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encyclopédie de cet idiot d'Albert

Publié le par Za

encyclopédie de cet idiot d'Albert

Par le grand Marmaduke Lovingstone, des girafes ! Oui, ce sont des girafes qui ouvrent de leur présence très digne cette encyclopédie foutraque mais tout à fait indispensable. D'ailleurs, si vous aviez le moindre doute sur l'indispensabilité de l'ouvrage, le titre complet devrait vous rassurer...

encyclopédie de cet idiot d'Albert

Ce genre de frontispice vous pose un livre, non ? Alors, glissons-nous dans ce puits de science en commençant par la zoologie. Chats, chiens, chevaux, vaches, oiseaux... Tel un Audubon des temps modernes, cet idiot d'Albert - c'est pas moi qui le dit - croque les oiseaux de façon digne et respectueuse. Voici venir à vous toute une basse-cour caquettante, du coq au vin - coq ovin ? - jusqu'à la poule. De luxe, évidemment.

encyclopédie de cet idiot d'Albert

Il n'y a pas d'osso métier, il n'y a que d'osso bucco !

C'est pas cette sentence définitive que, plus loin, Maître Albert se délecte des bizarreries de ses contemporains dans une galerie de métiers joyeusement capillotractés. Le trait perd alors de la rondeur, se fait nerveux et dresse une collection d'humains relativement inquiétants, perdus dans de minuscules spécialités indispensables et néammoins disparues.

encyclopédie de cet idiot d'Albert

La gastronomie, les sports, rien n'échappe à l'érudition de notre encyclopède pyrénéen. Il faut aller jusqu'à se perdre dans ses planches ultra-fouillées et, loupe en main, scruter le moindre détail receleur de jeux de mots jubilatoires, de références comme autant d'hommages aux figures tutélaires qui traversent l'oeuvre d'Albert Lemant. Mais tel Diderot et/ou d'Alembert tombé-s dans un tonnelet de rhum, maître Albert n'excelle jamais autant que dans la veine maritime.

... certains détails ne trompent pas...
... certains détails ne trompent pas...

... certains détails ne trompent pas...

L'ombre de la grande girafe baleine blanche plane sur cette oeuvre, et l'on entend venir de loin la jambe en ivoire de cachalot du capitaine Achab. D'abord par petites touches - le Bibliophile baleinier, le Girafologue, l'Amateur d'estampes - le fantôme du grand Hermann Melville vient clôre cet ouvrage à travers l'épopée débridée du dernier grand dénoueur de noeuds marins, embarqué à Nantucket le 21 février 1834. 
Alors, emplissez vos poches de petits cailloux blancs, munissez-vous de votre musette à jeux de mots - et d'une flasque de rhum vieux - pour plonger sans retenue dans cette encyclopédie déroutante, à l'image du grand talent de cet idiot d'Albert, jamais vraiment là où on l'attend !

Encyclopédie de cet idiot d'Albert
Albert Lemant
L'atelier du poisson soluble
septembre 2015

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un éléphant à New-York

Publié le par Za

un éléphant à New-York

Forcément, quand John découvrit un éléphant en sortant de chez lui, il fut étonné. un peu plus que ça même. un éléphant dans les rues de New-York, c'était impossible.

Un éléphant à New-York est un album immersif. Évidemment, il y a le grand format, les doubles pages majestueuses, la grosse bestiole tranquille, la ville surdimensionnée. Rien que le titre, Un éléphant à New-York, ça vous pose immédiatement un alboume dans le grand, l'imposant.
Le texte de Benoît Broyart, tout de phrases courtes et percutantes au début de l'histoire, se calque parfois sur le rythme pépère de l'éléphant en balade. Et quelle balade ! A mi-chemin entre rêve et réalité, dans un New-York sans cesse réinventé, on croise Marylin, Superman, des new-yorkais affairés, des joggers à Central Park, une curieuse parade sur le pont de Brooklyn.
L'illustration fait alors un pas de côté par rapport au texte. Ce décalage, parfois imperceptible fait accepter l'impossible : un éléphant envahissant le paysage new-yorkais ou s'y fondant l'air de rien.

