tendres dragons
Pour tout vous dire, à la maison, question dragon, on serait plutôt outillés...
Et c'est sans évoquer les nombreux ouvrage dragonniers qui encombrent les étagères de la bibliothèque...
Quoique...
Il en manquait un, et pas des moindres !
Mais cette bévue fâcheuse est désormais réparée !
Celui-ci est signé par la même équipe que Les ogres, excusez du peu...
175 pages de grande littérature dragonnière où se mêlent légendes, informations scientifiques de première importance, le tout remarquablement documenté. Dragons du monde entier, de toutes les époques , pas un qui n'échappe à l'esprit inquisiteur de Sylvie Chausse ! Les voilà inventoriés dans leur grande diversité, scrutés sous toutes les coutures, les grands, les petits, les jolis, les moches, les féroces, les méchants, les menteurs, les cruels, les avides, les pacifiques, les soupe-au-lait, les voyageurs, les séducteurs, les farceurs, les familiers, les inconnus, les fascinants, les redoutables... Avec eux leur pendant indispensable, la cohorte des sauroctones, autre nom du tueur de dragon, généralement élevé fissa au rang de la sainteté, alors que, franchement, il n'y a pas de quoi pavoiser... En parcourant ces pages, vous deviendrez incollables sur cette magnifique créature, en particulier sur ses moeurs amoureuses : "Les hommes qui ont vu un dragon prendre une de ces terribles colères qui incendient les forêts et brisent les montagnes, pensent que ces monstres sont incapables de ressentir de la tendresse... Les malheureux, ils ne savent pas avec quelle fougue un dragon déclare sa flamme." (d'où le titre de l'ouvrage)
Je n'ignore plus rien désormais des dragons suisses, des jurons et insultes préférés des dragons, de leur navrant penchant pour la boisson, de l'éducation des dragonnets, de l'oeil du dragon et de son redoutable baiser, de la conduite à tenir en cas de morsure : "On parle souvent des brûlures provoquées par les dragons, et on a tort de négliger les morsures. Cependant, on peut probablement expliquer l'absence de remèdes efficaces pour les soigner par le fait que la morsure se termine généralement par l'ingestion totale du sujet ce qui rend toute médecine bien dérisoire." (voir couverture du livre)
Et puis, il y a le travail d'illustration de Philippe-Henri Turin, dont la modestie va encore devoir souffrir un peu, tant pis. Saluons d'abord son courage, son inconscience même. Faire tenir si longtemps la pose à un dragon, a-t-on idée ? Puis maîtriser la légère nervosité qui doit gagner votre main dans les parages de ce genre de bestiole afin de rendre au mieux les subtiles couleurs de sa robe, les reflets délicats de sa pupille, le mouvement léger, quoique démesuré, de ses ailes diaphanes... Et ces trognes, toutes plus réjouissantes et monstrueuses les unes que les autres... Une centaine de dessins, une folie de couleurs, de précision jubilatoire ! Chapeau bas ! Non, sans rire, c'est du grand art, de la part de celui qui, quelques années plus tard, devait dessiner Charles. J'ai quand même un faible pour le dessin de l'article "grotte", qui représente un dragon assoupi dans le noir, tout en nuances de noirs et d'anthracites... Allez-y voir, c'est page 69 !
Le genre de livres à garder à portée de la main, parce qu'une fois lu,
on n'a qu'une envie : y replonger !