Allez zou ! Le voilà en librairie, notre roman tout neuf !
Si vous n'avez jamais entendu parler un corbeau, c'est le livre qu'il vous faut !
Si vous n'avez pas peur de sentir battre votre cœur, voilà un roman pour vous !
Si vous avez le pied marin, ou si, au contraire, vous souffrez du mal de mer, A cœur ouvert vous attend !
A cette joyeuse occasion, Marie-France Zerolo, ma co-auteure, et moi, nous vous avons concocté un petit concours tout à fait fastoche, pour peu que vous soyez un brin observateur... Vous pourrez gagner un exemplaire dédicacé du livre, assorti d'un exceptionnel marque-page ! Vous avez jusqu'à dimanche 14 juin à 18h ousk'il y aura un tirage au sort parmi toutes les réponses exactes...
Prêts ? A vos neurones !
À votre avis, de quoi peut-il être question dans notre livre À cœur ouvert ?
a. de chirurgie cardiaque
b. de gens au caractère bien trempé (au sens propre) qui se rencontrent, d'un corbeau messager et d'une caravane flottante
c. d'un régalec, une sorte de poisson chelou
d. la réponse b
e. de dissection de l'aorte
f. d'un fada qui chante
g. réponse libre en moins de 6 lignes et surtout pas en visioconférence, merci.
Vous pouvez répondre en me laissant un commentaire, ici, sur Facebook ou sur Instagram.
Imaginez un exemplaire rien qu'à vous, avec une mignonne dédicace comme celle-là ou avec plus de mots d'amour, c'est selon...
Et puis l'interview ! Celle avec nos bobines ! Venue tout droit de la chaîne YouTube de notre éditeur à nous, les Editions courtes et longues !
Un roman choral.
Non, ce n'est pas un roman qui chante. Encore que. Il y a une histoire de chansons, à un moment. Marie-France Zerolo et moi avons écrit un roman choral, et en plus, à quatre mains. Comme le piano, à quatre mains. Mais il n'y a pas de piano dans le roman. Vraiment.
Ce roman s'appelle A cœur ouvert, il est publié par les Éditions Courtes et longues. En attendant son arrivée en librairie au début du mois de juin, on vous a préparé une petite interview de... nous.
- Comment vas-tu ?
EBM : En ce moment, je vais à surtout à pied. En tout cas j'essaie. Je travaille depuis quelques temps à la maison, comme beaucoup de gens. Mon périmètre s'est rétréci et se parcourt facilement à pinces. Heureusement, au bord du chemin, il y a des arbres, des oiseaux, des fleurs, des insectes, et parfois des gens aussi. Heureusement.
MFZ : Ma foi, pas trop mal. Pourvu que ça dure.
- Où vous êtes-nous rencontrées ?
EBM : Marie-France et moi, nous nous sommes rencontrées dans une librairie. Ça ne s'invente pas ! Elle s'appelle « Aux belles pages » et se trouve rue du Bon-Secours à Murat, dans le Cantal. Marie-France avait à l'époque déjà publié des albums pour la jeunesse. Quant à moi, je bloguais, sous le pseudonyme de Za, avec un Cabas.
MFZ : Je sortais de chez le coiffeur, j’avais BESOIN d’un livre (!!) Je suis allée aux Belles Pages, le libraire nous a présentées, et on s’est entendues comme larrons en foire. D’emblée. En plus je lisais le cabas de Za !!
EBM : Preuve de bon goût. Et sinon, ça se dit larronnes ?
- D'où te vient le goût de la lecture ? De l'écriture ?
EBM : Je suis enfant unique. La lecture est souvent un passage obligé des enfants uniques. Je n'ai pas dit solitaire, attention. Mais les livres sont les parfaits compagnons des longs étés à l'ennui incomparable. Je lisais tout ce qui me tombait sous la main, sans hiérarchie. J'ai l'impression d'avoir toujours lu.
Mes débuts dans l'écriture sont précisément datables : l'année de sixième. Une fois par semaine ou moins, je ne sais plus, la classe était partagée en groupes. Ma professeure de Français, Monique Vallat à Apt, grâce lui soit éternellement rendue, avait conçu le projet de faire écrire à chacun des élèves son propre roman. J'ai conservé le cahier. Il y était question d'une amitié impossible entre un jeune Gaulois et un jeune Romain. Je n'ai plus jamais arrêté depuis : journal intime, fanfictions, blog...
MFZ : Le goût de la lecture est venu comme une conquête. On ne me lisait pas d’histoires, ça se faisait pas trop. Le jour où j’ai fini mon premier « Oui-Oui » je me suis sentie libre et indépendante (et sacrément fière). Je suis en CP et je peux lire ce que je veux !!La classe.
