le monstre des toilettes
Encore un ovni tout droit sorti de l'Atelier du Poisson Soluble !
Inquiétants, ces ongles, cet oeil, non ? Car il y a un monstre dans les toilettes, je ne vous apprends rien. Un monstre grimaçant et espiègle, glouton, griffu, vraiment pas joli, pas le genre auquel on s'attache. Ce farfadet ricaneur n'est pas sympathique, c'est une vraie terreur, embusquée dans un endroit quotidien dont on fait habituellement peu de cas, sauf lorsqu'on est petit et que c'est par là aussi que passe le sentiment d'avoir grandi ou l'envie de ne pas grandir.
Pas de faux-semblants, donc, ce monstre règne dans un royaume sous-terrain inextricable, tout de plomberie sombre et gargouillante. Comment s'en débarrasser devient alors une question cruciale, une question de survie : donner à manger ou être mangé. J'aime assez la conclusion de cet album, où l'on voit de quelle mauvaise foi l'adulte peut faire preuve lorsqu'il est confronté à un phénomène qui le dépasse visiblement... A ceci près que la sortie du cauchemar demande le sacrifice d'un petit jouet de 7,5 centimètres de haut, aux mains en forme de crochet. Je crois que c'est ça qui m'a achevée. Tout mais pas ça !
Vous l'avez compris, ce diablotin m'a inquiétée pour de vrai, car il est très réussi. Petitou a lu l'album tranquilou sans froncer plus que ça du sourcil. Il l'a beaucoup aimé et relu plusieurs fois. Serai-je plus impressionnable que lui ? Quand on le connaît, on sait que ce n'est pas possible...
Le monstre des toilettes ressemble à un film muet : les images en noir et blanc de Sara Pegorier, soigneusement cadrées et encadrées, cette manière d'intégrer le texte sous l'image, comme les cartons des films sans paroles. Et un petit air Art nouveau tout à fait bienvenu a fini de confirmer cette impression. Ce premier album est une vraie réussite !
Le monstre des toilettes
Saralisa Pegorier
l'Atelier du poisson soluble
octobre 2011