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le lion et l'oiseau

Publié le par Za

le lion et l'oiseau

Un jour le lion rencontre l'oiseau. Il le trouve dans son jardin, blessé. C'est aussi simple que ça. Aussi simple et aussi fragile. Deux êtres dissemblables se rencontrent et l'histoire coule au fil du temps, collée à la succession des saisons. Le lion et l'oiseau vont partager le quotidien, la douceur du feu, la chaleur du repas, le confort des nuits douillettes, les jeux dans la neige. Pourtant, un jour, il faudra se séparer. Tout sera pareil mais tout sera différent.

Ce livre est avare de mots, juste le nécessaire, pas un de trop. Et ces mots constatent ce qui est, sans plus, sans en rajouter. Oui, le lion est triste, pourquoi le souligner encore puisqu'on le voit ? Le dispositif de l'album en dit plus long que le texte. Les dessins s'étalent sur la double page, se coupent en quatre, se font cabochons discrets au milieu du blanc, entretiennent habilement l'envie de tourner la page. La page blanche dit le silence et l'absence.

le lion et l'oiseaule lion et l'oiseau
le lion et l'oiseaule lion et l'oiseau

Le dessin joue avec une palette subtile, des bleus, verts, bruns modestes mais évidents. Il ne donne à voir que l'essentiel et joue des expressions du lion, de ses attitudes, de ses regards. Pas besoin d'en faire des tonnes : il doute, il espère.

Marianne Dubuc signe ici un album rare qui émeut de petits riens. On en tourne les pages lentement, dégustant chaque image, chaque moment. On en caresse longtemps le papier et on le quitte à regrets, pour, c'est sûr, mieux le réouvrir très vite.

 

Le lion et l'oiseau

Marianne Dubuc

La Pastèque,

collection Pamplemousse

2013

le lion et l'oiseau

Et j'en profite pour saluer ici les 15 ans de La Pastèque, magnifique maison d'édition qubécoise !

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mes petites bêtises # 4

Publié le par Za

photo Romaric Cazaux

 

« Mais où es-tu ? J’ai beau chercher entre les gravillons de l’allée, je ne te trouve pas. Tu es pourtant là tous les matins, parmi les gouttes de rosée. Tu joues dans les traces de pas, tu files dans le sillage des roues des vélos. La première fois, j’ai cru à une hallucination. Il faut dire que j’avais un peu bu et que ce banc tombait bien. Mais une fois dissipées les vapeurs de l’alcool, tu étais toujours là, ta peau grise confondue avec les pierres du chemin. S’il n’y avait eu ton regard brillant, je serais passé à côté de ta présence. Mais ce matin, tu n’es pas là. Il n’y a que la poussière, l’air sec et la fraicheur de l’aube. Rapplique ! J’ai des choses à te dire ! Tu as souvent été de bon conseil et j’ai besoin de toi. Elle m’a souri, ça y est ! Je sortais de chez moi. Elle s’est arrêtée devant ma porte un court instant et elle m’a souri. Je n’ai su que dire. Il faut que tu m’aides. Si seulement tu étais là…

 

… Ah, te voilà ! Tu en fais une tête ! Ton aile est abîmée, qu’est-ce qui t’es arrivé ? Un chat t’a pris pour une souris ? C’est la couleur, je te l’avais dit. Ce gris, ça prête à confusion. Essaie le brun. L’automne arrive, on te prendra pour une feuille ou un morceau d’écorce.

 

Mais viens plus près que je te raconte. Il y a du nouveau… »

atelier "une photo  quelques mots"

chez Leiloona

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flamingo

Publié le par Za

pour Orly et Jess

Rose.

Mais vraiment.

Tirant légèrement sur l'orange, à peine.

D'emblée franchement délicat, couleur et mouvement.

