Charles amoureux d'une princesse
Cher Charles,
Te revoilà enfin, vieux lâcheur !
Tu le sais, nous autres, ici, on t'attendait. Ce n'est pas parce que Petitou est devenu tellement grand que ce surnom a été abandonné, ce n'est pas parce que le bonhomme a onze ans qu'il t'a oublié. Et c'est en trépignant de joie que le grand dadais m'a quasiment arraché cet album des mains il y a quelques jours - en plus, il court beaucoup plus vite que moi maintenant.
Chère bestiole...
Te voilà aujourd'hui errant dans un paysage pour le moins désolé. Faut dire qu'une dragonne XXL ravage la contrée. L'album s'ouvre sur une scène hautement cinématographique, grand angle, fureur, bataille. En un mot, ça chauffe.
La rencontre est savoureuse. L'une est balèze, l'autre pas. L'un lit, l'autre pas. Mais qu'importe les différences.
Votre corps, Cornélia, est celui d'une athlète
Le mien ressemble hélas à une cacahuète...
Dans ce monde sans joie
où manque la tendresse,
Reste-t-il un endroit
pour soulager ses fesses ?
- C'est un peu spécial, grimace Cornélia. Et si tu te taisais un peu pour voir ? On entendrait le silence. C'est beau aussi, le silence... Chuuut !
De l'action, de l'humour, du grand spectacle aussi. Des pages, où ça s'agite en tout sens, où ça bataille ferme, au point de ne plus lire le texte tellement c'est palpitant. Et puis toujours de grandes images somputueuses, des doubles pages monstrueuses de précision, de virtuosité où l'on pourrait entendre rouler les pierres du château, où l'on pourrait sentir tomber la pluie.
Si je ne devais garder qu'une page, ce serait d'ailleurs celle de l'averse, ce moment de stupeur qui frappe les héros. Qui pourrait imaginer tout ce qu'il y a de travail, de respect du lecteur derrière cette image ?
Voilà, mon cher Charles, tout ça pour te dire que chacune de tes visites nous enchante. Pas la peine que je te dise qu'elles sont trop rares, tu le sais. Alors, à très vite, du côté de ce fameux horizon plein de promesses...
Poutous,
ta vieille Za
Charles amoureux d'une princesse
Alex Cousseau & Philippe-Henri Turin
Seuil Jeunesse, octobre 2015