le petit Guili
C'est avec émotion que nous avons acheté ce livre ce matin. Un mélange de joie et de gravité, bizarre, comme un sourire triste.
Le petit Guili est une fable. Une fable sur le pouvoir, l'ivresse des hauteurs, et peut-être le besoin de revanche d'un être marqué par sa petite taille. Car être le roi des animaux ne suffit pas, encore faut-il être cruel. L'histoire est forte et manie l'ironie avec finesse. À sa manière, Guili, le petit oiseau, le plus fragile de tous, montrera que le roi est nu et que le pouvoir s'accommode fort bien de l'absurdité.
On croyait bien connaître les images, le style de Mario Ramos. On se trompait. Pour cet album, il avait décidé de nous surprendre.
Le trait est certes reconnaissable mais le traitement de l'image l'est moins. Collage, épure, personnages seuls sur fond blanc, peinture brute, envolée de pinceau, traits de crayons au premier plan, éclaboussures. L'album est traversé d'un souffle graphique évident. Et on pourrait encore parler de l'utilisation de la couleur, par grands à-plats, comme autant de cieux et de murailles, le fond blanc ne cédant sa place que pour mieux souligner le coup d'éclat du petit oiseau.
Et le texte n'est pas en reste, qui ne cache rien de la cruauté du monarque.
Alors Léon devint cruel.
Très cruel.
Plus il était méchant,
plus il était grand,
terriblement grand.
Debout sur son trône,
il changeait les lois suivant son humeur.
Les animaux commencèrent à avoir peur.
Un jour, il inventa une loi
qui interdisait aux oiseaux de voler.
Les parents étaient obligés de briser eux-mêmes
mes ailes de leurs petits à la naissance.
La révolte commença à gronder.
Le petit Guili est un album marquant et peut être abordé avec des enfants très jeunes. Le questionnement est amené de manière franche et la manière dont l'oisillon bouleverse le monde est franchement réjouissante.
Le petit Guili
Mario Ramos
Pastel / l'École des loisirs
mars 2013
Retrouvez cet album chez Carole
et dans la Mare aux mots.