un éléphant à New-York

Mais c'est aussi dans l'impalpable que ce livre fait mouche. Dans les regards si caractéristiques des personnages de Delphine Jacquot, les yeux comme cernés de khôl, les regards précis dont on suit la trajectoire jusqu'au bout, ou les paupières baissées de ceux qui sont perdus en eux-même. Il y a aussi les profils de miniatures indiennes qui, par contraste, rendent les visages de face si intenses.

un éléphant à New-York

On ressort de cette histoire d'ami imaginaire hors norme comme on s'éveille d'un rêve agréable, avec une sensation de douceur, d'apaisement.

Un éléphant à New-York
Benoît Boyart & Delphine Jacquot
Seuil Jeunesse
octobre 2015

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PAS DE CABAS SANS SOUPE !

Publié le par Za

Que serait le Cabas sans la Soupe ?
Un panier vide.

PAS DE CABAS SANS SOUPE !
PAS DE CABAS SANS SOUPE !

Quand le Cabas n'était encore qu'un blogounet de rien, je lisais avec gourmandise les chroniques des libraires de la Soupe de l'Espace, Mélanie et Jean Pichinoty. J'y ai découvert ce qu'était l'album jeunesse dans son audace et sa modernité. Et j'en ai fait, grâce à eux, des trouvailles, des rencontres virtuelles puis bien réelles ! Pour ceux qui me connaissent un peu, imaginez ce que je leur dois...
Charles le dragon - et son tonitruant illustrateur, c'est chez eux que j'en ai entendu parler pour la première fois ! Et le Yark - accompagné de son sinistre auteur, ce sont eux qui, les premiers, ont alerté les populations ! Et je pourrais encore allonger la liste...

exposition de Judith Gueyfier

exposition de Judith Gueyfier

Mélanie et Jean sont des guetteurs toujours à l'affût, des militants du livre, de l'image, du beau, du juste, du drôle et de l'humain. Ce qui ne va pas sans énervements, emballements, bonne et mauvaise foi, parti pris assumé. Rencontres, dédicaces, la Soupe de l'Espace est un lieu d'échange et de discussion, une oasis dans l'air du temps.
La Soupe connaît aujourd'hui des difficultés financières qui, si elles ne sont pas nouvelles, n'en sont pas moins cruciales. Au point de fermer boutique. Nous aurions tous beaucoup à perdre si la Soupe devait cesser ses activités. Comme ailleurs en France, ici se joue une partie de l'avenir de la librairie indépendante. Et le rayonnement de celle qui nous occupe va bien au-delà de Hyères et du Var. Il faut voir nos Cuistots au Salon de Montreuil, remplissant leur agenda, happés par l'un, reconnus par l'autre, et tout ça ponctué d'éclats de rire.

Anaïs Massini , Gilles Bachelet

Anaïs Massini , Gilles Bachelet

Paul Echegoyen, Delphine Jacquot
Paul Echegoyen, Delphine Jacquot

Paul Echegoyen, Delphine Jacquot

Alors, soyons clairs :
je refuse tout net que l'odyssée de la Soupe de l'Espace s'arrête !
Et vous aussi.

Si chacun, chacune lui donne un coup de louche,
la librairie pourra poursuivre sa mission, en mieux même !
Pour cela,
rendez-vous sur Ulule pour participer au financement de l'avenir de la Soupe !

Vous me feriez tellement plaisir...

Vous me feriez tellement plaisir...

Et si vous êtes dans la région, petits veinards, réservez votre samedi prochain !

PAS DE CABAS SANS SOUPE !

Publié dans in my heart, albums

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Aujourd'hui, Amos

Publié le par Za

Aujourd'hui, Amos

Voici un texte.
Non pas que je minimise l'impact des images de Janick Coat. Loin de là. Mais la musique du texte d'Anne Cortey saute immédiatement aux oreilles.

