la méthode Legourdin
Satisfaction immense de voir quelques petites personnes de neuf ans lancées dans une espèce de défi Roald Dahl, à celui qui en aura lu le plus, à la grande joie du porte-monnaie de leurs parents (qui suivent, bravo !). Ils m'ont carrément dépassée et ont promis, non sans fierté, de me prêter Moi, boy et Escadrille 80 que je n'ai pas encore lus C'est pour des moments comme ceux-là que je ne me lasse pas de mon métier !
Cependant, aurais-déjà besoin de me défouler, à peine un mois après la rentrée ? Je me suis lancée dans la lecture d'extraits de Matilda en classe, qui ont effrayé, fait rire, en deux mots, beaucoup plu !
"Sur quoi [Mlle Legourdin, la directrice] se courba brusquement sur Amanda, empoigna ses deux nattes de la main droite, la souleva de terre et se mit à la faire tournoyer au-dessus de sa tête de plus en plus vite, tout en criant :
- Je t'en ficherai, moi, des nattes, sale petit rat, tandis que la petite fille s'époumonait de terreur.
- Souvenir des Olympiades, murmura Hortense. Elle accélère le mouvement, tout comme avec le marteau. Je vous parie 10 contre 1 qu'elle va la lancer.
Mlle Legourdin, cambrée en arrière et pivotant habilement sur la pointe des pieds, se mit à tourner sur elle-même tandis qu'Amanda tournoyait si vite qu'elle devenait invisible. Soudain, avec un puissant grognement, l'ex-championne du marteau lâcha les nattes et Amanda fila comme une fusée par-dessus le mur de la cour de récréation, s'élevant vers le ciel.
- Beau lancer ! cria quelqu'un de l'autre côté de la cour.
Et Matilda, pétrifiée devant cette exhibition démente, vit Amanda Blatt qui redescendait, décrivant une gracieuse parabole, au-delà du terrain de sport.
Le projectile vivant atterrit dans l'herbe, rebondit deux ou trois fois et s'immobilisa. Puis, à la stupeur générale, Amanda se mit sur son séant. Elle semblait un peu hébétée et personne n'aurait songé à le lui reprocher mais, au bout d'une minute environ, elle se remit sur pied et revint en trottinant vers l'école."
Autre extrait purement jubilatoire...
"Pour moi, l'école parfaite [...] est celle où il n'y a pas d'enfants du tout. Un de ces jours, j'en ouvrirai une de ce genre. Je crois que ce sera une grande réussite."
Et là, je me dis qu'on a été très injuste avec Mlle Legourdin...