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la joie de lire

mon tout petit

Publié le par Za

mon tout petit

Un coffret en carton épais, tapissé d'un papier à motif végétal. Un dessin par page, à lire lentement ou à feuilleter à toute allure, à la manière d'un flip-book. Ou les deux. Les deux en fait.
Une grande dame remplit la première page, l'air un peu étonnée, vaguement ahurie. Il va se passer quelque chose. Un petit être va l'envahir, grandir dans ses bras, sur ses épaules, à côté d'elle. Au fur et à mesure qu'elle lui raconte son histoire, leur histoire, elle va rapetisser, pour finir par s'effacer, le laissant interdit, immense et barbichu.
"On en est là, nous !"
" Oui, à peu près..."

mon tout petit

Mais il y aurait des deux côtés comme une envie de revenir là....

mon tout petit

Parce que les jambes poussent, les bras s'allongent, et se blottir devient parfois cocasse. Ce qui est réconfortant dans ce livre, je l'avoue, c'est qu'on peut le lire à l'envers, même si on sait au fond que c'est un artifice.

mon tout petit

Qu'on soit mère de son fils ou fils de sa mère ou rien de tout cela, Albertine et Germano Zullo réussissent encore à nous tirer les larmes des yeux. Mais pas des larmes de tristesse. Une émotion devant l'inéluctable avec la certitude que l'inéluctable se meuble d'amour, de tendresse.

Albertine & Germano Zullo
mon tout petit
La joie de lire
janvier 2015

le billet de Mel de la Soupe de l'Espace

"mon tout petit" dans Télérama

"mon tout petit" dans Télérama

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ligne 135

Publié le par Za

Il y a des jours où la petite musique d'un livre, entêtante et douce, devient légèrement obsédante et se suffit à elle-même. Il y a des jours comme ça où je n'ai pas envie de faire ma maligne, où je n'ai pas envie de faire ma brillante, de faire péter le mot, de faire claquer la phrase. J'ai lu cet album à la librairie, puis je l'ai refermé et je l'ai pris. Il était immédiatement devenu mien.

 

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Une fillette quitte sa mère sur un quai de gare, et monte à bord d'un monorail pour rendre visite à sa mère-grand qui vit à la campagne. Et c'est tout. Et ça suffit. Pas de galette ni de pot de beurre, juste le voyage. Mais quel voyage !

 

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Dix-huit doubles pages d'un long format à l'italienne traversé d'une simple ligne horizontale. De la grande ville jusqu'à la lointaine campagne, la ligne 135 conduit la petite fille à travers des paysages en noir et blanc, juste au trait, le trait délicat d'Albertine.

Les trois wagons plantés au milieu de la page sont vert. D'un vert qui prête à débat.

- Tu vois ça vert ou jaune, toi ?

- Vert.

- Ouais, vert.

- Sur la couverture, à la lumière, je dirais plutôt jaune, mais là, c'est vert.

- Ça m'arrange, vert.

Vert, donc. Un vert énergique et éclatant, qu'on retrouve sur les pages de garde et la tranche de l'album.

 

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Au fur et à mesure du voyage, alors qu'on s'enfonce dans une nature de plus en plus présente, une belle étrangeté s'immisce dans le dessin, sous la forme d'animaux bienveillants et bizarres, de constructions branlantes, de centaines de fleurs dansant au gré du vent.

 

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Le texte de Germano Zullo éclate d'économie, de minimalisme parfait. Car il n'est ici question que du déroulement de la vie, de ce qu'on en comprend pendant qu'elle défile, de ce qu'on y met pendant qu'elle file. Et on en vient à douter que le train avance vraiment, on en vient à se demander si ce n'est pas simplement le monde qui court autour du train. Le train, réminiscence d'un voyage au Japon, emporte l'enfant d'un lieu à l'autre, d'un âge à l'autre.

 

Comme avec les Oiseaux, Albertine et Germano Zullo transcendent allègrement les catégories d'âge qu'on tenterait de plaquer sur leur travail. On se fiche éperdument de savoir à qui cet album est destiné. Ou plutôt non, il est simplement destiné à qui l'aimera, à qui saura goûter cette oeuvre sensible, fine, bouleversante, au lecteur qui se penche sur le chemin parcouru, au lecteur qui devine la route encore à faire...

 

Ma mère et ma grand-mère disent que je suis de toute façon bien trop petite pour contenir l'entier du monde.

Ma mère et ma grand-mère disent que c'est déjà tellement difficile d'apprendre à faire le tour de soi-même.

Je ne comprends pas toujours très bien ce que disent ma mère et ma grand-mère.

 

ligne 135

Germano Zullo & Albertine

La joie de lire, 2012

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les oiseaux

Publié le par Za

 

La Joie de lire...

Rarement maison d'édition aura aussi bien porté son nom.

 

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Ça commence l'air de rien.

Le désert, une piste, pas de texte encore.

Ça commence avec si peu. Un camion rouge, le sable jaune et le ciel bleu. Primaire...

La suite n'est guère plus spectaculaire. Ouvrir la porte du camion pour laisser s'échapper tout ce qui s'y trouve. Ou presque. Parce ce qu'il reste un détail. Un petit détail. Et toute l'histoire de cet album, c'est ce petit détail qui ne veut pas s'envoler. 

 

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Tantôt restreint à l'espace d'une seule page, tantôt envahissant les deux, le dessin subtil d'Albertine fait merveille. Le texte de Germano Zullo, si discret qu'il se contente parfois d'un mot, fait entendre sa voix singulière, sans jamais évoquer l'oiseau, sans jamais faire entendre l'homme. Non, il n'est question que de l'importance que peut revêtir un détail, même anodin, pour peu qu'on lui accorde toute l'attention qui lui est due. La beauté de cet album est aussi dans la séparation entre le texte et l'image, qui illustre le propos au sens le plus fort du texte, comme une parabole. Il faut s'attarder sur les regards entre l'homme et l'oiseau, voir naître la complicité, germer le grain de folie jusqu'à la belle conclusion de ce livre. 