Un voile de brume
s'est abattu sur la maison.
Au-delà du marronnier,
Amos ne voit plus rien.
La maison est repliée sur elle-même.
Le blanc a chassé les reliefs.

Un petit format carré, discret, le genre qui se glisse partout, sur lequel on retombe par hasard au détour d'un magazine ou d'une pelote de laine - je vis dans un certain désordre, que je qualifierai évidemment de créatif.
Amos appréhende le monde en candide généreux. Il vit chaque instant avec cette dose de naïveté, de perplexité qui le conduit tout naturellement à une vision poétique des choses. Le hibou sert ici de contrepoint et révèle, en l'admirant, la particularité d'Amos.

Amos se tient devant la fenêtre.
Il ne bouge pas, il attend,
il ne sait trop quoi.
Il attrape son carnet et se met à écrire.
"Le brouillard a réveillé l'ennui.
Il faudrait un balai pour le chasser."

Les paysages de Janick Coat sont à la fois étranges et familiers. Amos y balade tranquillement son petit air perpétuellement étonné, sa bouille irrésistible - ah, le bonnet à rayures...

Aujourd'hui, Amos

(J'ajouterai également une mention spéciale pour l'épatante cagoule du hibou dont on imagine sans peine qu'elle gratte un petit peu.)

Aujourd'hui, Amos

La maison est un hâvre douillet, tout en rondeurs, sans un angle droit qui heurte. L'économie de la couleur, le velouté du crayon, tout concourt à donner au lecteur l'envie irrépressible d'une poêlée de champignons au coin du feu.

Aujourd'hui, Amos

Tout d'abord édité par les très regrettées éditions Autrement Jeunesse, Amos trouve aujourd'hui chez Grasset un écrin sur mesure.

Aujourd'hui, Amos
Anne Cortey & Janick Coat
Grasset Jeunesse, 2016

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La belle et le fuseau

Publié le par Za

La belle et le fuseau
La belle et le fuseau

Ils avaient des noms, ces nains, mais les êtres humains n'étaient point autorisés à les connaître, ce genre de choses étant sacrées.
La reine aussi avait un nom, mais par ces temps on ne l'appelait plus que Majesté. Les noms n'abondent pas dans ce récit.

- Deux contes revisités avec intelligence pour n'en faire plus qu'un...
- Normal. Neil Gaiman transforme en intelligence tout ce qu'il touche comme l'autre, dont j'ai oublié le nom, le faisait avec l'or.
- Midas.
- ?
- Celui qui transformait ce qu'il touchait en or. Deux contes, donc. La Belle au bois dormant, bien sûr mais aussi Blanche-Neige, l'héroïne de cette histoire vénéneuse, accompagnée de trois des nains.
- Mais quelle Blanche-Neige ! Guerrière en armure, qui n'hésite pas à planter là son prince, la veille de leur mariage, pour courir l'aventure.
- Pas sûre d'ailleurs, que ce mariage l'emballe vraiment.
- Je ne te le fais pas dire !

La belle et le fuseau

- Tous les éléments du conte classique sont là : le château entouré de ronces, une vilaine sorcière super maléfique, un fuseau... Et puis le conte prend des chemins de traverses. Neil Gaiman le tord allègrement pour en faire une histoire originale et ébourriffante.
- Et Chris Riddell, dans tout ça ? Parce qu'on parlait d'or, tout à l'heure...

La belle et le fuseau

- De l'or, il y en a ! Dans les doigts de Chris Riddell, dans son oeil. Des images vertigineuses, noir et blanc, trouze milliards de petits traits (je suis fasciné par les petits traits et l'art si subtil de la gravure), et quelques touches d'or comme autant de points d'exclamation. Sa reine n'échappe pas aux stéréotypes cependant. Je lui ai trouvé un petit air de Lara Croft - le costume moulant sur des jambes interminables.
- Pfff, jalouse...

