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rascal

la promesse de l'ogre

Publié le par Za

la promesse de l'ogre

La promesse de l'ogre...
Posé sur cette couverture magnifique, le titre est parfait, qui rappelle La promesse de l'aube de Romain Gary. Les pieds ballants, le fils de l'ogre regarde droit devant lui, au-delà de l'horizon.Tout est dit dans cete image, l'enfant guette, perdu dans l'ombre d'un arbre automnal, immobile devant un ciel bleu sans tache.

la promesse de l'ogre

Tous deux se passionnaient pour la botanique et les oiseaux. L'été était leur saison préférée. Ils préféraient la mer à la montagne, la douche au bain,. Les parfums du muguet et des violettes étaient de ceux qui les ravissaient.
Après le chant des oiseaux, Jean-Sébastien Bach était leur compositeur préféré.
Sans crainte de se tromper, l'on pouvait dire que le père et le fils s'aimaient.

Mais l'ogre est un ogre et le fils goûte peu la chair humaine. Alors le père promet. Plus jamais il ne mangera d'enfant, celui-ci était le dernier. Mais...

la promesse de l'ogre

L'amour entre ces deux-là est magnifique à voir. Il est fait de rigolades, de baignades dans la rivière, du chant des oiseaux, du miel et des fleurs de tilleul, du partage de la beauté de la nature. Un bonheur simple et doux, mis à mal par la violence du père, son irrépressible besoin de dévorer parfois un enfant. Le texte de Rascal est cru, sans faux semblant. Le père promet mais replonge. Il est décevant, provoque la révolte. Mais peut-on s'empêcher de l'aimer tant il est attentif et doux dans son rôle de père. Le fils, lui, va faire un choix.
Les images de Régis Lejonc, d'une extraordinaire densité, rendent poignante la solitude du fils, les nuits d'interrogation, l'espoir déçu et la grande tendresse. Jamais l'illustrateur n'occulte la sauvagerie de l'ogre. Il utilise les couleurs en virtuose : les bleus de la pénombre, les ors et l'ocre de l'automne.

la promesse de l'ogre
la promesse de l'ogre

La promesse de l'ogre est un album d'une grande franchise, balançant entre la frayeur et l'humanité des protagonistes.

La promesse de l'ogre
Rascal & Régis Lejonc
Pastel, mars 2015


Vous pouvez réécouter la chronique que Denis Cheyssoux a consacré à cet album dans l'indispensable émission L'as-tu lu mon p'tit loup ? sur la non moins indispensable France Inter, radio du service public, vous savez, de celles où l'on n'entend pas de pub...

Publié dans albums, Rascal, Régis Lejonc, Pastel

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ogre vole

Publié le par Za

L'ogre, c'est comme le loup. Incontournable. Quasi obligatoire. Encore que. Il doit y avoir moins d'ogres que de loups en ce monde de livres. La figure du loup, bien que menaçante, n'est pas dérangeante comme l'ogre. Le loup est aujourd'hui lointain, l'ogre l'est moins. Et même si le croque-mitaine est passé de mode, le personnage fait toujours frémir.

Des ogres, on en a croisé quelques-uns dans le Cabas, certains dans l'indispensable encyclopédie de Sylvie Chausse - illustrée par les non moins indispensables Durual et Turin, d'autres - et non des moindres - dans le conte délicat d'Albert Lemant...

 

ogre vole

Tout commence par un matin de neige et un ogre possiblement sympathique, bien que mal vu dans la région. Un matin de neige donc, de ceux qui vous donnent l'envie de crapahuter en forêt (enfin vous peut-être, moi toujours pas).

ogre vole

La nature vous fait parfois de drôles de cadeaux. En l'occurence, une belle paire d'ailes, prêtes à l'emploi, enthousiasmantes de nouveauté. Ogre vole !

ogre vole

Le texte de Rascal est d'une élégante sobriété, renvoyant cet ogre à celui des contes par une langue classique, sans effets.

Ogre battait à présent des deux ailes et volait comme un oiseau au-dessus de la campagne. Il pouvait aperceoir sa maison qui avait désormais la taille d'un briquet à pierre, le moulin du père Roland à peine plus haut qu'un pain de sucre, et la rivière gelée qui scintillait entre les vallons comme une couleuvre blanche. Ogre volait de plus en plus haut, et finit par traverser les larges nuages gonflés de neige.

Et qu'y trouve-t-il, dans cet au-delà des nuages d'hiver ? Une punition pour la noirceur de sa vie, la possibilité de changer d'existence, de se repentir, une vengeance ourdie depuis des années par ses victimes, un juste châtiment ? Eh bien, à vrai dire, chacun pourra y voir un peu de tout ça.

ogre vole

Le dessin d'Edith campe un ogre plutôt rigolard, qui, là aussi, laissera à chacun le loisir d'imaginer son ogre. Cette histoire d'ange étrange voletant au-dessus de l'hiver nous offre de grands aplats à peine mouchetés sur lesquels se détachent les bottes rouges, bottes de sept lieux bien inutiles à ces altitudes. Les visages d'enfants souriants seraient, eux, presque inquiétants de tant de similitude, avec leurs grands yeux noirs et leurs sourires à l'unisson.