Avant l’écriture il y a le goût de raconter des histoires : en faisant des petites mises en scène de théâtre pour un public de cousines, les déclamations de poésie en classe. L’oralité et le récit sont très présents bien avant l’écriture. J’ai voulu raconter en dessinant d’abord (une BD que j’ai jetée, il y avait un crocodile, un gorille et un serpent…). Et puis la littérature et l’écriture au Lycée, mais pas un journal intime : des débuts de roman.
- Qu'est-ce qui t'embarque dans un livre, te fait vibrer ? A quoi es-tu sensible ?
EBM :Chez moi, le diagnostic, irrévocable, se pose à la page 50. Je continue ou pas. Lorsque je n'ai pas vu passer la page 50, c'est bon signe. Lorsque je la guette, c'est que c'est mal parti. Ce qui fait que ma lecture va couler jusqu'à la fin, c'est avant tout un univers, une façon de prendre le lecteur par la main, de l'égarer. Et puis le style évidemment, l'auteur qui ne se regarde pas écrire, qui va à la simplicité – cette simplicité qui est souvent le fruit d'un implacable travail d'élagage.
MFZ : En tout premier c’est la langue. Je n’arrive pas à dire « le style ». Un style c’est déjà une fabrication, une posture. La langue c’est plus brut, primaire. C’est le souffle. Ça se fabrique pas, c’est là ou pas. Ensuite viennent l’histoire et les personnages. Et ce qui me touche particulièrement dans les histoires ce sont les détails, le petit truc qu’on n’avait pas vu et qui fait tout basculer. Dans Harry Potter par exemple, il y a le combat de Harry contre les forces du mal tout ça tout ça… ( att’ation divulgâchis …) mais ce qui fait tout basculer, pour moi, c’est quand Harry sauve Drago. Ainsi il se trouve, à son tour, épargné par la mère de Drago. Petite bascule minuscule.
- Quel est ton dernier coup de cœur en littérature ?
EBM : Sans hésitation, Le royaume de Pierre d'Angle de Pascale Quiviger (Rouergue). Trois premiers lourds (500 pages chacun) et beaux volumes sont déjà parus, le quatrième est prévu pour l'automne. Cette auteure québécoise m'épate au plus haut point. Humour, aventure, suspens, des personnages hauts en couleurs et un style limpide, direct, inventif. Un plaisir de chaque page.
MFZ : « Celui qui savait la langue des serpents » dont j’ai parlé il y a peu dans mon blog. Super spèïce !! J’ai adoré. Il me tarde de lire « le Royaume de Pierre d’Angle » !!!! Je me suis procuré la série suite au conseil de Za. Confiance absolue !
- Venons-en à ce qui nous occupe aujourd'hui : la sortie de notre roman à nous, A cœur ouvert, aux Editions Courtes et longues. Quel effet ça fait, de l'avoir entre les mains, ce livre-là ?
EBM : La joie de le voir publié, évidemment, la satisfaction immense d'être arrivées au bout... Et puis il y a aussi le waouw ! devant la couverture de Germain Barthélémy, parfaite.
MFZ : Oui je te rejoins. La joie d’être arrivée au bout d’un processus long et riche, et cette sublime couverture !! Une joie décuplée dans ce climat d’incertitudes, de frustrations liées à la pandémie de covid, qui a tout retardé, annulé, reporté…Un jour le facteur passe avec un petit paquet et baoum feu d’artifice. Mon Cœur Ouvert.
- Mais qu'est-ce qui t'as pris d'écrire ce genre d'histoire ?
EBM : D'abord je ne suis pas entièrement responsable ! Il y a eu une sorte d'émulation à distance avec Marie-France. Il fallait que chacune donne envie à l'autre de continuer l'histoire. La fantaisie s'est vite installée. Je pense qu'on avait envie de s'étonner, de s'amuser. Puis on s 'est prises au jeu. C'est aussi un peu la faute des personnages. Ils nous ont tout naturellement portés vers une sorte de folie qui leur était propre.
MFZ : D’abord je ne suis pas entièrement responsable ! Il y a eu une sorte de jubilation avec Elisabeth. C’est parti comme un jeu, je me rappelle avoir attendu avec impatience les réponses-suite de Za. Les personnages se sont incarnés avant l’histoire, il a bien fallu à un moment donné, mettre de l’ordre à ce récit, faire concorder les lieux, les temps pour que l’histoire existe.
- Quel personnage te ressemble le plus dans ce livre et pourquoi ?
EBM : Mais le corbeau ! Je l'aime mon Odilon ! (S'il m'entendait...) Amoureux des mots, observateur de la nature humaine, moqueur aussi. J'avoue.
MFZ : Je crois que c’est Boris. Je sais pas comment dire, il a un petit côté ronchon mais « il y va » quand même. Il va pester après Odilon, mais il se fait quand même du mouron pour lui. Il y a une tendresse chez lui derrière ses airs bourrus. Il a une petite fleur bleue contondante.