La belle et le fuseau

- S'tu veux, et j'admets que c'est aussi ce qui donne au conte cette allure moderne. Mais ce serait ma seule micro-réserve parce que pour le reste, c'est du grand art, de l'envoûtement. Les personnages ont autant de relief dans le texte que dans le dessin.

La belle et le fuseau

- Alors, conclusion ?
- Alboom !

La Belle et le fuseau
(The Sleeper and The Spindle, 2013-2014)
Neil Gaiman & Chris Riddell
traduit de l'anglais par Valérie Le Plouhinec
Albin Michel, 2015

 

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Auprès de La Fontaine...

Publié le par Za

Auprès de La Fontaine...

Et de trois ! Après Il était une fois... et Autrefois l'Olympe..., voici Auprès de La Fontaine, troisième opus de recueil d'haïkus d'Agnès Domergue et Cécile Hudrisier. Objet précieux au dos toilé, petit format élégant. Les contes, les mythes, les fables, la trilogie parfaite.
La Fontaine, donc. Des fables archi-connues, d'autres moins. Certains haïkus vous paraîtront transparents, d'autres vous pousseront à aller voir plus loin. Evocations et devinettes, à mi-chemin entre la poésie et le jeu.
Le trait de Cécile Hudrisier se pare parfois d'atours japonisants, comme pour se mettre à l'unisson de la forme du texte. Ce héron...

Auprès de La Fontaine...

Au menu du jour
limaçon sur un caillou
Oh ! Le bec dans l'eau

L'illustration si délicate frôle parfois l'abstraction. Chaque image est un monde en soi, mouvement et lumière.

Auprès de La Fontaine...

Un monde dans lequel, comme chez La Fontaine, le renard est particullièrment soigné...

Auprès de La Fontaine...
Auprès de La Fontaine...

Croissant de lune
seul au sommet de son arbre
croassant de honte

Il y a de la malice dans les mots d'Agnès Domergue.  Elle tisse une connivence avec le lecteur adulte qui fouille dans ses souvenirs d'écolier, puisque c'est l'essentiel qui reste - le parfum, la silhouette, une impression ravivée par ces trois lignes avares de mots, mais si riches de réminiscences. La recherche, la découverte de l'animal entrainera les plus jeunes dans un aller-retour texte/image puis, sans doute vers les textes originaux, à disposer non loin du lecteur - ceci étant également valable pour le lecteur adulte, bien entendu.
Ce recueiil, solaire et lumineux, est un magnifique portrait des fables de La Fontaine mais se suffit aussi à lui-même, image et texte en parfait contrepoint.

Auprès de La Fontaine
Fables en haïku
Agnès Domargue & Cécile Hudrisier
éditions Thierry Magnier, 2016

 

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au creux de mon arbre

Publié le par Za

Au creux de son arbre, Hibou se réveille
Du long sommeil de l'hiver.

au creux de mon arbre

Mais que voici un nouveau préssieux ! Fracture immédiate de la rétine, plongée en apnée dans le beau, l'évident. Le chemin des saisons autour d'un arbre, rien de très nouveau, direz-vous... Eh bien, défourez-vous le doigt de l’œil immédiatement et ouvrez-le. L’œil.

au creux de mon arbre
au creux de mon arbre

Ce ne sont que merveilles galopantes, virevoltantes, floconnantes. Le hibou veille, seul bien à l'abri au creux de son arbre. Et autour de lui s'écoule l'année, immuable mais foisonnante de bestioles en tout genre, de nature joyeuse. Les déoupes laissent apparaitre de nouvelles espèces à chaque page, les familles s'agrandissent, font assaut de facéties. J'aurais une tendresse particulière pour les renards qui occuppent la partie centrale de l'image.

au creux de mon arbre

Et c'est une des manières de lire cet album - qui se passe très bien de son texte, d'ailleurs. S'attacher à une espèce, la voir apparaitre, disparaitre, revenir. Suivre la construction de la toile de l'araignée. La nuit, le jour, l'évolution des couleurs. Les prétextes ne manquent pour revenir en arrière, relire, admirer, et finalement se laisser distraire par un écureuil rigolo.

au creux de mon arbre

Indispensable, vous dis-je !

