le dimanche, je donne mon avis...

Publié le par Za

... d'autant plus que personne ne me le demande. 

Je suppose que tout le monde a vu passer ici ou là quelques pages de On a chopé la puberté (éditions Milan). Je vous les épargne ici, mais pour ceux qui rentreraient d'un trekking sur Pluton, sachez seulement qu'il y est question de la puberté chez les filles, envisagée du point de vue de la séduction, sur le thème chouette-j'ai-des-seins ou tu-vas-pouvoir-emprunter-les-stilettos-de-maman-veinarde. Ces pages m'ont choquée, atterrée, énervée, attristée. Ceci dit, je n'ai pas eu le livre en main - contrairement à Lucie Kosmala - et je m'énerve sur quatre ou cinq pages choisies - et pas choisies par moi, qui plus est.

Alors, nous en sommes toujours là. Comme si les auteurs-éditeurs de ce livre n'avaient rien vu passer ces trois derniers mois (une rando sur Proxima du Centaure sans doute), comme si en 2018, on pouvait encore expliquer à des gamines de 10 ou 12 ans que la transformation de leur corps est une super aubaine pour affoler les garçons. A l'occasion, on peut aussi se demander quels garçons on vise, quelle image de la femme on leur propose et que font les filles qui auraient plutôt envie de plaire à d'autres filles, mais je m'égare.

L'éditeur précise que tout cela est bien entendu de l'humour. Qui l'a cru ? Quelle mauvaise foi crasse. Mais on te dit que c'est pour rire ! Ah pardon, je n'avais pas compris. L'intervention de Blanche Gardin, vendredi soir, au cours de la cérémonie des Césars, est un parfait exemple de second degré, d'humour noir et grinçant qui ne saurait être censuré sous prétexte qu'il ne fait pas rire tout le monde. Je vous propose cet extrait - si jamais vous reveniez d'un séjour all inclusive à bord de la Station Spatiale Internationale...

De l'humour donc. Mais de l'humour pour adulte. Et j'avoue qu'en lisant les passages incriminés de On a chopé la puberté - déjà le titre... - le second degré ne m'a pas sauté aux yeux et je n'ai pas esquissé l'ombre d'un sourire. Mais je ne suis pas la cible visée, mais je n'ai pas d'humour, mais je suis pénible à m'inquiéter de l'éducation qu'on offre aux enfants, mais je suis aigrie à force de préférer leur offrir des livres de qualité, à force de penser que cette préoccupation est sérieuse.

Alors, que fait-on de ce livre ? Parce que, sous le coup de la colère et du découragement, je n'ai pas appuyé d'un index rageur sur le rectangle orange de la pétition réclamant le retrait de la vente de cet ouvrage. Quelque chose m'a retenue. Tout d'abord une méfiance toute personnelle à l'égard des pétitions en ligne, vite cliquées, vite oubliées. Mais aussi le fait sans doute que je tiens dans la même détestation le sexiste et la censure, ou, en restant positive, que je tiens dans le même amour l'égalité et la liberté, le débat et l'éducation.

Alors oui, ce livre est sans doute issu de la même paresse, du même marketing pur que tous les autres livres dégueulant de rose et de bleu contre lesquels on se bat chaque jour. Oui, ce livre est une publication d'arrière-garde, néfaste pour qui le recevrait au premier degré. Oui, le contenu de ces pages me débecte.

Mais le pilon, le pilori, l'autodafé, le trollage ne sont pas nos méthodes. N'ayons pas la mémoire trop courte, et n'employons pas les méthodes de ceux qui ont pourri la vie de Thierry Lenain, de Marc Daniau et Claire Franeck...

le dimanche, je donne mon avis...

Et si on refuse l'éructation et l'anathème, que nous pouvons-nous faire ?
Débattre.
Discuter.
Argumenter.
Hausser le ton.
Écouter.
Répondre.
Essayer de montrer l'exemple.
Mais c'est du boulot.
Et j'oubliais, offrir aux filles et aux garçons, ce genre de livres :

le dimanche, je donne mon avis...
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M
J'aime: n'ayons pas les mêmes méthode. C'est aussi ça. Bravo<br /> Bel article
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