EBM : Une petite fleur bleue contondante...
- Est-ce qu'il existe des références pour toi derrière ce texte, des lieux, des personnes, des sources d'inspiration ?
EBM : Odilon tient son nom d'un dessin d'Odilon Redon, par exemple. Chilpéric, lui, vient tout droit d'une chanson de Ricet Barrier (la voix des Barbapapas). Les lieux sont arrivés tout seuls mais, à un moment, on s'est aperçues, avec Marie-France, qu'on parlait pratiquement du même endroit, cette espèce de no man's land dans lequel se jette le Rhône, une terre qui nous est chère.
MFZ : Ah tiens ? je savais pas pour les Barbapapas, enfin pour Chilpéric. On a raison de s’interviewer. Oui on a longé le Rhône et on a fini en Camargue en connexion mentale pure ! Il y a plein de petites allusions à Pagnol, notamment la trilogie Marius-Fanny-César. On est fans ! Pour moi Boris, c’est en référence à Boris Cyrulnik, que j’aime, d’où le nom avec des « k » et « y » aussi.
- Qu'as-tu appris de ton métier d'auteure lors de l'écriture de ce livre?
EBM : L'échange de texte avec ma co-auteure, au début spontané, s'est peu à peu mué en véritable processus d'écriture. La réécriture a été un chemin plus long, plus difficile, et beaucoup plus formateur. Notre éditeur, Jean Poderos, nous a accompagnées à chaque étape, patiemment, précisément. Le roman a changé de forme, des articulations ont apparu. Il est arrivé un moment où nos écritures se sont mêlées, au point de ne plus savoir parfois qui avait écrit quoi.
MFZ : Ah oui, sans Jean Poderos, nous n’aurions pas finalisé ce livre. Il a su avoir une vision pour cette histoire. Sans intervenir sur le propos, il a su nous faire faire les changements qui ont donné du mouvement et dirai-je, l’envol nécessaire (huhu !) Un gros gros boulot ! Merci !
Dans les échanges avec Elisabeth c’était sympa et inattendu au début de continuer le personnage commencé par l’autre. C’était pas tracé à la règle. Jubilatoire.
De mon métier d’auteure j’ai appris la table de travail, la relecture.
De mon écriture j’ai repéré les petits défauts, les « mais » et les « alors » tous pourris parsemés partout, mes petites scories personnelles, mes répétitions, mes répétitions, mes répétitions, mes répétitions (huhu derechef). Je les vois mieux aujourd’hui.
Mon écriture s’est musclé les biceps.
- C'est quand qu'on s'y remet ?
EBM : T'as un truc prévu, ce week-end ?
MFZ : Oui je couds des masques. Hahaha. En vrai j’ai besoin d’un petit temps de « rien » et puis zou ! On part taquiner les muses !
- Il parlera de quoi notre prochain roman ?
EBM : On dirait qu'il y aurait des bestioles, un peu bizarres, forcément. Qu'est-ce que tu en penses ?
MFZ : Absolument ! Ce serait une amitié impossible entre un Gaulois et un Romain. Avec un gorille, un crocodile et un serpent. Rooo j’ai plein d’idées !
EBM : Faut qu'on discute. T'es sûre, pour le serpent ?
MFZ : Pour le coup, je ne suis sûre que du serpent (brrr..) Oui faut qu’on discute.
Marie-France Zerolo est l'auteure, entre autres, de Fadoli, du Héron et l'escargot et de Gipsy, illustrés par Mathilde Magnan, trois albums des éditions Courtes et longues.
Pour ma part, dois-je te le rappeler, lecteur adoré et attentif, j'ai à mon actif un roman paru en novembre dernier et toujours en vente dans les bonnes librairies indépendantes, Le couscous de Noël, chez Magnard Jeunesse.
T'es à Montreuil cette année ?
Ouais, évidemment !
C'est vrai qu'on s'en voudrait de louper ce léger rendez-vous qu'ont honoré cette année pas moins de 180 000 visiteurs. 180 000... Ça ferait une belle manif, non ? J'imagine bien les slogans...
! des livres pour tous !
! laissez-nous lire !
! travailler moins pour lire plus !
! littérature générale !
Ouais, ce serait chouette.
L'affiche était cette année un dessin de Loren Capelli tirée de l'album "Cap !", paru aux Éditions Courtes et Longues (2019).
Cette année, ce salon avait un petit goût bien agréable, puisque, pour la première fois, sur un présentoir du stand Magnard Jeunesse, il y avait...
Mon ch'tiot roman à moi, Le couscous de Noël (au cas où vous auriez raté l'article précédent)
Le tote bag de l'année !
