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fanny britt

Les affreux chandails de Lester

Publié le par Za

C'est du vécu, forcément.

Les affreux chandails de Lester

Les vilains tricots, les pulls qui grattent, les trop courts, trop serrés, ceux qui ont pile la mauvaise couleur, qui  ne ressemblent à rien de connu et plongent leur propriétaire dans un embarras abyssal... Lester est de ces malheureux. Et maudit soit le crocodile qui a dévoré la maison de Cousine Clara, obligeant la serial tricoteuse à se réfugier chez lui.

Les affreux chandails de Lester

Malgré ses louables efforts pour détruire, cacher ces horreurs, Lester est confronté aux moqueries. Quand on voit l'allure des chandails, on pouffe aussi, l'air de rien. Et on pourrait être tenté de se ranger du côté des railleurs.
D'emblée, Lester se présente comme une petite personne particulière, rédacteur de listes alphabétiques de choses suspectes, adepte des chaussettes millimétriquement égales, bref, le genre à ne pas bousculer. L'irruption de Cousine Clara dans son quotidien est, de fait, une sorte de cataclysme. D'office différent, Lester ne l'est que davantage une fois affublé des pulls dont l'originalité défie les lois du bon goût. Cette différence, poussée à l'extrême, fait le noeud de l'album. Lester finit par ressembler à un extraterrestre.

Les affreux chandails de Lester

C'est un évènement somme toute banal, une fête d'aniversaire, qui va permettre à Lester de sortir de ce cauchemar. Mais pour cela, il va devoir bouleverser ses croyances et aller lui-même au-delà de ce qu'il pense être la différence.

Les affreux chandails de Lester

K. G. Campbell rend palpables la bêtise et la méchanceté de certains, la réjouissante étrangeté des autres. Chaque caractère, chaque trogne est soignée, avec tendresse mais sans pitié pour autant. Il allie humour et noirceur et l'on est tenté d'évoquer l'ombre tutélaire d'Edward Gorey.
Les affreux chandails de Lester est un album profond et drôle comme on en lit rarement.

K. G. Campbell
Les affreux chandails de Lester
(Lester's Dreadful Sweaters, 2012)
traduction de Fanny Britt
Editions de la Pastèque, 2014

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Jane, le renard & moi

Publié le par Za

Moultement primé, couronné, encensé (voir ici la onzaine de prix) le voici enfin dans le Cabas, c't'album !

Jane, le renard & moi

Hélène.

Dans les couloirs de l'école.

Elle n'a plus d'amies. Ses amies sont devenues ses pires ennemies, ses bourreaux. Des bourreaux de mots, de railleries, d'insultes écrites sur les murs.

Mais il y a Jane. Jane Eyre qu'elle lit dans le bus. Se cacher entre les pages, lire et ne plus entendre les moqueries, ça marche ! Mais arrive le voyage scolaire, le cauchemar, l'immersion avec les affreux, sans parler de l'achat préalable du maillot de bain.

Mais le voyage sera très surprenant.

Dans le maillot monaco, je suis une saucisse ballerine.

Dans le maillot noir, je suis une saucisse en deuil.

Je suis une saucisse.

Jane Eyre a beau être orpheline, laide, battue, seule et abandonnée, elle n'a pas, n'a jamais été, ne sera jamais une grosse saucisse.

Jane, le renard & moi

Quand vous ouvrirez Jane, le renard & moi, c'est d'abord l'usage de la couleur qui vous sautera aux yeux. La vie d'Hélène, en noir et gris. Le crayon, le fusain si présents marquent des ombres franches, pointent la solitude, tracent le quotidien de l'adolescente. Isabelle Arsenault change aussi radicalement de style dès qu'il est question de Jane Eyre, du roman en cours de lecture. La place est aux couleurs, les rouges, le bleu, le vert, l'aquarelle lumineuse. Et c'est alors plus douloureux de replonger dans la vraie vie. Alors Hélène replonge dans Jane Eyre et un paysage aux verts somptueux apparait. C'est magistral et magique.
 

Jane, le renard & moi

Et le renard, dans tout ça ?

Sachez seulement que c'est encore une affaire de couleur. De couleur et de rencontre. Ce renard est simplement extraordinaire.

Jane, le renard & moi

Fanny Britt pose un regard d'une grande tendresse sur le personnage d'Hélène, l'emmène vers le moment où elle cesse d'être victime, où même le personnage de Jane Eyre cesse d'être un refuge. Et la couleur fuse, s'insinue, discrète d'abord, puis triomphante. Impossible de séparer le texte, l'histoire de l'image. La manière dont le dessin d'Isabelle Arsenault accompagne les sentiments, la tristesse, l'espoir d'Hélène est infiniment touchant et la rend si vraie, si universelle, qu'il est impossible de ne pas retrouver un bout de notre adolescence en elle.

 

Jane, le renard & moi

Fanny Britt & Isabelle Arsenault

La Pastèque, 2012

 

10 best illustrated Children's books (2013)

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