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john tenniel

Alice the movie, Alice the book

Publié le par Za

Alice, the movie...

Mouais...

 

Pas déçue des décors, non. Les forêts tarabiscotées de Tim Burton sont bien là et l'arbre de Sleepy Hollow nous fait de l'oeil. Les fleurs, les champignons sont tels que je les attendais: hallucinogènes, rien qu'à les regarder.Jusque là, tout va bien.

Pas déçue des costumes, des couleurs, non plus. Une explosion psychédélique, violette, orange, rouge, juste comme j'en rêvais.

Pas déçue de Johnny Depp (comment serait-ce possible ?) - parfait jusqu'à l'hommage rendu à sa merveilleuse moitié (les dents du chapelier fou, son sourire).

 

 

chapelier.jpg

 

 

La tête d'Helena Bonham-Carter est parfaitement effrayante et grotesque, Anne Hataway est une reine blanche aussi exaspérante que son pendant inverse, la reine de coeur. Le lapin blanc est tout mignon comme il faut, la chenille et le chat du Cheshire, épatants. Tim Burton est allé chercher des détails, des images, des mots (le Bandersnatch) dans les deux textes de Lewis Caroll.

 

Alors pourquoi suis-je sortie déçue, ennuyée d'être déçue, déçue de m'être ennuyée ? Deviendrais-je rabat-joie, voire snob avec l'âge, l'ai-je toujours été ? Ne répondez pas, merci.

 

Je m'attendais en fait à ce que Tim Burton entraîne Alice vers davantage de noirceur, vers ce ricanement que j'aime chez lui, depuis les impayables martiens de Mars Attacks jusqu'aux glaçantes Noces funèbres. Et dans l'univers d'Alice, il y avait de quoi faire ! Du noir, du cauchemardesque, de l'oppressant...

 

Et puis le scénario... On connaît Alice par Reine de coeur.

Ou du moins, on connaît le dessin animé de Walt Disney...

 

 

(just for my very dear friend Karen B.)

Pourquoi Tim Burton nous entraîne-t-il du côté de l'héroïc fantasy... Le combat d'Alice est inspiré du dessin de John Tenniel, qui illustra l'édition originale, si je ne me trompe:
jabberwock013.jpg
L'épée vorpaline ("He took his vorpal sword in hand...") devient une sorte d'Excalibur bien briquée et rien ne nous est plus alors épargné, jusqu'au combat dans la tour en ruines, avec montée et descente d'escalier, le classique... Et le premier quart d'heure... Je passe, tellement c'est curieux de trouver ça là.
Intriguée par l'intrigue (!), j'ai tiré de leur étagère, où ils dormaient côte à côte sous un peu de poussière (et alors?), une vieille édition d'Alice au pays des merveilles &  De l'autre côté du miroir en français, et son pendant en anglais. Oui, oui, lecteur fidèle, tu as bien lu, je me lance dans la VO, non sans appréhension, mais j'y vais !
Première difficulté pour moi, Lewis Caroll est un tritureur de la langue et moi, je ne sais pas faire la différence entre un mot anglais lewiscarollement bidouillé et un mot anglais que je ne comprends pas parce que je ne le connais pas... Exemple pour anglophone confirmé (voire natif):
"T'was brillig, and the slithy toves
Did gyre and gimble in the wabe:
All mimsy were the borogoves,
And the mome raths outgrabe."

Ah, les mome raths... Que nous retrouvons ici, d'ailleurs:
...où là, au deuxième plan ("Well, a rath is a sort of green pig: but mome I'm not certain about. I think it's short for from home - meaning that they'd lost their way, you know.")

mome-raths015.jpg
J'aime beaucoup cette illustration (toujours John Tenniel, 1865), un peu Jérôme Bosch, non ?
Vaguement perdue dans tout ça, j'ai adopté une lecture en double, jonglant d'un livre à l'autre, pas pratique quand on lit au lit (en fait, je viens d'inventer l'édition bilingue pour lecteur muni de plusieurs bras)...  Et je ne les ai plus lâchés, les deux, l'angliche et l'autre, ma béquille, ma roue de secours.
Cette lecture peut avoir l'effet d'un stage d'apnée, tant le texte est touffu, bavard (au bon sens du terme). Le rêve/cauchemar est là, sans queue ni tête, sans début ni fin, sans limites que celles du plateau d'un jeu d'échecs absurde et impitoyable ("Off with his head !"). Les gigots et les puddings parlent, les brebis tricotent au fond d'une obscure boutique où coule une rivière, les chevaliers tombent de leur cheval en déclamant des vers obscurs...
Alors, ne vous étonnez pas, les un(e)s & les autres, si un jour je vous salue d'un "You can't think how glad I am to see you again, you dear old thing !" (the Duchess to Alice), ce sera juste une reminiscence, l'envie parfois de passer de l'autre côté du miroir...J'en garde aussi la certitude qu'il faut croire au moins une fois par jour à quelque chose d'impossible, j'y travaille, j'y travaille...
"...when I was your age, [said the Queen], (...) sometimes, I've believed as many as six impossible things before breakfast."

"Dreaming as the days go by,
 Dreaming as the summers die:
 Ever drifting down the stream-
 Lingering in the golden gleam-
 Life, what is it but a dream ?"

http://idata.over-blog.com/2/99/28/34/divers/defi_classique.jpg
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