Pas la peine de raconter la journée (éreintante), dans le bruit et la chaleur. Encore que. Mon nouveau petit statut d'auteure m'aura valu cette année l'incommensurable privilège de pouvoir... laisser mon manteau sous une table de stand. C'est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup : liberté de mouvement, du genre bouger les bras, gain de quelques degrés. Un petit rien qui suffit pour parcourir les allées d'un pas allègre.
Au début, on se dit toujours qu'on va feuilleter trouze mille alboumes, faire des découvertes de trésors préciosissimes que personne d'autre n'aura vu, vu que j'ai un oeil de lynx. Et puis le soir, estramassés dans le métro-train du retour, on se repasse le film des sourires et des poutous, et on pense finalement moins aux livres qu'aux gens, et c'est bien.
Alors, cette année, et ils se reconnaitront s'ils me lisent ici, j'ai eu le bonheur de croiser, retrouver ou rencontrer Bertrand, Marie-France, Jean, Germain, Gabriel, Sandra, Mélanie, Lucie, Paul, Hélène, Geneviève...
Et une fois rentrés, on vide les sacs...
Côté fiston 1er...
Magus Of The Library - Mitsu Izumi (Ki-oon) L'héritage des rois passeurs - Manon Fargetton (Bragelonne) - avec dédicace ! SuperS - Frédéric Maupomé/Dawid (Les éditions de la gouttière) - avec dédicace aussi ! La roue du temps - Robert Jordan (Bragelonne) L'homme rune - Peter V Brett (Bragelonne) - offert pour l'achat des deux premiers !
J'ai retrouvé avec plaisir les héros de SuperS pour ce dernier opus avant de nouvelles aventures. Un cinquième tome très malin, sans manichéisme. Intelligent, quoi.
Quant à moi...
Gâteau aux pommes - Dawn Casey/Geneviève Godbout (La Pastèque) - dédicacé ! Sans foi ni loi - Marion Brunet (PKJ) - Pépite d'Or du SLPJ Si l'on me tend l'oreille - Hélène Vignal (Le Rouergue) - dédicacé aussi ! Les jardins statuaires - Jacques Abeille (Le tripode) Bienvenue à Oswald - Célia Garino (Éditions Courtes et Longues) - décicacé encore ! La tempête des échos - Christelle Dabos (Gallimard) - quatrième et dernier tome de la Passe-miroir, pas dédicacé puisque son auteure n'a pu se rendre au salon, au grand désespoir de ses fans, mais sûr qu'il y aurait eu une file plus longue que pour Shannon Messenger ! J'dis ça...
Voilà, Montreuil se termine. Nous voilà prêt.e.s pour une nouvelle année de lectures, d'écriture, de découvertes !
Il y avait longtemps qu'on n'avait pas vu quelque chose gigoter par ici. Le blog procrastine, s'ankylose, roupille, hiberne depuis presqu'un an.
Et voilà qu'aujourd'hui il se réveille, toujours pour parler de littérature jeunesse mais pas à sa manière habituelle. De ce livre, je ne ferai pas la critique. Et pour cause.
Il sort ce mercredi - c'est à dire presque tout de suite - et sera disponible dans toutes les bonnes librairies indépendantes.
Et oui, c'est mon nom tout en haut et je n'en suis pas peu fière...
Le magnifique dessin de couverture et les illustrations de début de chapitre sont signés Youlie et je ne pouvais pas imaginer plus bel habillage. Elle a donné des visages à mes personnages et je ne les imagine plus autrement désormais.
Jules vit tranquillement à Marseille avec sa mère qui l'élève seule. Pas si seule d'ailleurs car il y a un grand-père dans cette histoire. Et pas n'importe lequel. L quiétude du quotidien va être bouleversée par une révélation, un mystère que le petit Jules va vouloir percer, maladroitement parfois. Marseille est évidemment le théâtre du roman. Un passage obligé pour moi - je ne pouvais pas imaginer mes personnages évoluer ailleurs.
Hommage aux grands-pères, déclaration d'amour à Marseille, métissage, histoire de famille ancrées dans l'autre histoire, celle qui emporte les gens bien amlgré eux.
Je ne terminerais pas cette bafouille sans un grand merci à Mélanie Edwards et Angéline Ciréderf des éditions Magnard Jeunesse qui ont cru en ce texte !
Tu te sens pas vide, toi ?
Si, un peu. Ça fait toujours ça après Montreuil, non ? Ouais...
Montreuil, c'est du bruit. Le vrombissement permanent d'un truc qui s'apprêterait à décoller sans jamais le faire, une ruche bruissante de gens de tous âges.
Montreuil, c'est la chaleur d'un plein été où on porterait des pulls parce qu'on est en décembre.
Alors, Montreuil, au bout d'un moment, ça exténue. Voire ça énerve. Mais pas tant que ça finalement. Parce qu'il faut l'avouer, allez, on adore ça !