Ogre vole est un conte merveilleux et subtil où j'aimerais finalement que les apparences soient trompeuses...

 

Ogre vole

Rascal & Edith

Pastel / L'école des loisirs

mars 2014

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la nuit des cages

Publié le par Za

 

 

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Le fils de l'ogre est enfermé dans une cage. Être le fils d'ogre, a-t-on idée...

La fille de la sorcière est enfermée dans une cage. A-t-on idée d'être fille de sorcière...

Est-il, lui aussi, un ogre ?

Est-elle aussi une sorcière ?

 

De la rencontre du texte de Rascal et des illustrations de Simon Hureau naissent des ombres magnifiques, aux mille détails. On pourrait en passer du temps à épier les recoins de la forêt, à dénicher la multitude d'insectes, les papillons, les chauves-souris, les champignons, surprendre le face à face du serpent et de l'oiseau, épier les reptiles, dénouer les entrelacs sans fin des arbres, des lianes... Le fils de l'ogre, lui,  s'échappe, fuit à travers les bois.

 

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Un format à l'italienne, des doubles pages qui accompagnent parfaitement le héros traqué par des soldats aux allures de samouraïs. Puis c'est la procession grotesque, grimaçant de mauvaise joie, qui mène la fille de la sorcière au bûcher.

 

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Un poutou de Za à qui découvrira les personnages familiers qui se sont glissés dans ce dessin...

 

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Le beau texte de Rascal, inquiétant, onirique, galope du côté du Moyen-Âge, au bord des contes. Il est présenté sur un fond vert magnifique, les pages sans texte demeurant, elles, en noir et blanc. Le choix des mots est précis, riche, élégant.

 

Je suis le fils de l'ogre Morillon

Qui comme le mal renommé Villon,

Termina au bout d'une corde

Sans la moindre miséricorde.

JE NE VOULAIS PAS FINIR

ENTRE LES MAINS DU BOURREAU

Alors je suis passé entre deux barreaux

Ai pris la clef des champs

Filé comme le vent.

 

Et la fin de l'histoire nous emporte du côté des courts-métrages de Lotte Reiniger, là ou des enfants-oiseaux donnent naissance à d'autres enfants oiseaux...

 

 

 

 

J'ai tout de suite compris que c'était ma belle

Doublé mendiants, nains et haridelles

Bouffons, califes, tortues, puis ce fut elle

MA  JOLIE PETITE GUEUSE

MA BELLE AMOUREUSE

 

La nuit des cages

Simon Hureau et Rascal

Didier Jeunesse, 2007

 

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au monde

Publié le par Za

pour Paolo,

pour Théodore,

 

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Le jeu des ressemblances au-dessus du berceau est un grand classique. Que n'avons-nous tous entendu ! Encore que, aux abords du couffin de Petitou, je n'ai jamais eu droit à "il ressemble à sa mère !" Non, la bestiole ne me ressemble en rien. Il est châtain clair, grand échalas tout en longueur, droitier, les yeux gris-bleu-vert. En cherchant bien, le nez, peut-être, ou vaguement une oreille. Ah si ! Il est bavard.

 

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Où en étais-je ? Ah oui... De ce moment inévitable, Rascal fait un album précieux, qu'on feuillette en souriant. Une galerie de portraits de famille où chacun s'approprie ce petit bout qui roupille tranquillou, loin de l'agitation des abeilles bourdonnantes. Tous les bébés se ressemblent. Non, il y en a des moches. Tous les enfants finissent par nous ressembler. La preuve : l'amour débordant de Petitou pour le vélo... À moins que ce ne soit nous qui finissions par leur ressembler à force de les vouloir nôtres.

 

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Où en étais-je ? Ah oui... Ce bel album cartonné est fait pour être manipulé par les plus dévastateurs d'entre les minuscules. Chaque double page offre le portrait d'un membre de la famille, au sens large. La moustache de Papy côtoie le profil du demi-frère, certains arborent des contours volontairement flous, d'autres un crayonné précis, agrandi au plus près. D'autres encore vous ont des airs d'estampes précieuses et fragiles bizarrement accrochées à ce carton épais.

 

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Et pendant ce temps-là, l'autre pionce, peinard, comme s'il savait que cette agitation ne sert à rien et finira bien par  s'éteindre.

 

au monde

Rascal

Pastel, l'École des Loisirs,

2012

 

Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Victor Hugo (Les feuilles d'automne)

Publié dans albums, Rascal, Pastel

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