la bataille des légumes
C'est la guerre !
La guerre des légumes longs contre les légumes ronds !
Les concombres ne rêvent que d'en découdre avec les pommes de terre. Les radis rouges les plus féroces font face aux poireaux. La vie des haricots verts ne tient qu'à un fil... Qui saura mettre un terme à ce conflit aux obscures origines qui endeuille les potagers?
Philippe Bertrand nous livre un récit sans concession sur les moeurs légumières. Aucun camp n'en sortira grandi. Le vrai caractère des poireaux vous sera révélé et vous regarderez désormais votre flammiche d'un autre oeil. Ceux qui méprisent les rutabagas verront leur opinion sans doute confortée. Quant à la tomate, veule et molle...
Les longs défilaient dans un ordre impeccable. On en comptait une bonne cinquantaine, équipés comme à la parade. Leurs petites pattes soulevaient la poussière en frappant le sol d'un rythme martial. Les Carottes, rutilantes, ouvraient la marche, suivies des Poireaux casqués et d'Asperges affûtées au regard vengeur. Toutes bannières au vent, des Haricots, des Céleris et des Salsifis fermaient la marche, les yeux fixés sur l'horizon.
- À la limite, ils me ficheraient la trouille, ces herbacés, grogna le notaire en les regardant s'éloigner.
Maxime, le fils de l'épicière, un lapin tout ce qu'il y a de courageux et de réfléchi, refuse d'assister au carnage sans réagir. Il avait aménagé un hôpital de campagne dans l'épicerie. Une petite Courgette pacifiste vint lui prêter main forte. Ça ne courait pas les rues, les courgettes pacifistes.
La solution pourrait-elle venir des champignons ?
Ce court roman vraiment passionnant et plein d'humour est habilement complété par un formidable "petit lexique de botanique militaire, rédigé par le Groupe de Recherches interdisciplinaires sur les Troubles légumiers". Indispensable.
Une mention spéciale pour les illustrations de Philippe Bertrand, à la fois délicates et sans concessions. Une vraie réussite.
Je compléterai ce billet potager par quelques photos du suédois Carl Kleiner,exposées jusqu'au 7 septembre à la Grande Épicerie de Paris. La première photo est pour Christine, elle comprendra.