la controverse de Bethléem
Toujours chez Actes Sud, La controverse de Bethléem.
Pourquoi ce livre a-t-il attiré mon oeil au milieu de tous les autres ? Le tableau du Greco y est certainement pour quelque chose. Le titre, rappelant la passionnante controverse de Valladolid... Il s'agit ici de la traduction du grec vers le latin des Évangiles par Jérôme au IVème siècle. Les points qui l'opposent à Rufin d'Aquilée sont loin d'être anecdotiques: le péché, l'expiation, le sacrifice, le personnage du Diable... Tant de dogmes qui ont réglé la vie des chrétiens pendant les siècles et dont on découvre qu'ils étaient un peu flous à cette époque. Cette controverse n'est pas anecdotique car la traduction de Jérôme est toujours la traduction en vigueur dans l'Église contemporaine. Ce roman-correspondance, qui court de 380 à 410, entre disputes et réconciliations, se lit d'une traite et nous fait vivre en direct l'invasion de l'actuelle Italie par les Wisigoths.
Moment savoureux, dont je ne sais que penser, sourire ou m'effrayer, l'évocation des ermites du désert, dont la vie de mortification repose là encore sur la traduction, l'interprétation d'un simple mot. Reclus dans des trous creusés dans le sol, enfermés volontaires dans des cages suspendues, broutant l'herbe à même le sol, les "stationnaires" dont certains, par le truchement d'une corde restent debout plusieurs années, les "stylitiques" vivant sur une colonne... Ces pratiques incroyables de mise à mal du corps pour la gloire de Dieu, prêtent aujourd'hui à sourire et me rappelle l'indépassable, l'impayable Thérèse d'Avila vue par Claire Bretécher, à relire absolument. Mais j'ai un peu mauvais esprit, je sais...