 

Le genre de couverture sur laquelle on s'attarde plus que de raison, de peur aussi d'être déçu si l'intérieur ne tenait pas ses promesses. Sous le charme avant même d'avoir entraperçu la moindre page. Et pourtant, rose ! Voilà que j'ose le rose, j'en suis toute chose...

flamingo

Et puis finalement, c'est exactement l'inverse qui se produit. Le flamant et la ballerine nous embarquent l'air de rien dans leur pas de deux si délicieusement aquarellé. Chaque double page avance doucement vers l'apprivoisement mutuel. Tu me regardes... Je te regarde... Tu lève une patte ? Eh bien moi aussi, tiens ! Tu es un flamant ? Je suis aussi un flamant. À moins que je ne sois une petite fille, toute prête pour la baignade, palmes et bonnet à fleurs.
Chaque mouvement est imité, chaque regard est tenu, rendu. Moquerie, fâcherie, réconciliation, comme dans la vie, on est amis. Et on se permet de danser, jusqu'au grand saut final, jusqu'à la grande rigolade qui éclabousse.

flamingo
flamingo

Chaque dessin offre une situation nouvelle, avec si peu de texte, quelques mots à peine - dont on aurait d'ailleurs pu se passer. Le mouvement est accéléré par des rabats qui tombent tout seuls, pourvu qu'on tienne le livre à la verticale, des rabats qui, vous verrez, prennent toute leur place à la fin de l'album.

On est proche du dessin animé - Molly Idle est d'ailleurs issue des studios Dreamwork. La douceur du trait est mis en valeur par un travail d'édition impeccable, un papier au grain velouté comme les pétales de magnolias qui bordent le haut des images. Il émane de ce livre une tendresse souriante, sans mièvrerie aucune. Comme quoi, le rose...

 

 

 

 

 

Flamingo

(Flora and the Flamingo)

Molly Idle

adaptation française de Martine Laffon

Seuil Jeunesse

septembre 2013

 

Liyah et Gabriel de la Mare aux mots ont aussi craqué pour ce bel album !

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une petite fille... à croquer

Publié le par Za

Comme tous les ans, à la même époque, c'est à dire peu ou prou la rentrée, allez savoir pourquoi je me replonge dans la littérature ogresque. C'est généralement le moment que je choisis pour replacer sur mon lieu de travail cette délicieuse phrase d'Alphonse Allais qui veut qu'il y a des jours où l'absence d'ogres se fait cruellement sentir. Succès garanti.

 

une petite fille... à croquer

Ceci dit, il faut bien avouer que cette mignonne-là est à croquer. Jolie et futée comme tout ! Wardé, warda, c'est la rose en arabe. Rose comme les joues de cette fillette prenant vie sous les crayons de Geneviève Godbout. La dessinatrice nous offre ici un dessin comme je les aime, frais, vivant, jamais mièvre, tout en lumières savantes, sourires irrésistibles.

 

une petite fille... à croquer

Son ogresse est parfaite : énorme, omniprésente, étouffante, obstinée, étudiée jusqu'au poireau qui orne sa joue. Mais pas si maligne, car, comme tous les ogres, elle est rattrapée par sa voracité, perdue par sa gloutonnerie.

une petite fille... à croquer

Une petite fille à croquer est un conte tout ce qu'il y a de traditionnel, dans le sens noble du terme. Le texte est ponctué de mots en arabe, il balance son rythme sans faiblir jusqu'au dénouement qui, s'il est attendu, n'en demeure pas moins une revanche jubilatoire pour l'auditoire minuscule. Testé et aussitôt approuvé, Wardé est adoptée !

 

Une petite fille... à croquer

Christine Frasseto & Geneviève Godbout

Père Castor, Flammarion

septembre 2013

 

Geneviève Godbout est également co-auteur de Joseph Fipps,

publié par les éditions La Pastèque

 

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mes petites bêtises # 3

Publié le par Za

Cet été, j'adopte l'atelier d'écriture de Leiloona !

photo Kot²

photo Kot²

La sensation de froid, c’est un des effets secondaires, j’étais prévenu, on ne peut pas tout avoir. J’ai beau me couvrir, ça ne passe pas. Alors je marche pour faire circuler… je ne sais trop quoi. Pas du sang en tout cas. Mon sang est désormais figé. Non, je bouge pour être sûr que je peux encore le faire. Je regarde devant moi pour ne pas trébucher. Il est midi et je n’ai pas faim. Ça aussi, c’est un des effets secondaires.