Au creux de mon arbre
(Tree)
Britta Teckentrup
Hatier Jeunesse
août 2015

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Julia et les monstres perdus

Publié le par Za

Julia et les monstres perdus
Julia et les monstres perdus

La maison de Julie se déplace à dos de tortue (sans doute un clin d'oeil au grand Terry Pratchett) et se pose ce jour-là au bord de la mer. C'est le genre de maison où je me calerai bien pour l'après-midi, à lire avec sa propriétaire.

Julia et les monstres perdus

Mais Julia n'est pas le genre de fille à siroter du thé au coin du feu, il lui faut de l'action, de la compagnie ! Et pourquoi pas la compagnie de monstres ?

Le monstre est un classique de l'album, l'occasion pour le dessinateur de laisser libre court à sa fantaisie. Et de la fantaisie, le talentueux Ben Hatke n'en manque pas ! Ils arrivent donc en rang serré, les gnomes, vouivre, trolls, elfes, bestioles mi-humaines mi-je ne sais pas quoi, et prennent leurs aises dans la coquette maison de Julia qui n'en demandait pas tant. Cette installation est l'occasion d'un joyeux désordre...

Julia et les monstres perdus
Julia et les monstres perdus

Ben Hatke a vraiment le chic pour faire naître des héroïnes positives et inspirantes - ses cinq filles sont à coup sûr une source d'inspiration inépuisable...

Sa trilogie Zita fille de l'espace est devenue un incontournable du Cabas. Julia accompagnera les plus jeunes, les amusera sûrement. Il faut voir avec quelle détermination elle crée l'harmonie entre tous, de quelle manière elle met la différence à profit pour permettre à chacun de trouver sa place.
Cet album réjouissant, plein à ras bord de vie et de mouvement est à mettre entre toutes les mains !

Julia et les monstres perdus
Ben Hatke
Dargaud Jeunesse, 2015

Retrouvez ici le craquage du Cabas et de Fiston 1er
pour les deux premiers tomes de Zita et pour le troisième.

Publié dans albums, Ben Hatke, Dargaud

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le Noël blanc de Chloé

Publié le par Za

Quand on est une petite fille courageuse et futée, rien n'est impossible.

(il est pas beau, le cabas du Cabas ?)

(il est pas beau, le cabas du Cabas ?)

le Noël blanc de Chloé

En cette veille de Noël, il fait chaud à Québec. Tellement chaud que les moufles sont inutiles. Pas le moindre nuage à l'horizon. Rien. Un hiver qui ne vient pas. André Marois aurait-il des dons de voyance, serait-il en cheville avec une super agence méto qui aurait tout prévu ? Allez savoir. Mais tout cela ne fait pas l'affaire de Chloé. Parce que si l'hiver ne vient pas, qui sait si le Père Noël, lui, sera au rendez-vous ? C'en est trop pour la petite fille qui décide d'aller chercher l'hiver où il se trouve, cap au Nord !

le Noël blanc de Chloé

Tout l'imaginaire de Chloé est là, dans ce voyage, embarquée par les harfangs des neiges, comme Nils Holgersson à dos d'oie sauvage. Et la petite fille se démène, traverse l'album avec son manteau rouge, absorbée par sa tâche, courant, sautant, ne délaissant l'action que pour se livrer à  une intense réflexion. La belle (et fausse) simplicité du dessin, le style inimitable d'Alain Pilon, les aplats de couleurs passant du bleu du ciel au noir de la nuit, au blanc de la neige enfin au rendez-vous, tout cela rend le rêve palpable. Car c'est le courage et l'obstination d'une toute petite fille qui ramènent enfin l'hiver, qui remettent un peu d'ordre et de joie dans cette insupportable attente.

le Noël blanc de Chloé

Après Lettres à mon cher petit frère qui n'est pas encore né, Alain Pilon nous offre un merveilleux conte d'hiver, entre rêverie et aventure échevelée.

