c'est l'histoire d'une histoire
"Quand on écrit, faut-il tout écrire ?
Quand on peint, faut-il tout peindre ?
De grâce, laissez quelque chose à suppléer
par mon imagination… »
Cette citation de Diderot ouvre l'album d'Édouard Manceau. Elle situe d'emblée le livre quelque part à mi-chemin entre son auteur et celui qui le lit, entre le texte et l'image, dans un intervalle à explorer, un coin où fureter, au plus près de l’imagination.
C'est l'histoire de Monsieur Pouillot. Tous les matins, il réveille le loup. Un loup de la pire espèce, un vrai loup de conte, qui va immédiatement courir chez Oscar le cochon, lequel va devoir se réfugier chez Amédée avec qui il va s'enfuir… Enfin, c’est ainsi que cela devrait se passer. Mais pas aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui il pleut. Alors tout le monde reste chez soi tranquillement et personne ne pourchasse quiconque.
Édouard Manceau nous raconte ce qui pourrait se passer s’il faisait beau, en marge d’images de forêt sous la pluie, de maisons douillettement entourées de jardins accueillants dans lesquelles on doit être si bien à lire à l’abri. Verra-t-on la course d'Amédée le lièvre, de Nils l’écureuil, de l’ours Popof, puisqu'il pleut ? Et c’est dans le temps suspendu de cette averse que se situe l’histoire qui pourrait être.
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Le texte d’Édouard Manceau est une classique histoire de gentilles bestioles, toute simple, et qui ne se pousse pas du col. Les illustrations, tranquilles et modestes, papiers découpés, feutre, distillent un silence délicieux, juste troublé par le cliquetis des gouttes de pluie.
Et si vous voulez mon avis, je m’installerais bien dans la maison d’Oscar, coquette, pimpante, avec son joli jardin sur le toit.
"Après avoir longtemps habité à la ville, il est venu s’installer ici avec toute sa bibliothèque. Les jours de pluie comme aujourd’hui, Oscar les adore. Bien au chaud sous une couverture écossaise, il dévore des tas de livres."
L’avis de Yann Fastier, gardien du cimetière des lénifiants.
C'est l'histoire d'une histoire
Édouard Manceau
Milan, 2011