encyclopédie de cet idiot d'Albert
Par le grand Marmaduke Lovingstone, des girafes ! Oui, ce sont des girafes qui ouvrent de leur présence très digne cette encyclopédie foutraque mais tout à fait indispensable. D'ailleurs, si vous aviez le moindre doute sur l'indispensabilité de l'ouvrage, le titre complet devrait vous rassurer...
Ce genre de frontispice vous pose un livre, non ? Alors, glissons-nous dans ce puits de science en commençant par la zoologie. Chats, chiens, chevaux, vaches, oiseaux... Tel un Audubon des temps modernes, cet idiot d'Albert - c'est pas moi qui le dit - croque les oiseaux de façon digne et respectueuse. Voici venir à vous toute une basse-cour caquettante, du coq au vin - coq ovin ? - jusqu'à la poule. De luxe, évidemment.
Il n'y a pas d'osso métier, il n'y a que d'osso bucco !
C'est pas cette sentence définitive que, plus loin, Maître Albert se délecte des bizarreries de ses contemporains dans une galerie de métiers joyeusement capillotractés. Le trait perd alors de la rondeur, se fait nerveux et dresse une collection d'humains relativement inquiétants, perdus dans de minuscules spécialités indispensables et néammoins disparues.
La gastronomie, les sports, rien n'échappe à l'érudition de notre encyclopède pyrénéen. Il faut aller jusqu'à se perdre dans ses planches ultra-fouillées et, loupe en main, scruter le moindre détail receleur de jeux de mots jubilatoires, de références comme autant d'hommages aux figures tutélaires qui traversent l'oeuvre d'Albert Lemant. Mais tel Diderot et/ou d'Alembert tombé-s dans un tonnelet de rhum, maître Albert n'excelle jamais autant que dans la veine maritime.
Alors, emplissez vos poches de petits cailloux blancs, munissez-vous de votre musette à jeux de mots - et d'une flasque de rhum vieux - pour plonger sans retenue dans cette encyclopédie déroutante, à l'image du grand talent de cet idiot d'Albert, jamais vraiment là où on l'attend !
Encyclopédie de cet idiot d'Albert
Albert Lemant
L'atelier du poisson soluble
septembre 2015