On aime que ce soit blindé de monde, de familles, d'enfants dans tous les coins qui trépignent devant un livre. Qui n'a jamais fait de caprice parce qu'il voulait un livre me jette le premier Journal de Gurty !
On aime sentir bouillonner les imaginations et bourdonner les mots, gratter les crayons et glisser les feutres. Pendant quelques heures, on infuse, comme le dit Fiston. On jubile. On s'enthousiasme, parce qu'on est comme ça : on aime admirer
Et puis cette idée que tout le monde est réuni là pour la même idée d'offrir de bons et beaux livres à tous - et pas qu'aux enfants, et dans des formes très diverses - joyeux euphémisme. Alors, on s'agace parfois au détour d'une allée. Mais c'est quoi c'te merdouille ?!! Pour tomber en arrêt trois mètres plus loin. Mais c'est quoi c'te merveille ?!!
Les montreuillophiles que nous sommes ne sont pas dupes, on est informés et vigilants, on connait la situation des auteurs et illustrateurs, on connait la mauvaise foi crasse qui accompagne la présence sur le salon d'un espace sponsorisé par un cador de la malbouffe, on sait que tout n'est pas rose au SLPJ.
Pourtant, une fois encore, alors que la liste de ce qu'on a loupé s'allonge dans le métro/train du retour, le bilan de cette année est encore teinté de trop peu, et l'envie de se faire deux jours l'an prochain se précise...
Le butin de Fiston Le journal d'un ingénu (Emile Bravo/Dupuis)
Le projet Starpoint - Le réveil des Adjinns (Marie-Lorna Vaconsin/La belle colère), Gardiens des cités perdues t. 7- Réminiscences (Shannon Messenger/Lumen)
Le monde des Ferals - L'essaim mortel (Jakob Grey/PKJ)
Le butin de Za Zette et Zotte à l'uzine (Elsa Valentin & Fabienne Cinquin, L'atelier du poisson soluble)
C'est ainsi que nous habitons le monde (Alain Serres & Nathalie Novi,
Rue du Monde)
XOX et OXO (Gille Bachelet, Seuil Jeunesse)
Les amours d'un fantôme en temps de guerre (Nicolas de Crécy, Albin Michel)
Le seul et unique Ivan (Katherine Applegate, Seuil)
La Volte (Yann Fastier, Talents Hauts) et deux images de la Maison est en carton !
Vous aimez les romans d'amour ?
Moi, d'habitude, non.
Trop de sucre et de guimauve répandus.
Mais là, on parle vraiment d'amour. D'amour inconditionnel.
Par un cruel hasard de circonstance, voici notre chère Gurty privée de son Gaspard. Momentanément, heureusement, mais quand même. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, son amie Fleur est elle aussi séparée de Pépé Narbier. Momentanément, heureusement, mais quand même. Et comme jamais deux sans trois, voilà que ce sont les Caboufigues qui vont prendre soin d'elles. Momentanément, heureusement, mais quand même.
Si tous ces noms ne vous disent rien, c'est que vous n'avez jamais lu le Journal de Gurty et je ne peux que vous plaindre. Mais je continue pour les autres - puisque ceux qui n'ont jamais lu le Journal de Gurty viennent de mettre leur manteau pour se ruer chez leur libraire indépendant afin de réparer cette bévue en achetant les cinq tomes d'un coup.
Une semaine chez les Caboufigues, c'est une semaine à partager la maison du meilleur ennemi des deux petites chiennes : un chat.
En fait, son vrai nom, c'est Jean-Jacques, mais moi je l'appelle Tête de Fesses car je trouve qu'il a une tête qui ressemble à des fesses.
Une semaine de "vacances" à subir l'atroce caractère de cette vilaine bestiole, sans parler des enfants Caboufigues, parfaitement raccords avec leur animal de compagnie.
La belle nature de Gurty et le sens de l'humour de Bertrand Santini font de ce cauchemar une aventure qu'on suit la truffe à l'air et les oreilles aux aguets, la rigolade en embuscade. Comme toujours serais-je tentée d'ajouter. Mais pas tout à fait.
Tout d'abord parce que Tête de Fesse, sous ses dehors de monstre domestique, a du style. Il tient lui aussi un journal, dont nous pouvons lire quelques extraits.
Depuis que ces crasseuses ont colonisé mon empire, je vis avec la nausée pour seule compagne.
Tout mon être intérieur est dérangé et j'en tiens pour preuve que, hier soir, à l'heure vespérale où le monde s'abandonne aux bras du crépuscule languissant, moi, j'ai eu la diarrhée.
Le choix juste du mot, le balancement de la phrase... Pour un chat, ce n'est quand même pas mal. Le journal de Tête de Fesses nous montre un personnage complexe, un peu nuance n'ayant jamais fait de mal à personne.
