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marie ndiaye

le souhait

Publié le par Za

 

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C'est Noël. L'homme et la femme traînent leur chagrin sous les lumières de la fête, au long des vitrines enrubannées. Ils traînent leur chagrin de n'avoir pas d'enfant. D'avoir tout le reste, mais pas d'enfant. Alors, comme tous les ans, ils achètent quand même des jouets, qu'ils rangeront dans leur belle maison, dans la belle chambre d'enfant qu'ils ont préparée.

 

Mais cette année-là, minuit sonne deux fois.

Et dans la chambre, une petite fille aux cheveux noirs, à la peau noire, en robe blanche est là. Dans la belle maison, elle trouve le coeur de ses parents. Elle va prendre soin de ces deux coeurs, qui lui parlent, la choient, se brisent pour un rien, l'étouffent.

Les deux coeurs ne demandaient rien d'autre que de pouvoir se serrer l'un contre l'autre sur la poitrine de Camélia. Camélia, elle, avait l'impression qu'ainsi ils l'empêcheraient de respirer plainement.

Mais comment le leur faire comprendre ? Un seul mot à ce sujet et, elle en était sûre, les deux coeurs en même temps se crèveraient sous l'effet du désepoir.

Alors, pour un tout petit moment, elle les laisse sur un banc, bien au chaud dans sa toque de fourrure.   

Les enfants ne sont pas les gardiens du coeur de leurs parents.

Et elle se sent à la fois légère et lourde. Et aussi toute froide du désespoir de ses parents. Et pourtant, la solution est si simple...

 

Ce texte m'a émue, serré le coeur pour de vrai. Il est, lui aussi, léger et lourd. Lourd de tout ce que l'on met dans l'amour qu'on porte à son enfant. Léger comme le baiser du matin.

 

L'École des Loisirs, 2005, illustrations d'Alice Charbin.

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