mes petites betises
sortie, concours & interviou !
Allez zou ! Le voilà en librairie, notre roman tout neuf !
Si vous n'avez jamais entendu parler un corbeau, c'est le livre qu'il vous faut !
Si vous n'avez pas peur de sentir battre votre cœur, voilà un roman pour vous !
Si vous avez le pied marin, ou si, au contraire, vous souffrez du mal de mer, A cœur ouvert vous attend !
A cette joyeuse occasion, Marie-France Zerolo, ma co-auteure, et moi, nous vous avons concocté un petit concours tout à fait fastoche, pour peu que vous soyez un brin observateur... Vous pourrez gagner un exemplaire dédicacé du livre, assorti d'un exceptionnel marque-page ! Vous avez jusqu'à dimanche 14 juin à 18h ousk'il y aura un tirage au sort parmi toutes les réponses exactes...
Prêts ? A vos neurones !
À votre avis, de quoi peut-il être question dans notre livre À cœur ouvert ?
a. de chirurgie cardiaque
b. de gens au caractère bien trempé (au sens propre) qui se rencontrent, d'un corbeau messager et d'une caravane flottante
c. d'un régalec, une sorte de poisson chelou
d. la réponse b
e. de dissection de l'aorte
f. d'un fada qui chante
g. réponse libre en moins de 6 lignes et surtout pas en visioconférence, merci.
Vous pouvez répondre en me laissant un commentaire, ici, sur Facebook ou sur Instagram.
Imaginez un exemplaire rien qu'à vous, avec une mignonne dédicace comme celle-là ou avec plus de mots d'amour, c'est selon...
Et puis l'interview ! Celle avec nos bobines ! Venue tout droit de la chaîne YouTube de notre éditeur à nous, les Editions courtes et longues !
à coeur ouvert, notre roman
Un roman choral.
Non, ce n'est pas un roman qui chante. Encore que. Il y a une histoire de chansons, à un moment. Marie-France Zerolo et moi avons écrit un roman choral, et en plus, à quatre mains. Comme le piano, à quatre mains. Mais il n'y a pas de piano dans le roman. Vraiment.
Ce roman s'appelle A cœur ouvert, il est publié par les Éditions Courtes et longues.
En attendant son arrivée en librairie au début du mois de juin, on vous a préparé une petite interview de... nous.
- Comment vas-tu ?
EBM : En ce moment, je vais à surtout à pied. En tout cas j'essaie. Je travaille depuis quelques temps à la maison, comme beaucoup de gens. Mon périmètre s'est rétréci et se parcourt facilement à pinces. Heureusement, au bord du chemin, il y a des arbres, des oiseaux, des fleurs, des insectes, et parfois des gens aussi. Heureusement.
MFZ : Ma foi, pas trop mal. Pourvu que ça dure.
- Où vous êtes-nous rencontrées ?
EBM : Marie-France et moi, nous nous sommes rencontrées dans une librairie. Ça ne s'invente pas ! Elle s'appelle « Aux belles pages » et se trouve rue du Bon-Secours à Murat, dans le Cantal. Marie-France avait à l'époque déjà publié des albums pour la jeunesse. Quant à moi, je bloguais, sous le pseudonyme de Za, avec un Cabas.
MFZ : Je sortais de chez le coiffeur, j’avais BESOIN d’un livre (!!) Je suis allée aux Belles Pages, le libraire nous a présentées, et on s’est entendues comme larrons en foire. D’emblée. En plus je lisais le cabas de Za !!
EBM : Preuve de bon goût. Et sinon, ça se dit larronnes ?
- D'où te vient le goût de la lecture ? De l'écriture ?
EBM : Je suis enfant unique. La lecture est souvent un passage obligé des enfants uniques. Je n'ai pas dit solitaire, attention. Mais les livres sont les parfaits compagnons des longs étés à l'ennui incomparable. Je lisais tout ce qui me tombait sous la main, sans hiérarchie. J'ai l'impression d'avoir toujours lu.
Mes débuts dans l'écriture sont précisément datables : l'année de sixième. Une fois par semaine ou moins, je ne sais plus, la classe était partagée en groupes. Ma professeure de Français, Monique Vallat à Apt, grâce lui soit éternellement rendue, avait conçu le projet de faire écrire à chacun des élèves son propre roman. J'ai conservé le cahier. Il y était question d'une amitié impossible entre un jeune Gaulois et un jeune Romain. Je n'ai plus jamais arrêté depuis : journal intime, fanfictions, blog...