Et l'amour, alors ? Où est-il, me demanderiez-vous, si je vous en laissais placer une.
Toute à l'instant présent, Gurty souffre de l'absence de son humain.
Ici et là planait encore l'odeur de mon Gaspard.
En reniflant sa pantoufle, je me suis mise à pleurer. Vivre sans lui, c'est comme vivre à moitié. Mon humain est tellement tout pour moi !
Pour lui aussi, je suis plein de personnes à la fois. Souvent, je suis son bébé comme quand par exemple il me cuisine un plat ou bien ramasse mon caca dans la rue. Mais parfois, quand il est triste, je vais me blottir contre lui pour lécher ses larmes; et dans ces moments-là, c'est moi sa maman.
D'autres fois, on s'assoit sur les quais de la Seine pour regarder passer la vie. Devant le spectacle des pigeons et des gens, on partage un fromage de chèvre comme les meilleurs amis du monde.
L'ennui quand on aime quelqu'un qui est tout pour soi, c'est que lorsqu'on le perd, c'est toute une famille qui disparait d'un coup.
Alors, c'est pas la quintessence de l'amour, ça ?
L'élégance de Bertrand Santini, c'est de ne pas s’appesantir sur les instants de tristesse, d'en sortir par une pirouette, un éclat de rire. Et pour rigoler, on peut compter sur un de mes personnages préférés, dont le défaut d'élocution fait ma joie : Ftéphanie la hériffonne. Ou l'horripilant écureuil qui ne fait plus hi hi mais hallelujah - dans un chapitre que je qualifierais de monumental, tant ses répercutions philosophiques sont grandes. Sans rire.
Un cinquième opus parfaitement dans le ton des précédents, donc, sans aucune baisse de régime ni de perte d'inspiration ! Vivement la fuite, elle fera fans doute fenfafionnelle !
Le journal de Gurty - Vacances chez Tête de Fesses
Bertrand Santini
Sarbacane - collection Pépix, novembre 2018
Prolongeons l'été, donc, à contre-courant de l'impitoyable rentrée littéraire, un peu comme un genre de slow book...
J'ai commencé les vacances avec Gustave Eiffel et les âmes de fer, de l'inégalable, l'impayable, la très talentueuse Flore Vesco. Après Louis Pasteur, c'est à Gustave Eiffel de s'y coller, avec Alfred Nobel en second rôle.
La S.S.S.S.S.S. recrute. La Société Super Secrète des Savants en Sciences Surnaturelles, toujours à l'affut de créatures surnaturelles, s'intéresse cette fois à un phénix. Et quoi de plus discret pour ce genre de bestiole que de s'installer dans une usine de métallurgie... Gustave Eiffel, fraichement recruté, va infiltrer la manufacture, pour y découvrir d'autres créatures, plus dangereuses encore... Steampunk, action, fantastique et rigolade sont les ingrédients principaux de ce roman, saupoudré de jeux de calembours métallurgiques totalement assumés.
- Bienvenue ! Vous n'êtes pas déguisé ?
Gustave, n'ayant pas eu de temps à consacrer à la confection d'un déguisement, portait une classique tenue de soirée noire. Mais il avait tout prévu.
- Je suis l'ami noir, dit-il avec un clin d’œil.
Isamberte éclata de rire. Le jeune homme se sentit soulevé de dix bons centimètres au-dessus du sol. La jeune fille était bien la première à rire de bon cœur à ses calembours.
Sans jamais sacrifier aux rebondissements de l'action menée tambour battant, Flore Vesco prête encore ici une attention particulière à la langue. Calembours, donc, mais aussi argot des ouvriers, termes techniques confinant à la poésie...
L’oreille était assaillie par mille bruits discordants : partout on clouait, vissait, rivait, écrouissait, sciait, escapoulait, calorisait, rabotait, corroyait, étampait, décottait, corrodait, mazéait, grenaillait, ébrondait, dolait, dulcifiait, emboutissait, laminait, crampait, ébarbait, burinait, pilonnait, cinglait, brasait et brocardait. Ce vacarme déferlait avec une telle force qu'il poignait le crâne et empêchait de penser.
J'ai un faible pour le personnage de Galvanier, dont Fiston m'apprend à l'instant qu'il est inspiré de Luigi Galvani - ma culture scientifique étant assez proche du néant, heureusement qu'il est là... L'agent fou avec un crochet à la place de la main finit sa vie égaré dans un immeuble insalubre du quai des Orfèvres où Gustave Eiffel trouve un logement temporaire. Flore Vesco prête au vieil homme une langue parallèle mais totalement compréhensible. Le tour de force est assez génial, on se régale !
Gustave tenta de recentrer la conversation. Il était curieux de savoir comment Galvanier avait perdu la main et la tête.
- Je traversais sur l'électricité, expliqua finalement le vieil homme. Je m'intercédais particulièrement à l'électricité amirale.
