au monde
pour Paolo,
pour Théodore,
Le jeu des ressemblances au-dessus du berceau est un grand classique. Que n'avons-nous tous entendu ! Encore que, aux abords du couffin de Petitou, je n'ai jamais eu droit à "il ressemble à sa mère !" Non, la bestiole ne me ressemble en rien. Il est châtain clair, grand échalas tout en longueur, droitier, les yeux gris-bleu-vert. En cherchant bien, le nez, peut-être, ou vaguement une oreille. Ah si ! Il est bavard.
Où en étais-je ? Ah oui... De ce moment inévitable, Rascal fait un album précieux, qu'on feuillette en souriant. Une galerie de portraits de famille où chacun s'approprie ce petit bout qui roupille tranquillou, loin de l'agitation des abeilles bourdonnantes. Tous les bébés se ressemblent. Non, il y en a des moches. Tous les enfants finissent par nous ressembler. La preuve : l'amour débordant de Petitou pour le vélo... À moins que ce ne soit nous qui finissions par leur ressembler à force de les vouloir nôtres.
Où en étais-je ? Ah oui... Ce bel album cartonné est fait pour être manipulé par les plus dévastateurs d'entre les minuscules. Chaque double page offre le portrait d'un membre de la famille, au sens large. La moustache de Papy côtoie le profil du demi-frère, certains arborent des contours volontairement flous, d'autres un crayonné précis, agrandi au plus près. D'autres encore vous ont des airs d'estampes précieuses et fragiles bizarrement accrochées à ce carton épais.
Et pendant ce temps-là, l'autre pionce, peinard, comme s'il savait que cette agitation ne sert à rien et finira bien par s'éteindre.
au monde
Rascal
Pastel, l'École des Loisirs,
2012
Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.
Victor Hugo (Les feuilles d'automne)