime abord prendre pour un imagier superbe. Ou encore les archives d'un collectionneur - il parait que ça s'appelle un ptérophile. D'ailleurs, il y a un collectionneur. Inattendu, espiègle, élégant, bien présent mais discret, une silhouette, parfois à peine une ombre. Et c'est alors que l'imagier est rattrappé par la narration. Mais là où ses congénères félins seraient prédateurs, lui est esthète. Et comment ne pas s'arrêter devant la beauté de ces oiseaux, ibis flamboyant, mésange quotidienne, tous aux aguets, le regard en alerte, pas tranquilles, dans un style peut-être influencé par les images de Charley Harper - que je vénère - dans cette économie de moyen qui va à l'essentiel, dans cette élégance absolue.

 

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Encore une histoire de collectionneur. De ceux qui rentrent de balade les poches pleines de petites choses qui n'ont l'air de rien, mais valent bien leur pesant de poésie, d'histoires en devenir. De ceux qui vous remplissent la baraque de branches, glands, bogues... Cette fois, c'est l'araignée aux longues pattes qui s'y colle, prélevant délicatement autour d'elle des trésors évocateurs. Chacune des merveilles présentées sur la page de droite est déclinée en face sous toutes ses formes.

 

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Et voilà des planches botaniques qu'un coup de vent aurait dérangées, des tiroirs d'entomologistes dont les insectes seraient prêt pour la grande évasion. Pas une de ces pages qui ne soit infiniment vivante ! Et modeste. Quelques brindilles, des cailloux, et des fleurs quotidiennes, des plantes de rien du tout. Tout ce dont l'araignée a besoin pour réaliser son oeuvre, pour arriver à la spectaculaire dernière page, aussi délicate que de la dentelle.

 

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Comme souvent - toujours ? - , les éditions Courtes et longues ont fait des merveilles avec ces albums. Choix du papier, soin apporté à la couverture, dont le grain me ravit, rendu des couleurs... Voici deux livres à caresser autant qu'on les lit. Et puis certains savent que je fais partie de ceux qui reniflent les livres. Et ceux-là sentent si bon ! Chaque fois que je les ouvre, c'est ce parfum qui vient le premier, avant l'image. Et il est d'un suave que vous ne pouvez imaginer ! Une odeur de livre qui vous plonge dans votre addiction instantanément. Si ça, c'est pas un argument !

 

 

Plume

La toile

Isabelle Simler

éditions Courtes et longues

mai 2012 & février 2013

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pop !

Publié le par Za

Ça, c'est de l'affiche !

 

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Le livre est en mouvement, il s'anime, il nous anime ! Alors mettre à l'honneur Anouck Boisrobert & Louis Rigaud tombe sous le sens, non ?

Vous avez forcément croisé leurs livres dans vos librairies chéries et le Cabas les aime beaucoup.

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hélium

2012

 41UdvmXKPlL._SL500_AA300_.jpgFlammarion

2012

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hélium

2011

 

 

 

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texte de Joy Sorman

hélium

2009

Sans compter celui-ci, à venir...

Et toujours chez hélium !

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Profitant de la fête, il y a eu des ateliers... 

 

 

... et il y a l'exposition Mouv' ton pop !

 

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       photos © Anouck Boisrobert & Louis Rigaud

 

Quand on vous dit que c'est la fête !

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