- L'électricité amirale ? demanda Gustave.
- Oui ! De nombreux amiraux vénèrent de l'électricité, comme l'aiguille, par exemple. Je soulais comprendre comment le fluide électrique agit sur les âtres rivants. Je minais des expériences sur les bredouilles. J'avais découvert que leurs Suisses se contactaient si on reniait les serfs et le muscle avec deux manteaux différents.
Moi qui ne suis pas très séries et suites, je dois avouer que ce roman, dans la droite ligne de Louis Pasteur contre les loups-garous, me fait espérer une suite...
Flore Vesco Gustave Eiffel et les âmes de fer Didier Jeunesse, mai 2018
Et donc, l'été. Parce que l'été, on lit. Comme au printemps, en hiver et en automne. Mais davantage, parce que quand il fait 41 degré, entre deux bains, on ne peut que lire. Et même s'il faisait moins chaud, on lirait tout de même, comme activité de base. Bref, la pile est lue? il est temps de faire un petit bilan et, ce faisant, d'alimenter un peu ce Cabas à l'agonie. Commençons par le roman qui n'est pas présent à l'image.
Un grand coup de cœur pour ce roman choral et italien dont le personnage principal est un immeuble à plusieurs têtes, à plusieurs voix, à plusieurs vies. La famille de Massimo et de sa soeur Margo', les voisins Bellini, Fiamma et Sara, un monde sur quelques étages qui se côtoie, se rencontre. Il y a aussi Celeste et Rudy, les meilleurs amis de Massimo, Vito, son ennemi intime. Des parents, des ados, des malentendus, des choses à se dire... Les voix s'entremêlent, partagent les évènement en successions plus ou moins rapides. Une quinzaine de personnages qui raconte la même histoire, sans jamais nous égarer, et c'est le tour de force de Lorenza Ghinelli. On s'attache à tous, à la simplicité du quotidien, aux moments qui bouleversent une vie, aux plats qu'on partage, qu'on refuse, au chat, au chien. Le dispositif permet de passer au-delà des apparences, d'entendre quasi-simultanément le point de vue de chacun, de pratiquer une empathie à géométrie variable, mouvante, au plus près de l'humanité de chacun. Ce roman est un bijou d'humour et d'intelligence. A lire toutes affaires cessantes !
Heureusement que le chien, lui, est un type bien (Almeno il cane è un tipo a posto) Lorenza Ghinelli traduit de l'italien par Anaïs Bouteille-Bokobza éditions Thierry Magnier, 2018
Ce matin, pas question de perdre une minute de printemps !
Mon Gaspard ronflerait sans doute jusqu'à midi; mais moi, à midi, j'avais bien l'intention d'être déjà toute sale, avec un tas de dégâts à raconter.
Viens, lecteur, que je te parle un peu de moi, mais pas longtemps. Je n'ai jamais vécu en compagnie d'un chien - ni d'un chat, dieu me garde ! Donc, je n'y connaissais strictement rien. L'animal domestique m'était une terre inconnue, un sujet obscur et fort éloigné. Jusqu'à ce que je rencontre Gurty et découvre sa vie trépidante. Quelle plume, ce chien ! Un texte au style vivant et alerte qui se lit tout seul, le plus souvent en pouffant, voire en rigolant carrément. Parce qu'au quatrième tome, on pouvait s'inquiéter un brin. Peut-on tenir le rythme, renouveler les facéties, conserver l'esprit à la fois naïf et frais qui caractérise la série depuis le début ? La réponse est simple, lecteur chéri qui est déjà en route vers la librairie indépendante préférée, et c'est : MAIS BIEN SÛR, VOYONS !
Parce que la nature et les vacances ont ceci de commun qu'elles se renouvellent sans cesse et offrent chaque jour de nouveaux bonheurs. Dans ce nouvel opus, lecteur que j'aime et qui fait la queue à la caisse pour s'acquitter des modiques 9.90€ que lui coûteront ce livre, on retrouve Fleur (obligé), Tête de Fesses (incontournable), l'écureuil qui fait hihi (pfff) et les humains épatants que sont Gaspard et Pépé Narbier. Les Caboufigues sont aussi de la partie - mention spéciale à leurs charmants enfants, Donovan et Cassidy. Car oui, on peut s'appeler Donovan Caboufigues. Pour de bon. On finit par avoir l'impression de retrouver, nous aussi, de vieux amis, un univers maintenant familier. Et ne me dis pas, lecteur qui sort maintenant de la librairie avec son petit sac en papier à la main, que tu ne jubiles pas d'avance, que tu ne presses pas un peu le pas pour rentrer vite et commencer ta lecture ! Mais cet univers familier est fragile et, entre deux rigolades, cette fois-ci, Gurty et ses amis devront défendre un arbre particulièrement hospitalier.