MFZ : Le goût de la lecture est venu comme une conquête. On ne me lisait pas d’histoires, ça se faisait pas trop. Le jour où j’ai fini mon premier « Oui-Oui » je me suis sentie libre et indépendante (et sacrément fière). Je suis en CP et je peux lire ce que je veux !!La classe.
Avant l’écriture il y a le goût de raconter des histoires : en faisant des petites mises en scène de théâtre pour un public de cousines, les déclamations de poésie en classe. L’oralité et le récit sont très présents bien avant l’écriture. J’ai voulu raconter en dessinant d’abord (une BD que j’ai jetée, il y avait un crocodile, un gorille et un serpent…). Et puis la littérature et l’écriture au Lycée, mais pas un journal intime : des débuts de roman.
- Qu'est-ce qui t'embarque dans un livre, te fait vibrer ? A quoi es-tu sensible ?
EBM :Chez moi, le diagnostic, irrévocable, se pose à la page 50. Je continue ou pas. Lorsque je n'ai pas vu passer la page 50, c'est bon signe. Lorsque je la guette, c'est que c'est mal parti. Ce qui fait que ma lecture va couler jusqu'à la fin, c'est avant tout un univers, une façon de prendre le lecteur par la main, de l'égarer. Et puis le style évidemment, l'auteur qui ne se regarde pas écrire, qui va à la simplicité – cette simplicité qui est souvent le fruit d'un implacable travail d'élagage.
MFZ : En tout premier c’est la langue. Je n’arrive pas à dire « le style ». Un style c’est déjà une fabrication, une posture. La langue c’est plus brut, primaire. C’est le souffle. Ça se fabrique pas, c’est là ou pas. Ensuite viennent l’histoire et les personnages. Et ce qui me touche particulièrement dans les histoires ce sont les détails, le petit truc qu’on n’avait pas vu et qui fait tout basculer. Dans Harry Potter par exemple, il y a le combat de Harry contre les forces du mal tout ça tout ça… ( att’ation divulgâchis …) mais ce qui fait tout basculer, pour moi, c’est quand Harry sauve Drago. Ainsi il se trouve, à son tour, épargné par la mère de Drago. Petite bascule minuscule.
- Quel est ton dernier coup de cœur en littérature ?
EBM : Sans hésitation, Le royaume de Pierre d'Angle de Pascale Quiviger (Rouergue). Trois premiers lourds (500 pages chacun) et beaux volumes sont déjà parus, le quatrième est prévu pour l'automne. Cette auteure québécoise m'épate au plus haut point. Humour, aventure, suspens, des personnages hauts en couleurs et un style limpide, direct, inventif. Un plaisir de chaque page.
MFZ : « Celui qui savait la langue des serpents » dont j’ai parlé il y a peu dans mon blog. Super spèïce !! J’ai adoré. Il me tarde de lire « le Royaume de Pierre d’Angle » !!!! Je me suis procuré la série suite au conseil de Za. Confiance absolue !
- Venons-en à ce qui nous occupe aujourd'hui : la sortie de notre roman à nous, A cœur ouvert, aux Editions Courtes et longues. Quel effet ça fait, de l'avoir entre les mains, ce livre-là ?
EBM : La joie de le voir publié, évidemment, la satisfaction immense d'être arrivées au bout... Et puis il y a aussi le waouw ! devant la couverture de Germain Barthélémy, parfaite.
MFZ : Oui je te rejoins. La joie d’être arrivée au bout d’un processus long et riche, et cette sublime couverture !! Une joie décuplée dans ce climat d’incertitudes, de frustrations liées à la pandémie de covid, qui a tout retardé, annulé, reporté…Un jour le facteur passe avec un petit paquet et baoum feu d’artifice. Mon Cœur Ouvert.
- Mais qu'est-ce qui t'as pris d'écrire ce genre d'histoire ?
EBM : D'abord je ne suis pas entièrement responsable ! Il y a eu une sorte d'émulation à distance avec Marie-France. Il fallait que chacune donne envie à l'autre de continuer l'histoire. La fantaisie s'est vite installée. Je pense qu'on avait envie de s'étonner, de s'amuser. Puis on s 'est prises au jeu. C'est aussi un peu la faute des personnages. Ils nous ont tout naturellement portés vers une sorte de folie qui leur était propre.