Ma nouvelle vie est un peu austère, je l’avoue. Si on peut encore appeler ça une vie d’ailleurs. Je ne mange plus, je ne dors plus. Mais je suis là et c’est toujours mieux que rien, mieux que le rien que j’entrevoyais au bout de ma chambre d’hôpital. Il était hors de question que je quitte ce monde. Pas maintenant. Pas déjà. Pas tant qu’elle est là.

Alors en attendant, cet entre-deux me convient. Ni vivant, ni mort. Je marche vers elle. Elle m’attend. Je n’aurai plus froid.

Publié dans mes petites bêtises

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l'éternel # 2

Publié le par Za

Commençons par un soupçon d'honnêteté qui me dédouanera du reste. Je suis très fan de Joann Sfar. Depuis Petit vampire va à l'école, depuis le Chat du rabbin, je suis fan. J'ai aimé son film sur Gainsbourg qui ne ressemblait à rien d'autre. Et même si j'ai parfois du mal à suivre son hyperactivité créatrice, je ne me lasse pas. Plus que son trait, je crois que c'est le côté touche à tout qui a fini par me fasciner. Jusqu'au jour où on découvrira que Joann Sfar, en réalité, ce sont des quadruplés : un qui dessine, un qui réalise des films, un qui parle dans le poste avec un fond d'accent niçois et le quatrième qui vient de se fendre d'un roman, une petite chose de 455 pages.

l'éternel # 2

Je l'avoue, les romans de vampires, ce n'est pas ma coupe de sang. Et, pour tout dire, je trouve franchement risqué de se lancer dans ce genre galvaudé, resucé, pour ne pas dire exsangue. 

Entre L'éternel et moi, tout avait commencé par un atroce malentendu lorsque François Busnel, invitant Joann Sfar dans sa Grande librairie, avait présenté ce texte comme, je cite, "l'un des livres les plus cruels, les plus sombres, les plus violents et, osons le mot, qui n'est pas français, tant pis pour l'Académie, les plus trash et gore qu'on n'ait jamais lu." Et moi, je suis du genre très impressionnable. Alors, j'ai failli ne pas le lire. Juste pour ça. Mais je suis aussi très curieuse. Heureusement. Parce qu'il faut avouer que finalement, il n'y a pas de quoi fouetter un chat noir. Et depuis, j'avoue que je m'interroge sur ce monsieur Busnel, pire chochotte que moi, si c'est possible.

L'éternel,donc. La référence religieuse est posée dès le titre. Notre vampire sera juif, ce qui n'est pas commun, loin s'en faut. Allez chasser un vampire juif avec un crucifix, il vous rira au nez. Surtout que celui-là, en plus, est devenu absolument incroyant.

En 1917, Ionas Fuhrman est amoureux, croit encore en Dieu et attend la fin de la guerre dans une boucle de la Volga avec son frère Caïn, d'autres cosaques et des filles. Un début de roman picaresque, paillard, drôle à force d'être grinçant. Cette première partie du livre est emportée par un souffle tout ce qu'il y a d'épique, le style à vous accrocher par le col sur le thème lis-ça-et-tais-toi. Puis Ionas est tué, enfoui sous une montagne de cadavres pendant que son frère épouse sa bien-aimée. Des trucs à vous faire regretter d'être mort. Il revient donc au monde sous les traits d'une créature assez cousine du Nosferatu de Murnau...


Ionas était couvert de sang et un monstre lui faisait face en le dévisageant : crâne gris argent, oreilles déchiquetées, dents de brochets et yeux fendus de pupilles félines. (page 105)

Il a l'air du Cri de Munch, d'une araignée d'Odilon Redon. Voilà. Penser qu'il ressemble à un octopode. Oublier qu'il a tout du chat égyptien. Si ça se trouve, il sait mordre sans déchirer. Je voudrais être son morceau de poulet. (page 280)

l'éternel # 2

Ionas traine sa condition de mort-vivant comme un boulet métaphysique, se plonge sans satisfaction dans l'écriture, répugne à donner la mort au point de finalement s'en abstenir. Ce parcours chaotique le mène tout naturellement, une centaine d'années plus tard, dans les bras de la psychanalyse, sous la forme, enfin sous les formes rebondies d'une analyste ukraino-new-yorkaise. Le vampire tente la psychanalyse pour retrouver le chemin de la mort, la sienne et celle qu'il pourrait donner à nouveau. Sans grande conviction...

