odilon redon
Quelle expo, mes enfants, quelle expo !
Je serais bien incapable de vous livrer une critique digne de ce nom sur ce peintre à l'imagination révolutionnaire. Je n'aurais pas les mots précis et égrainerais sans doute bêtise sur bêtise. Quel intérêt ? Mieux vaut rester dans le partage, l'emballement, l'amour fou pour des images inattendues et inquiétantes.
D'Odilon Redon, je n'aime que les "Noirs". C'est ainsi qu'il appelait lui-même ses fusains, gravures, eaux-fortes. Ces dessins liés à l'univers d'Edgar Allan Poe et que je n'avais pu m'empêcher de faire coller au monde de Mervyn Peake, dans une proximité obsédante avec Gormenghast. L'émotion de voir ces oeuvres vraiment, longuement, m'a encore embarquée dans cette confusion. Des visages, des yeux, des chevaux, des arbres, des fenêtres étouffantes, des êtres plus tout à fait humains mais si terriblement humains quand même, et des regards perdus, éperdus, vides, trop pleins, troublants. Alors tout naturellement, j'ai commencé à raconter Gormenghast à l'amie qui m'accompagnait - et n'en demandait sans doute pas tant, la pauvre...
le têtard
éclosion |
Lui, ce pourrait être Craclosse...
"Il ne semblait pas qu'un visage aussi osseux fût capable d'émettre le moindre son, mais qu'il dût en sortir quelque chose de plus fêlé, de plus ancien, de plus sec qu'une esquille, quelque chose qui pût se comparer à un éclat de pierre." (Titus d'enfer)
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Et je ne t'ai pas encore parlé de Finelame, le séduisant, le vénéneux qui sème la mort à la volée, avec délectation... |
cellule auriculaire |
l'esprit des bois |
Se laisser gagner par l'esprit des arbres, par l'esprit du lierre comme une gangrène qui dévore les pierres, les vivants, et étouffe l'amour, s'il lui venait
jamais l'idée d'éclore ici. |
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le coeur révélateur |
le jour |
tête laurée derrière des barreaux |
Chez Redon aussi, j'ai vu cette idée d'un dehors séduisant et dangereux, d'un ailleurs à épier, faute de pouvoir un jour le rejoindre...
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"Et il apprit qu'il y a toujours des yeux. Des yeux qui guettent. [...] Les vivants et les morts. Les formes, les voix qui se pressent
dans sa tête, car il y a des jours où les vivants n'ont pas de substance et où les morts sont plein d'énergie." (Gormenghast) |
Cette exposition est au Grand Palais à Paris jusqu'au 20 juin,
puis elle déménage à Montpellier au Musée Fabre du 7 juillet au 16 octobre.
Régalez-vous !