MFZ : D’abord je ne suis pas entièrement responsable ! Il y a eu une sorte de jubilation avec Elisabeth. C’est parti comme un jeu, je me rappelle avoir attendu avec impatience les réponses-suite de Za. Les personnages se sont incarnés avant l’histoire, il a bien fallu à un moment donné, mettre de l’ordre à ce récit, faire concorder les lieux, les temps pour que l’histoire existe.
- Quel personnage te ressemble le plus dans ce livre et pourquoi ?
EBM : Mais le corbeau ! Je l'aime mon Odilon ! (S'il m'entendait...) Amoureux des mots, observateur de la nature humaine, moqueur aussi. J'avoue.
MFZ : Je crois que c’est Boris. Je sais pas comment dire, il a un petit côté ronchon mais « il y va » quand même. Il va pester après Odilon, mais il se fait quand même du mouron pour lui. Il y a une tendresse chez lui derrière ses airs bourrus. Il a une petite fleur bleue contondante.
EBM : Une petite fleur bleue contondante...
- Est-ce qu'il existe des références pour toi derrière ce texte, des lieux, des personnes, des sources d'inspiration ?
EBM : Odilon tient son nom d'un dessin d'Odilon Redon, par exemple. Chilpéric, lui, vient tout droit d'une chanson de Ricet Barrier (la voix des Barbapapas). Les lieux sont arrivés tout seuls mais, à un moment, on s'est aperçues, avec Marie-France, qu'on parlait pratiquement du même endroit, cette espèce de no man's land dans lequel se jette le Rhône, une terre qui nous est chère.
MFZ : Ah tiens ? je savais pas pour les Barbapapas, enfin pour Chilpéric. On a raison de s’interviewer. Oui on a longé le Rhône et on a fini en Camargue en connexion mentale pure ! Il y a plein de petites allusions à Pagnol, notamment la trilogie Marius-Fanny-César. On est fans ! Pour moi Boris, c’est en référence à Boris Cyrulnik, que j’aime, d’où le nom avec des « k » et « y » aussi.
- Qu'as-tu appris de ton métier d'auteure lors de l'écriture de ce livre?
EBM : L'échange de texte avec ma co-auteure, au début spontané, s'est peu à peu mué en véritable processus d'écriture. La réécriture a été un chemin plus long, plus difficile, et beaucoup plus formateur. Notre éditeur, Jean Poderos, nous a accompagnées à chaque étape, patiemment, précisément. Le roman a changé de forme, des articulations ont apparu. Il est arrivé un moment où nos écritures se sont mêlées, au point de ne plus savoir parfois qui avait écrit quoi.
MFZ : Ah oui, sans Jean Poderos, nous n’aurions pas finalisé ce livre. Il a su avoir une vision pour cette histoire. Sans intervenir sur le propos, il a su nous faire faire les changements qui ont donné du mouvement et dirai-je, l’envol nécessaire (huhu !) Un gros gros boulot ! Merci !
Dans les échanges avec Elisabeth c’était sympa et inattendu au début de continuer le personnage commencé par l’autre. C’était pas tracé à la règle. Jubilatoire.
De mon métier d’auteure j’ai appris la table de travail, la relecture.
De mon écriture j’ai repéré les petits défauts, les « mais » et les « alors » tous pourris parsemés partout, mes petites scories personnelles, mes répétitions, mes répétitions, mes répétitions, mes répétitions (huhu derechef). Je les vois mieux aujourd’hui.
Mon écriture s’est musclé les biceps.
- C'est quand qu'on s'y remet ?
EBM : T'as un truc prévu, ce week-end ?
MFZ : Oui je couds des masques. Hahaha. En vrai j’ai besoin d’un petit temps de « rien » et puis zou ! On part taquiner les muses !
- Il parlera de quoi notre prochain roman ?
EBM : On dirait qu'il y aurait des bestioles, un peu bizarres, forcément. Qu'est-ce que tu en penses ?
MFZ : Absolument ! Ce serait une amitié impossible entre un Gaulois et un Romain. Avec un gorille, un crocodile et un serpent. Rooo j’ai plein d’idées !
EBM : Faut qu'on discute. T'es sûre, pour le serpent ?
MFZ : Pour le coup, je ne suis sûre que du serpent (brrr..) Oui faut qu’on discute.
Marie-France Zerolo est l'auteure, entre autres, de Fadoli, du Héron et l'escargot et de Gipsy, illustrés par Mathilde Magnan, trois albums des éditions Courtes et longues.