- Eh bien, docteur Rebecka, je n'ai jamais pris la psychanalyse au sérieux. Je sais que c'est une connerie; mais par pitié, ça doit rester une connerie juive. (page 283)

Plus loin...

- Ne me prenez pas pour un ennemi, Rebecka ! J'essaie juste de vous dire que si on tente, comme moi, de sauver la psychanalyse, on est contraint de la réfuter comme science exacte et de ne garder que son aspect poétique, littéraire, et, pardonnez-moi de le dire, religieux. (page 284)

Cette seconde partie vire au foutraque le plus total. On jubile de tant de désespoir, on se laisse aller au vol vertigineux de la créature, on rit franchement en suivant le couple hallucinant du vampire hiératique et de la psychanalyste quillée sur des stilettos de douze centimètres. Une mention spéciale aussi aux grandioses personnages secondaires : la redoutable goule rousse enceinte jusqu'aux yeux de vengeance et de sang, la mandragore meurtrière et amoureuse, le loup-garou dragueur et velu, fatalement italien. Et ne me demandez pas ce que fait H.P. Lovecraft dans cette histoire, je ne vous le dirai pas.

Comme à son habitude, Joann Sfar fait dans la démesure. Une démesure jubilatoire issue d'une imagination sans borne, portée par un style efficace, redoutable même, qui vous porte au bout du livre sans même que vous ne vous en aperceviez.

Alors soyons francs, si vous tenez à votre brushing et à votre dignité, n'ouvrez pas ce livre. Vous n'en sortirez pas effrayé, n'en déplaise au monsieur bien coiffé de France 5, mais vous risquez bien de finir dépeignés, débraillés, un peu malmenés, très heureux de l'expérience et secoués de restes de rire.

Noir, le rire, mais tout de même.

 

Joann Sfar

L'éternel

Albin Michel, 2013

Publié dans romans, Joann Sfar, Albin Michel

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mes petites bêtises # 2

Publié le par Za

Voici ma première participation à l'atelier d'écriture de Leiloona. En passant, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de son excellent blog Bric à Book ! Le principe de l'atelier est simple : une photo, quelques mots. Mon premier texte a été inspiré par cette photo de Romaric Cazaux.

 


photo Romaric Cazaux

Elle avait dit : « Je pourrais tuer quiconque essaierait de nous séparer. Je n’ai jamais fait de mal à personne, mais un mot, un geste, un doute, et je pourrais étrangler le conspirateur, lui faire avaler ses paroles, bien profond. Je pourrais le jeter du haut de la falaise, là où  les calanques plongent, où on ne revient pas du vertige. »

 

Il avait passé un bras autour d’elle, sans rien dire.

« Regardez ailleurs et laissez-moi le regarder. »

Elle avait alors plongé dans l’eau glacée de ses yeux, sans vergogne, en dégustant chaque goutte. Elle s’était collée à lui, chacun formant le rempart de l’autre. Le genre de tableau qui irrite les culs serrés, qui affole les culs bénis. Elle avait le chic pour savoir ce qui choque. Mais elle ne faisait pas semblant.

 

« Que m’importent les ans et le regard des autres,

Que m‘importent les ans, la raison et vous autres,

Que m’importent les ans et ce qui nous sépare,

Que m’importent les ans, le diable vous emporte,

Peu m’importent les ans et la mort, vaste blague. »

 

Et puis encore une photo du même photographe, une cour vide.
Vide mais habitée.

photo Romaric Cazaux

photo Romaric Cazaux

Tout le monde est parti.

Il n’y a plus personne.

