quand sort la recluse
A l'inverse, le commandant Danglard redoutait toujours quelque chose. Il scrutait l'horizon à l'affut des menaces de tous ordres, écorchant sa vie sur les aspérités de ses craintes.
Habituellement, peut me chaut - du verbe chaloir - de savoir où se situe ma lecture du moment sur l'échelle des ventes, échelle grandement déprimante la plupart du temps. Mais il se trouve que ce polar a tout explosé, à la faveur d'un lancement géant, il est vrai, qu'il a joyeusement écrasé les habitués des cimes et de la médiocrité commerciale. Chouette.
Il faut avouer que ce Vargas est un très grand cru, haletant et alambiqué, fidèle au cahier des charges, Adamsberg et Veyrenc, Danglard et Retancourt. Retancourt, justement. Depuis une adaptation télévisée, Corinne Masiero s'est imposée dans mon esprit de lectrice. Elle est Retancourt. Les autres acteurs se sont effacés de ma mémoire mais pas elle.
Cet Adamsberg-là - on peut ici employer le nom du héro pour définir la série - ne fait pas exception à la règle. On suit pas à pas les méandres de l'esprit du commissaire, ses bulles gazeuses, idées en cours de formation, évanescentes avant de se faire évidentes. Quand sort la recluse mêle Histoire et arachnologie. L'intrigue avance, se perd, se retrouve. Et même s'il vous vient une petite idée à mi-chemin, le mode opératoire reste la clé impénétrable et le chemin est une fin en soi, au-delà de la découverte de l'assassin.
Les lecteurs de Fred Vargas retrouveront avec bonheur le style, efficace, teinté d'humour et de distance, les personnages - avec une surprise, un retour qui m'a ravie. Les néophytes, arrivés haletants à la dernière page, se rueront sur les autres romans de la dame. Ou je ne m'appelle pas Za.
Fred Vargas
Quand sort la recluse
Flammarion, mai 2017