Pour ma part, dois-je te le rappeler, lecteur adoré et attentif, j'ai à mon actif un roman paru en novembre dernier et toujours en vente dans les bonnes librairies indépendantes, Le couscous de Noël, chez Magnard Jeunesse.
des nouvelles !
Il y avait longtemps qu'on n'avait pas vu quelque chose gigoter par ici. Le blog procrastine, s'ankylose, roupille, hiberne depuis presqu'un an.
Et voilà qu'aujourd'hui il se réveille, toujours pour parler de littérature jeunesse mais pas à sa manière habituelle. De ce livre, je ne ferai pas la critique. Et pour cause.
Il sort ce mercredi - c'est à dire presque tout de suite - et sera disponible dans toutes les bonnes librairies indépendantes.
Et oui, c'est mon nom tout en haut et je n'en suis pas peu fière...
Le magnifique dessin de couverture et les illustrations de début de chapitre sont signés Youlie et je ne pouvais pas imaginer plus bel habillage. Elle a donné des visages à mes personnages et je ne les imagine plus autrement désormais.
Jules vit tranquillement à Marseille avec sa mère qui l'élève seule. Pas si seule d'ailleurs car il y a un grand-père dans cette histoire. Et pas n'importe lequel. L quiétude du quotidien va être bouleversée par une révélation, un mystère que le petit Jules va vouloir percer, maladroitement parfois. Marseille est évidemment le théâtre du roman. Un passage obligé pour moi - je ne pouvais pas imaginer mes personnages évoluer ailleurs.
Hommage aux grands-pères, déclaration d'amour à Marseille, métissage, histoire de famille ancrées dans l'autre histoire, celle qui emporte les gens bien amlgré eux.
Je ne terminerais pas cette bafouille sans un grand merci à Mélanie Edwards et Angéline Ciréderf des éditions Magnard Jeunesse qui ont cru en ce texte !
au cerf de lune
Une photo étrange à la une de l'atelier d'écriture de Leiloona, une photo, quelques mots...
- Des cornes ?
- Des bois.
- Si tu veux.
- J’ai mal au cou, c’est lourd, j’arrive pas à garder la tête droite.
- C’est juste l’affaire d’une demi-heure. Tu sors à la limite du sous-bois, ça devrait suffire.
- Pourquoi moi ?
- Parce que tu me dois suffisamment d’argent pour te taire.
- J’y comprends rien à ton truc.
- Il n’y a rien à comprendre. Les temps sont durs et la concurrence fait rage. Les charlatans pullulent, les crédules aussi. Mes amulettes ne suffisent plus. Aujourd’hui, tout le monde fabrique des poudres, des potions. Il faut que je leur prouve que je suis le plus puissant des sorciers. On m’a défié. Les métamorphoses, c’est le dernier chic en matière de sorcellerie. Je vais leur offrir un homme-cerf. Après ça, ils me foutront la paix, sois en sûr.
- Et si on me reconnait ?
- Aucun risque. Avec tous les poils de sanglier que je t’ai collé sur la figure, ta propre mère ne te reconnaitrait pas. Mets ces gants. Ne reste pas devant la fenêtre !
- Il y a du monde dehors, de la lumière !
- Prends ce manteau. N’aie pas peur. Je vais passer devant. Je ne laisserai personne t’approcher. Attention à la porte ! Baisse la tête !
- Ils approchent…
- Tais-toi.
- Ils sont nombreux…
- Tais-toi.
mes petites bêtises #5
Il y a bien longtemps que je n'avais fait un détour par l'atelier d'écriture de Leiloona...
Une photo, quelques mots...
Et voilà !
J'y suis arrivé !
Je l'ai enfin traversé. La première fois, c'était un mur tout simple, un peu de bois, de la boue, de la paille. Rien qui blesse et juste un minimum de concentration. Mais le mur du pierre, c'est pas la même histoire... Des mois que j'essaie. Des bosses, des coups, des égratignures, le métier qui rentre.
En réalité, le secret, c'est l'élan. Trop d'élan et, dans la précipitation, vos vêtements peuvent rester de l'autre côté. Pas dangereux en soi, mais terriblement gênant. Pas assez d'élan et c'est l'entre-deux. Ni d'un côté, ni de l'autre, coincé entre deux mondes. Certains n'en sont pas revenus, condamnés à vie au ciment, à la lentre transformation.
Alors, ce mur, je l'ai choisi avec soin. Des fissures où se glisser, de la pierre tendre. Le bâton, je l'ai pris au dernier moment, une inspiration de dernière minute, le besoin de s'accrocher à quelque chose de tangible.