Le linge est resté tel quel, il est sec depuis longtemps. Lorsqu'on a appris la nouvelle, il était trop tard pour faire les valises, pour prendre le temps d’emporter quoi que ce soit. Il fallait fuir. Au plus vite. Alors, on a tout laissé. Les fenêtres sont restées ouvertes, on a abandonné les chaises. Hier encore, on discutait à la fraîche, on riait comme si ça ne pouvait pas être possible. On n’y croyait pas. Pourtant on en avait vu passer, fantômes  silencieux entraperçus parfois à la tombée du jour.

Mais le nuage a fini par arriver, poussé par des vents scélérats qui n’épargnaient personne, ni les bêtes, ni les gens.  Les premiers signes étaient discrets. Des oublis, des étourderies qui souvent passaient inaperçus, puis la mémoire qui finissait par s’effilocher, partir en lambeaux.  Personne n’en mourait, c’était inutile. Les victimes du nuage se vidaient de leur substance. Ne demeuraient alors que deux bras prêts au travail sans jamais rechigner, deux jambes aptes à marcher jusqu’à l’épuisement.

Alors on est partis.

Je n’ai pas eu le temps de terminer de couvrir le toit de ma maison. Je n’ai pas eu le temps de m’y installer. Je n’ai pas eu le temps d’épouser ma promise.  Je le ferai plus tard.

Parce qu’on reviendra, un jour.

Parce que tout a une fin.

Le meilleur et le pire.

Publié dans mes petites bêtises

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océano

Publié le par Za

Et le voilà, le nouveau, le si beau...

océano

Océano le voilier à la coque rouge prend la mer. Il hisse ses élégantes voiles de papier pour un périple sur les mers du monde. En cinq tableaux splendides, il nous entraîne de l'Arctique jusqu'aux récifs de corail, mû par le désir de découvrir les si précieuses beautés océaniques. Précieuses parce que menacées, et aussi fragiles que la coque de noix qui les explore.

Anouck Boisrobert et Louis Rigaud ont encore frappé fort. Océano est un grand livre, au même titre que Popville ou la Forêt du paresseux. Un de ces pop-up dont on ne se lassera jamais, dont chaque page, chaque mouvement trouve sa justification dans le propos, l'intention.

(merci au moussaillon)

(merci au moussaillon)

La surface et les profondeurs sont liées par les actions des hommes et la vie des animaux. Les couleurs de la mer accompagnent le voyage; le port souillé est traité avec le même soin que le sublime récif corallien. Et le petit voilier parcourt la Terre modestement, élément parmi les autres, si discret qu'il faut parfois le chercher dans l'image. Et le lecteur devient alors explorateur lui-même. Le dispositif d'Océano est parfait, son graphisme est élégant, efficace, et la surprise, l'intérêt sont renouvelés à chaque page.

Que dire de plus ? Ruez-vous sur ce livre si ce n'est déjà fait. Les amoureux de la mer y trouveront leur compte, les curieux seront comblés.

 

Océano

Anouck Boisrobert & Louis Rigaud

Hélium, avril 2013

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mes petites bêtises # 1

Publié le par Za

Pas d'alboume aujourd'hui, pas de roman, rien qui ne soit écrit par une autre mimine que la mienne ! Il m'arrive de semer çà et là quelques petites bêtises et il est possible que vous en ayez loupé quelques-unes, malheureux ! Alors voilà, tant pis pour vous, aujourd'hui, c'est rattrapage !

 

 

Tout d'abord un textounet que j'avais écrit pour un concours de mes chers Cuistots de la Soupe de l'Espace. Un objet, un morceau de moi, une plaque de rue...

 

mes petites bêtises  # 1

C’est une plaque de rue, une ancienne, en tôle émaillée que j’ai récupérée par le plus grand des hasards. Celle qui était apposée sur le vieil immeuble où j’habitais quand j’étais petite. Au numéro 4.

Au moment d’écrire ces mots, ce sont des odeurs qui me viennent. Quatre étages d’un interminable escalier en colimaçon, on a le temps d’en sentir des cuisines pendant l’ascension ! Au premier c’est une sauce au vin qui mijote, au second des tomates mêlées aux oignons et à l’ail, au troisième du poisson est en train de frire et l’escalier devient vraiment raide. Au quatrième, c’est le pot-au-feu de ma grand-mère qui m’attend. J’y suis retournée, il y a un an. La porte est murée, tous les volets sont clos, des plantes ont poussé là-haut, au bord de la terrasse où je faisais du tricycle. Et les odeurs ne sont plus que dans ma tête.

