Devenir un ogre ! Quel projet admirable pour un enfant ambitieux !
Cette maxime est tirée de l'admirable ouvrage "les Ogres, encyclopédie thématique de l'ogritude" (Albin Michel).
Dans un préambule délicieux, l'auteure du texte, Sylvie Chausse, nous prévient : "L'aspect scientifique de cet ouvrage peut rebuter. Qu'on le comprenne : l'auteur n'a nullement le désir d'amuser, mais celui, tellement plus noble, d'instruire."
Ce traité fort instructif, donc, est magnifiquement illustré par Christophe Durual et Philippe-Henri Turin. J'en ressors incollable sur les délicats us et les remarquables coutumes des ogres, leur anatomie, leur vie sexuelle, sans parler, évidemment de l'impressionnant chapitre consacré à la gastronomie... Et je ne peux m'empêcher de vous livrer un extrait de la recette du Bourguignon qui commence par : "Prendre un vigneron de Bourgogne" et se termine ainsi : "Une variante plus relevée, voire exotique, de cette recette se fait tout simplement en prenant le vigneron au moment où il est est train de sulfater sa vigne."
Ce livre, fort instructif donc, et tout à fait sérieux, vous évitera bien des déboires en vous apprenant, par exemple, comment faire la différence entre une montagne et un ogre endormi. Et surtout... Et surtout... Voilà : je me dois de vous livrer une dernière citation, car la découverte que j'y ai faite est susceptible de bouleverser votre vie, en tout cas, votre prochain mois, surtout si des petits enfants peuplent vos entourages... Bon, allez, j'y vais... "En hiver, l'ogre complète son costume par un habit bordé de fourrure qu'il choisit souvent de couleur rouge afin de ne pas se confondre avec la neige ou les bois noirs. A cette saison, les plus âgés se laissent pousser la barbe pour avoir le menton au chaud." Et quand vous saurez que "la hotte en osier, permet à l'ogre de transporter facilement les enfant capturés pour avoir les mains libres", votre effroi sera complet et vous vous ruerez chez votre libraire pour faire l'acquisition de cet ouvrage essentiel !
Les Ogres
Sylvie Chausse
illustré par Philippe-Henri Turin & Christophe Durual
Albin Michel Jeunesse, 1993
11 novembre
Fanfanre, discours, et puis des petites filles qui lisent en s'appliquant les noms inscrits sur le monument aux morts. Drôle d'impression... Ai-je trop lu Tardi ?
trouvailles
Un brin d'enfance qui a ressurgi à l'occasion d'une flânerie bloguesque... http://charliepop.over-blog.com/article-35667847.html
Je viens miraculeusement de retrouver ce gouleyant album que j'avais complètement oublié très orange, très seventies. Il était au fond d'un carton de livres, fermé, scotché depuis 6 ans (travaux, déménagements). Avec lui, quelques petits camarades kitch et tendres...
Et là, un recueil de contes illustré par Gustave Tenggren, qui se termine sur ce renard extraordinaire qui vient de manger, dans l'ordre, Dinde Dandinante, Oie Maladroite, Caneton Joyeux, Poule Gloussante et Petit Poussin, d'où son air satisfait :
le pot au feu (épopée familiale)
Tout d'abord, un grand merci à Requia qui a eu l'idée de cette saga sur le
pot-au-feu ! Voilà bien une odeur de dimanche ! Voilà bien un sujet éminemment familial ! Et, pour sûr, voilà d'où me vient ce goût immodéré pour le clou de girofle. J'en entends d'ici: " pouah ! beurk ! ça me rappelle le dentiste ! " Certes. Mais moi, ça m'envoie directement chez mes grands-parents, dans une cuisine bleue, au quatrième étage d'un vieil immeuble, 4 place Cassaignol, Narbonne, Aude. |
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séance de chatouilles dans ladite cuisine en février 74, visez un peu la soupière sur le frigidaire ! |
Mais, parlons peu, parlons bien !
Prenons:
-du boeuf genre fibreux et gélatineux (j'adore et ça sèche moins à la cuisson), Mamie pouvait aussi utiliser du veau, le genre de morceaux qu'on
peut utiliser dans l'osso-bucco, voire mélanger veau/boeuf (je suis nulle en nom des morceaux de viande, mais j'essaie de m'améliorer !),
-1 ou 2 os à moelle (chez nous, c'est 2, Jo adore ça aussi, comme ça, pas de disputes autour de l'os, ça fait un peu trop "Vallée des Mammouths,
sinon...),
- quelques clous de girofle, donc (non, je n'en mets pas toujours trop !!).
- Et la touche familiale, depuis au moins quatre générations, nous autres (Benoit, Chêne, Tisseyre...) on ajoute un bon peu (j'adore cette expression, fréquemment utilisée par ma grand-mère) de
concentré de tomate dans l'eau qui va devenir le bouillon,
- sel.
Je balance tout ça dans une grande marmite, un faitout, je couvre d'eau froide.
Pendant ce temps, j'épluche des carottes, quelques branches de céleri & son coeur, des navets, des oignons, des poireaux et des pommes de terre.
Au bout ... d'un certain temps (je fais ça au pif, mais en tout cas, c'est long !) j'ajoute les légumes, sauf les pommes de terre qui cuisent plus vite et seront ajoutées plus tard.