Et voilà, j'y suis !
De l'autre côté, mon maître m'attend. Mon apprentissage va enfin pouvoir commencer.
"passe-muraille niveau 1"
Ce n'est que le début.
mes petites bêtises # 4
photo Romaric Cazaux
« Mais où es-tu ? J’ai beau chercher entre les gravillons de l’allée, je ne te trouve pas. Tu es pourtant là tous les matins, parmi les gouttes de rosée. Tu joues dans les traces de pas, tu files dans le sillage des roues des vélos. La première fois, j’ai cru à une hallucination. Il faut dire que j’avais un peu bu et que ce banc tombait bien. Mais une fois dissipées les vapeurs de l’alcool, tu étais toujours là, ta peau grise confondue avec les pierres du chemin. S’il n’y avait eu ton regard brillant, je serais passé à côté de ta présence. Mais ce matin, tu n’es pas là. Il n’y a que la poussière, l’air sec et la fraicheur de l’aube. Rapplique ! J’ai des choses à te dire ! Tu as souvent été de bon conseil et j’ai besoin de toi. Elle m’a souri, ça y est ! Je sortais de chez moi. Elle s’est arrêtée devant ma porte un court instant et elle m’a souri. Je n’ai su que dire. Il faut que tu m’aides. Si seulement tu étais là…
… Ah, te voilà ! Tu en fais une tête ! Ton aile est abîmée, qu’est-ce qui t’es arrivé ? Un chat t’a pris pour une souris ? C’est la couleur, je te l’avais dit. Ce gris, ça prête à confusion. Essaie le brun. L’automne arrive, on te prendra pour une feuille ou un morceau d’écorce.
Mais viens plus près que je te raconte. Il y a du nouveau… »
atelier "une photo quelques mots"
chez Leiloona
mes petites bêtises # 3
Cet été, j'adopte l'atelier d'écriture de Leiloona !
La sensation de froid, c’est un des effets secondaires, j’étais prévenu, on ne peut pas tout avoir. J’ai beau me couvrir, ça ne passe pas. Alors je marche pour faire circuler… je ne sais trop quoi. Pas du sang en tout cas. Mon sang est désormais figé. Non, je bouge pour être sûr que je peux encore le faire. Je regarde devant moi pour ne pas trébucher. Il est midi et je n’ai pas faim. Ça aussi, c’est un des effets secondaires.
Ma nouvelle vie est un peu austère, je l’avoue. Si on peut encore appeler ça une vie d’ailleurs. Je ne mange plus, je ne dors plus. Mais je suis là et c’est toujours mieux que rien, mieux que le rien que j’entrevoyais au bout de ma chambre d’hôpital. Il était hors de question que je quitte ce monde. Pas maintenant. Pas déjà. Pas tant qu’elle est là.
Alors en attendant, cet entre-deux me convient. Ni vivant, ni mort. Je marche vers elle. Elle m’attend. Je n’aurai plus froid.
mes petites bêtises # 2
Voici ma première participation à l'atelier d'écriture de Leiloona. En passant, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de son excellent blog Bric à Book ! Le principe de l'atelier est simple : une photo, quelques mots. Mon premier texte a été inspiré par cette photo de Romaric Cazaux.
photo Romaric Cazaux
Elle avait dit : « Je pourrais tuer quiconque essaierait de nous séparer. Je n’ai jamais fait de mal à personne, mais un mot, un geste, un doute, et je pourrais étrangler le conspirateur, lui faire avaler ses paroles, bien profond. Je pourrais le jeter du haut de la falaise, là où les calanques plongent, où on ne revient pas du vertige. »
Il avait passé un bras autour d’elle, sans rien dire.
« Regardez ailleurs et laissez-moi le regarder. »
Elle avait alors plongé dans l’eau glacée de ses yeux, sans vergogne, en dégustant chaque goutte. Elle s’était collée à lui, chacun formant le rempart de l’autre. Le genre de tableau qui irrite les culs serrés, qui affole les culs bénis. Elle avait le chic pour savoir ce qui choque. Mais elle ne faisait pas semblant.
« Que m’importent les ans et le regard des autres,
Que m‘importent les ans, la raison et vous autres,
Que m’importent les ans et ce qui nous sépare,
Que m’importent les ans, le diable vous emporte,
Peu m’importent les ans et la mort, vaste blague. »
Et puis encore une photo du même photographe, une cour vide.