C'est nul, les hérissons. Ils sont comme la moutarde : il faut jamais les manger, sinon ça pique.
Et les petits nouveaux alors ? Sans vouloir spoiler divulgâcher, je dévoilerais juste un coup de cœur absolu pour Ftéphanie la hérissonne ! Elle est abfolument fenfafionnelle ! Le genre de personnage, pardon, de perfonnage que l'on retrouvera bientôt, c'est sûr ! Parce que, lecteur de mon cœur qui a terminé sa lecture le temps que j'écrive cet article - oui, je suis lente- tu as déjà remarqué le rabat de quatrième de couverture mentionnant l'existence future d'un cinquième tome intitulé Vacances chez Tête de Fesses ! Pour revenir à mon préambule, je me disais que ces Journaux de Gurty ne sont pas qu'une enfilade de rigolades, même si je m'amuse bien chaque fois, et si je constate qu'on s'amuse autour de moi, de 8 à 70 ans. Cette Provence que j'aime tant et que je partage avec Bertrand Santini (on a, par exemple, fréquenté les mêmes cinémas, ce qui n'est pas rien), avec ses platanes et ses cyprès, sert de toile de fond à une belle idée. Moi qui étais nulle en bestioles, je le répète, à force de les fréquenter, ces deux-là, Gaspard et Gurty, de papier ou de chair et de poils, l'idée de la bestiole a fait son chemin. Et si les enfants sortent de cette lecture avec l'idée que c'est quand même mieux d'être gentil avec les animaux et les arbres, notre Gurty pourra être sacrément fière.
Le journal de Gurty Printemps de chien Bertrand Santini Sarbacane, collection Pépix avril 2018
- Voyons, voyons mon Cabas chéri... Depuis combien de temps n'avons-nous pas ici évoqué un roman de Bertrand Santini ? [Oui, je voussoie mon cabas. Cela met de la distance tout en exprimant le respect que je lui porte.] - Deux mois, quasiment jour pour jour. - Et en voici déjà un autre ! Quelle année ! Que diriez-vous de celui-ci, Cabas joli ? [Je l'avoue : le Cabas lit les livres avant moi.] - Euh... - Vous hésitez ? - Il faut avouer que celui-ci est pour le moins inattendu. - Mais encore... - Eh bien, tout commence comme dans Mary Poppins. C'est une référence assumée, mais pour mieux la dynamiter. Miss Pook lui ressemble furieusement, si ce n'est que l'action se situe à Paris en 1907. Elle prend ses fonctions de gouvernante dans une maison bourgeoise du quartier du Marais. Et c'est là que l'histoire dérape. Car Miss Pook est une sorcière, une Mary Poppins punk. Elle enlève Élise, la fille dont elle a la charge et l'emmène sur la Lune où les attendent d'autres pensionnaires pour le moins inhabituels. - La Lune ? En 1907 ? Vous divaguez, Cabas ! - Je viens de dire qu'elle était sorcière. Si vous m'écoutiez de temps en temps... Elles gagnent ensemble la Lune sur le dos d'un dragon chinois, un de ces cerf-volants de papier. C'est ce que l'on voit sur la couverture du livre. L'image est signée de Laurent Gapaillard qui, une fois de plus, ne s'est pas moqué du monde, si vous voyez ce que je veux dire. - Je vois, Cabas adoré, je vois très bien ce que vous voulez dire. Et une fois sur la Lune ? - Une fois sur la Lune, c'est du Bertrand Santini tout craché ! Vampires, faune, créatures, et d'autres sorcières encore, roulant les R comme chez Roald Dahl [Z'avez-vu ? Le Cabas a des références.] On tombe de Charybde en Scylla lunaires, c'est Élise au Pays des Horreurs ! - Ça va aller, les références, Cabas ? Point trop n'en faut, siouplé. - Point trop n'en faune. - [Accablement] - La relation entre les parents et leur progéniture est au centre de ce roman, le prénom des sorcières ne trompant personne. Mais je m'en voudrais de trop en dire. Sachez seulement qu'on retrouve ici ce qui vous plait tant dans les romans de Bertrand Santini : ce style à la fois limpide et précis, un humour ici en demi-teinte et quelques clins d’œil qui sauteront aux vôtres. Vous apprécierez en passant - page 8 - la présence d'un de ces zeugmas qui fait votre joie. Il faut enfin que je vous dise que Fiston a dévoré ce roman en un temps record et a bien remarqué la mention "Fin de l'épisode 1". Il est au comble de l'impatience, tout comme moi ! Je ne saurais donc trop vous conseiller cette formidable histoire ! - Merci Cabas. - De rien, ma vieille !
Miss Pook et les enfants de la Lune Bertrand Santini illustration de couverture : Laurent Gapaillard Grasset Jeunesse, novembre 2017