Je sers viandes et légumes sans le bouillon, avec de la moutarde, des cornichons, des câpres. Traditionnellement, ce plat était suivi d'un morceau de fromage de Laguiole ( prononcer Layole, par pitié !), c'est un genre de Cantal qui arrache (je sais que certains adorent les approximations en matière de fromage...). |
Mais tout l'art (et l'intérêt) du pot-au-feu est la manière dont on accommode ses inévitables restes. Le bouillon, avec ses yeux ou dégraissé, pourra être agrémenté de vermicelles, alphabets, langues d'oiseaux... ou servir de liquide de cuisson pour des macaronis au gratin.
Mamie réservait plusieurs sorts aux restes:
- froids en salade avec de l'oignon rouge cru,
- en ragoût sur une base d'oignons revenus dans l'huile, de câpres et de coulis de tomate,
- en croquettes (ce que je préférais): elle hachait la viande, les carottes, les poireaux et les oignons, leur ajoutait ail & persil, un ou deux oeufs. Avec ce mélange, elle formait des
galettes un peu épaisses (taille 1/2 steak haché), les farinait et les mettait à dorer dans un peu d'huile (on peut les servir avec un coulis de tomates). C'était croustillant, délicieux !
Mais pour ce qui est de l'exploitation des restes de pot-au-feu, personne n'arrivera jamais à la cheville de Sonia Ezgulian, qui en a fait un livre entier, qui se lit comme un roman:
"Rebondissements gourmands d'un pot-au-feu du dimanche au vendredi" (Ed. Tana, collection Food). En passant, sa recette de riz au lait est tout simplement indispensable !
Depuis que je suis aux fourneaux du dimanche, ce pot au feu a subi quelques améliorations variations...
Je remplace parfois le céleri en branche par des morceaux de céleri rave, j'ajoute des gousses d'ail dans leur peau, j'oublie le concentré de tomates (l'aventure !)... Jo a coutume de rapporter
des courses quelques succulents morceaux de... cochon, que je potaufise de la même manière. On retrouve d'ailleurs une recette de pot-au-feu de cochon dans l'épatant "Cochon & Fils" de
Stéphane Reynaud (Ed. Marabout). Le travers de porc de cette idée, c'est que le pot-au-feu de rêve de Jo est en fait une potée: chou, saucisse
fumée... On l'a donc rebaptisé le potée-feu, une espèce d'hybride délicieux...
beurk !
Je sors le lapin découpé du frigo. C'est pas jojo, des morceaux de lapin crus, je comprends que ça en dégoûte certain(e)s...
Le fils - C'est quoi ?Moi - Du lapin pour midi.
Le fils - J'en ai déjà goûté ?
Moi - Oui, quand tu étais petit.
Le fils - Je crois que je vais aimer. C'est quoi ça ? Une patte ?
Moi - Oui.
Le fils - Et ça, c'est quoi ?
Moi - Le foie. ( grâce au ciel, il n'y avait pas la tête, je ne supporte pas quand ils mettent la tête...)
Le fils - Et les oreilles? On peut les manger aussi !
Bon appétit...
sur le chemin de l'école
et ça papote...
demain, c'est la rentrée...
- Jusqu'à soixante-cinq ans ? répéta Gabriel un chouïa surpris.
- Oui, dit Zazie, je veux être institutrice.
- Ce n'est pas un mauvais métier, dit doucement Marceline. Y a la retraite. [...]
- Retraite mon cul, dit Zazie. Moi c'est pas pour la retraite que je veux être institutrice.
- Non, bien sûr, dit Gabriel, on s'en doute.
- Alors c'est pourquoi ? demanda Zazie.
- Tu vas nous expliquer ça. [...]
- Pour faire chier les mômes, répondit Zazie. Ceux qu'auront mon âge dans dix ans, dans vingt ans, dans cinquante ans, dans cent ans, dans mille ans, toujours des gosses à emmerder.
- Eh bien, dit Gabriel.
- Je serai vache comme tout avec elles. Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l'éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai des compas dans le derrière. Je leur botterai les fesses. Parce que je porterai des bottes. En hiver. Hautes comme ça (geste). Avec des grands éperons pour leur larder la chair du derche.
- Tu sais, dit Gabriel avec calme, d'après ce que disent les journaux, c'est pas du tout dans ce sens-là que s'oriente l'éducation moderne. C'est même tout le contraire. On va vers la douceur, la compréhension, la gentillesse. N'est-ce pas, Marceline, qu'on dit ça dans le journal ?
- Oui, répondit doucement Marceline. Mais toi, Zazie, est-ce qu'on t'a brutalisée à l'école ?
- Il aurait pas fallu voir.
-D'ailleurs, dit Gabriel, dans vingt ans, y aura plus d'institutrices: elles seront remplacées par le cinéma, la tévé, l'électronique, les trucs comme ça. [...]
- Alors, déclara [Zazie], je serai astronaute.
- Voilà, dit Gabriel approbativement. Voilà, faut être de son temps.
- Oui, continua Zazie, je serai astronaute pour aller faire chier les Martiens."
Et ce fut écrit en 1959. Après re-lecture du roman, je me suis demandée qui oserait encore le publier aujourd'hui, c'est tellement politiquement incorrect...