Le Noël blanc de Chloé
André Marois & Alain Pilon
Grasset Jeunesse
Octobre 2015

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Charles amoureux d'une princesse

Publié le par Za

Charles amoureux d'une princesse

Cher Charles,
Te revoilà enfin, vieux lâcheur !
Tu le sais, nous autres, ici, on t'attendait. Ce n'est pas parce que Petitou est devenu tellement grand que ce surnom a été abandonné, ce n'est pas parce que le bonhomme a onze ans qu'il t'a oublié. Et c'est en trépignant de joie que le grand dadais m'a quasiment arraché cet album des mains il y a quelques jours - en plus, il court beaucoup plus vite que moi maintenant.

Le livre rapetisse, le petit grandit...

Le livre rapetisse, le petit grandit...

Chère bestiole...
Te voilà aujourd'hui errant dans un paysage pour le moins désolé. Faut dire qu'une dragonne XXL ravage la contrée. L'album s'ouvre sur une scène hautement cinématographique, grand angle, fureur, bataille. En un mot, ça chauffe.

Charles amoureux d'une princesse

Bien inconsciemment, tu te jettes à la tête de l'immense dragonne boueuse, sans peur, la gueule pleine de poésie, d'histoires. La rencontre est savoureuse. L'une est balèze, l'autre pas. L'un lit, l'autre pas. Mais qu'importe les différences. Elle nous plait, ta nouvelle amie, cette Cornélia un peu moche, à la fois redoutable et timide, bodybuildée à mort, dont la robe et l'allure contrastent si parfaitement avec ta fragilité, ton aspect solaire.

Votre corps, Cornélia, est celui d'une athlète
Le mien ressemble hélas à une cacahuète...

Charles amoureux d'une princesse

De tes livres de contes, mon vieux Charles, tu as tiré une curiosité sans bornes pour... les princesses. Qui l'eût cru ? Tu sais, il faut quand même que je te dise que les princesses, c'est très surfait. Elles sont partout, les princesses. Des roses, des bleues, des niaises, des envahissantes. C'est une tendance un peu, comment dire... Lourde. Alors, en voir une dans le titre de tes nouvelles aventures, ça nous a un brin déconcertés.
Mais on se doutait bien que messieurs Cousseau et Turin ne pouvaient décemment pas tomber dans les travers de l'histoire à princesse. Il faut avouer qu'ici, elle n'est pas où on l'attend et son traitement donne lieu à des scènes franchement décalées, bousculant les codes du genre. Tout ça pour dire qu'on a bien rigolé, avec ex-Petitou.

Dans ce monde sans joie
où manque la tendresse,
Reste-t-il un endroit
pour soulager ses fesses ?
- C'est un peu spécial, grimace Cornélia. Et si tu te taisais un peu pour voir ? On entendrait le silence. C'est beau aussi, le silence... Chuuut !

De l'action, de l'humour, du grand spectacle aussi. Des pages, où ça s'agite en tout sens, où ça bataille ferme, au point de ne plus lire le texte tellement c'est palpitant. Et puis toujours de grandes images somputueuses, des doubles pages monstrueuses de précision, de virtuosité où l'on pourrait entendre rouler les pierres du château, où l'on pourrait sentir tomber la pluie.
Si je ne devais garder qu'une page, ce serait d'ailleurs celle de l'averse, ce moment de stupeur qui frappe les héros. Qui pourrait imaginer tout ce qu'il y a de travail, de respect du lecteur derrière cette image ?

Charles amoureux d'une princesse
Charles amoureux d'une princesse

Voilà, mon cher Charles, tout ça pour te dire que chacune de tes visites nous enchante. Pas la peine que je te dise qu'elles sont trop rares, tu le sais. Alors, à très vite, du côté de ce fameux horizon plein de promesses...
                                       Poutous,
                                       ta vieille Za

Charles amoureux d'une princesse
Alex Cousseau & Philippe-Henri Turin
Seuil Jeunesse, octobre 2015

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