Vide mais habitée.
Tout le monde est parti.
Il n’y a plus personne.
Le linge est resté tel quel, il est sec depuis longtemps. Lorsqu'on a appris la nouvelle, il était trop tard pour faire les valises, pour prendre le temps d’emporter quoi que ce soit. Il fallait fuir. Au plus vite. Alors, on a tout laissé. Les fenêtres sont restées ouvertes, on a abandonné les chaises. Hier encore, on discutait à la fraîche, on riait comme si ça ne pouvait pas être possible. On n’y croyait pas. Pourtant on en avait vu passer, fantômes silencieux entraperçus parfois à la tombée du jour.
Mais le nuage a fini par arriver, poussé par des vents scélérats qui n’épargnaient personne, ni les bêtes, ni les gens. Les premiers signes étaient discrets. Des oublis, des étourderies qui souvent passaient inaperçus, puis la mémoire qui finissait par s’effilocher, partir en lambeaux. Personne n’en mourait, c’était inutile. Les victimes du nuage se vidaient de leur substance. Ne demeuraient alors que deux bras prêts au travail sans jamais rechigner, deux jambes aptes à marcher jusqu’à l’épuisement.
Alors on est partis.
Je n’ai pas eu le temps de terminer de couvrir le toit de ma maison. Je n’ai pas eu le temps de m’y installer. Je n’ai pas eu le temps d’épouser ma promise. Je le ferai plus tard.
Parce qu’on reviendra, un jour.
Parce que tout a une fin.
Le meilleur et le pire.
mes petites bêtises # 1
Pas d'alboume aujourd'hui, pas de roman, rien qui ne soit écrit par une autre mimine que la mienne ! Il m'arrive de semer çà et là quelques petites bêtises et il est possible que vous en ayez loupé quelques-unes, malheureux ! Alors voilà, tant pis pour vous, aujourd'hui, c'est rattrapage !
Tout d'abord un textounet que j'avais écrit pour un concours de mes chers Cuistots de la Soupe de l'Espace. Un objet, un morceau de moi, une plaque de rue...
C’est une plaque de rue, une ancienne, en tôle émaillée que j’ai récupérée par le plus grand des hasards. Celle qui était apposée sur le vieil immeuble où j’habitais quand j’étais petite. Au numéro 4.
Au moment d’écrire ces mots, ce sont des odeurs qui me viennent. Quatre étages d’un interminable escalier en colimaçon, on a le temps d’en sentir des cuisines pendant l’ascension ! Au premier c’est une sauce au vin qui mijote, au second des tomates mêlées aux oignons et à l’ail, au troisième du poisson est en train de frire et l’escalier devient vraiment raide. Au quatrième, c’est le pot-au-feu de ma grand-mère qui m’attend. J’y suis retournée, il y a un an. La porte est murée, tous les volets sont clos, des plantes ont poussé là-haut, au bord de la terrasse où je faisais du tricycle. Et les odeurs ne sont plus que dans ma tête.
Et puis une lettre, écrite pour mon amie Mira et son jardin de mots...
Mon cher hasard,
vieux pote incongru à qui je confie si imprudemment mon sort,
Je t’écris aujourd’hui pour te remercier.
J’avoue humblement t’être redevable des paysages traversés, des rencontres, du sel de la vie. Une classe de sixième, un couloir de fac, une librairie entre deux volcans, les bancs d’une chorale, une cour d’école… Tu m’as si souvent collé aux basques, vieille fripouille !
Je pourrais te tenir rigueur de m’avoir exilée, à ma place d’autres se montreraient d’ailleurs un chouïa plus rancuniers. Mais pas moi, mon hasard, ma vieille baderne. Tu m’as si souvent adouci les chienneries de la vie que je ne peux t’en vouloir tout à fait.
Je voulais aussi te dire que tu peux te reposer un brin, faire relâche quelques temps. Ton dernier cadeau m’a explosé à la tête avant de semer un joyeux foutoir dans mon existence. Alors laisse-moi savourer cet inattendu, laisse-moi l’embrasser dans le cou. Pars un peu en vacances, brigand, canaille, vaurien, mais reviens-moi quand même, car rien ne m’effraie plus que la tranquillité. À ton retour, tu me reconnaîtras sans peine : j’aurais le sourire un peu niais des gens amoureux.
À bientôt donc mon imprévisible,
mon vieux hasard,
ma vieille lune !
Fidèlement,
Za