 

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Vous l'aurez compris, nous avons affaire à un trésor, un livre de grande classe, qu'on referme avec respect. Avec amour aussi. Et reconnaissance. Parce qu'Albertine et Germano Zullo ne sont pas là pour épater le lecteur. Et c'est pourtant ce qui arrive. Cet album est une merveille d'intelligence et de modestie, un chef d'oeuvre de sensibilité.

Pour ceux qui penseraient qu'une fois encore j'en fais trop, procurez-vous Les oiseaux, et installez-vous au calme. Oh, cela ne vous prendra pas trop de temps !

Encore que.

 

rendez-vous sur le blog de la Soupe de l'espace

pour se régaler du beau travail d'Albertine,

une dame au regard magnifique,

et gauchère, s'il vous plaît !

Quant à l'avis (enthousiaste) de Gaëlle,

c'est par ici !


Les oiseaux

Germano Zullo & Albertine

La Joie de lire

avril 2010

 

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capitaine massacrabord

Publié le par Za

- Navire en vue ! Navire en vue !

- Quel pavillon ?

- Pavillon noir, Capitaine Za ! C'est le Black Tiger !

 

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- Le Black Tiger ! Ce bateau de légende, le vaisseau du Capitaine Massacrabord et de son redoutable équipage ?

- Terre ! Terre !

- Il faudrait savoir ! Terre ou navire ?

- Les deux, Capitaine Za ! Un navire ancré au large d'une île rose !


 

Et c'est généralement là que je me réveille.  

Sur ma table de chevet cet album attend sa énième relecture, pour la plus grande joie du moussaillon, preuve vivante que cette histoire n'a pas pris une ride.

 

Commençons notre voyage par la couverture.

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Ouvrez grands vos yeux : un personnage mal rasé est appuyé sur un tonneau dont le contenu ne laisse aucun doute, tout comme le verre en équilibre sur son genou, et qui plus est, il est en train de fumer ! Oui, il s'agit bien d'un livre pour enfants. Et là, de deux choses l'une, soit vous passez votre chemin, soit, comme moi, vous vous fendez d'un large sourire, et vous l'adoptez. Pour toujours. D'autant que moi, devant des gaillards pareils, je ne fais pas ma maligne.

 

Capitaine Massacrabord (Captain Slaughterboard drops anchor) est le premier livre de Mervyn Peake, publié en 1939 et édité pour la première fois en français en octobre 2011 par les éditons La Joie de Lire. 1939, oui, et une jeunesse, un humour, une énergie, une poésie, une liberté de ton, une folie douce et décoiffante que pourraient lui envier bien des albums tout frais pondus d'aujourd'hui. Les images de Peake sont sans cesse en mouvement, pas une page inutile, pas un dessin dont on pourrait se passer !

 

Capitaine Massacrabord est une histoire étrange et réjouissante, où tourner la page est déjà une aventure. Parce que derrière, il y a des trognes incroyables dont on doute fort qu'elles aient jamais abordé un quelconque navire ennemi...

 

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... des créatures inattendues aux couleurs douteuses, des rebondissements imprévisibles, des alizés absurdes, des paysages mouvants et cette propension à se lancer dans des danses pour le moins extravagantes...

 

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Abordant cette île rose, le Capitaine Massacrabord y découvre une faune phénoménale et fait la rencontre une créature jaune au regard vague qui va changer le cours de sa vie. Mais peut-on vraiment se fier à un individu doté d'un tel regard ?

 

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Alors, faites comme moi, embarquez à bord du Black Tiger, pour un long voyage dont vous reviendrez fatalement... piqués de Peake !

Je ne saurais trop vous conseiller

la lecture de l'article de Jean, cuistot de la Soupe de l'espace

 

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le livre du printemps

Publié le par Za

Une belle heure passée dans un album... sans texte.

L'automne arrivant, je vous suggère de vous immerger dans un livre sur le printemps. Une plongée dans un univers simple, clair, optimiste, joyeux, où tous les personnages promènent leur sourire sous un ciel bleu parfait.

 

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Pour ceux qui ne connaîtraient pas, le principe est simple. Sept grandes double-pages, de la maison au parc, en passant par le chantier, la place, le marché, le grand magasin.

 

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page de gauche

Quand j'étais petite, j'adorais les dessins en coupe de maisons.

Et celui-ci fourmille de détails - qui ont leur importance ! 

 

 

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page de droite

 

On y suit une maman avec son landau, un groupe d'enfant, un renard poursuivant une oie, trois bonnes soeurs en goguette, un papa à vélo avec sa petite fille, une petite dame avec son sac à dos (ma préférée), une dame en trottinette avec son joli pantalon à fleurs (non, c'est elle ma préférée). Des histoires d'amour naissent au fil des pages, des chats se promènent, on ramasse les poubelles... Rien de plus quotidien que ces dessins, mais la magie opère. On tourne les pages, on revient en arrière pour suivre le voyage de la montgolfière.

 

Et les histoires se croisent.

La petite dame poursuit sa promenade sur chaque page ou presque.

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Le joli pantalon à fleurs perd son chapeau, en gagne un autre encore plus beau,  ne perd pas sa journée...

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La jolie dame qui promène son chien  va croiser un sportif, qui va lui-même croiser une peau de banane providentielle...

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Un grand livre cartonné à lire, à relire, à raconter.

Éditions La Joie de Lire, 2004.

 

Et, sur le même principe, retrouvez les livres de l'été, de l'automne et de l'hiver !!

 

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