 

 

Et puis une lettre, écrite pour mon amie Mira et son jardin de mots...

 

Mon cher hasard,

vieux pote incongru à qui je confie si imprudemment mon sort,

 

Je t’écris aujourd’hui pour te remercier.

J’avoue humblement t’être redevable des paysages traversés, des rencontres, du sel de la vie. Une classe de sixième, un couloir de fac, une librairie entre deux volcans, les bancs d’une chorale, une cour d’école… Tu m’as si souvent collé aux basques, vieille fripouille !

Je pourrais te tenir rigueur de m’avoir exilée, à ma place d’autres se montreraient d’ailleurs un chouïa plus rancuniers. Mais pas moi, mon hasard, ma vieille baderne. Tu m’as si souvent adouci les chienneries de la vie que je ne peux t’en vouloir tout à fait.

Je voulais aussi te dire que tu peux te reposer un brin, faire relâche quelques temps. Ton dernier cadeau m’a explosé à la tête avant de semer un joyeux foutoir dans mon existence. Alors laisse-moi savourer cet inattendu, laisse-moi l’embrasser dans le cou. Pars un peu en vacances, brigand, canaille, vaurien, mais reviens-moi quand même, car rien ne m’effraie plus que la tranquillité. À ton retour, tu me reconnaîtras sans peine : j’aurais le sourire un peu niais des gens amoureux.

 

À bientôt donc mon imprévisible,

mon vieux hasard,

ma vieille lune !

 

Fidèlement,

Za

 

 

Publié dans mes petites bêtises

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l'éternel #1

Publié le par Za

pour David

 

Vous y croyez, vous, aux fées ? Je veux dire celles qui se penchent sur le berceau d'innocents qui ne leur ont rien fait. Le 28 août 1971 naissait Joann Sfar et je serais curieuse de connaître celles qui se sont réunies autour du couffin où il roupillait.

Je les imagine, quatre balèzes à hennin, le muscle tendu sous la tunique vaporeuse, la mâchoire carrée, l'air martial, brandissant de solides gourdins en guise de baguettes. Parce que, pour tout vous dire, il allait recevoir du costaud, le pauvret...

- Boudu qu'il est beau, ce minot ! Té, il dessinera ! Tout le monde n'aimera pas forcément, mais peuchère, il dessinera beaucoup !

- Oh fan de pieds ! Mais c'est qu'il n'a pas l'air bête ! Il réalisera des films en plus ! Et des bons !

- Mais laissez que je le regarde ! Qu'il est gracieux ! J'en suis toute estransinée ! Il aura du style, ce niston ! Mais littéraire le style, le genre à écrire des romans !

La quatrième fée était la moins costaud mais la plus maligne. Elle s'est frayé un chemin à coups de latte jusqu'au petitou.

- C'est bien beau les filles, mais sans imagination, tout ça ne sert à rien !

Sa baguette à elle, un poil moins guerrière quoique nettement plus inquiétante, était un fémur poli par les ans. Elle le leva au-dessus du gniard. Jaillirent alors des étincelles, des chats, des animaux volants, des monstres, des violons, un tourbillon d'histoires insensées, des éclats de rire, des grincements de dents, un coq et un âne pour sauter de l'un à l'autre.

Après quoi, elles ont disparu comme elles étaient arrivées, laissant derrière elles un parfum de miel et de jasmin. Le petit Joann dormait du sommeil du juste.

Plus pour très longtemps.

l'éternel  #1

Tout ça pour vous dire que je suis en train de lire L'éternel et que je ne vois pas d'autre explication au talent de ce monsieur dont ce premier roman m'a embarquée dès la première ligne, me fait rire et frissonner, m'empêche de dormir tellement je me régale.

Chronique à venir...

 

L'éternel

Joann Sfar

Albin Michel

avril 2013

 

 

 

Publié dans romans, Joann Sfar, Albin Michel

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