le langage des oiseaux
Sept contes inattendus de Claude Boué,
superbement illustrés par Christel Guibert,
le tout encore une fois édité par l'Atelier du poisson soluble !
Et voilà un bel album pas que pour les enfants !
Car le monde est né de la colère d'une petite fille,
et un idiot peut y découvrir d'infinies les richesses.
Et qu'y a-t-il de plus difficile à trouver pour un roi que la chemise d'un homme content,
mais vraiment content de son sort et qui ne craint pas la mort ou en a pris son parti...
Voyager par les mers et les montagnes,
comprendre la langage des oiseaux,
se cacher pour être aimé,
se cacher si bien et découvrir les mystères de l'être aimé, tous.
À moins que la vérité ne soit enfouie quelque part,
là-bas,
sur les rives des deux fleuves
où coule l'eau noire...
Une fois cet album refermé, vous l'ouvrirez à nouveau, histoire de reprendre une petite goulée des dessins doucement mélancoliques, maîtrisés dans le moindre mouvement, étalés sur deux pages (au diable les pliures !), et surtout, croyez-moi, vous reprendrez jusqu'à plus faim de la proximité du style décalé de Claude Boué qui vous sussurre directement son histoire dans le creux de l'oreille...
Comme cette superbe adaptation du Petit Chaperon rouge,
certes faite et refaite,
mais ici parfaite !
- Eh bien, voyez-vous, un gage, naturellement c'est... Voyons, mon gage, si je gagne... c'est que... vous devrez me donner un baiser... UN VRAI BAISER D'AMOUREUSE...
À peine elle a dit oui, lui, il disparaît sur le chemin des aiguilles à la vitesse d'un battement de cils tandis qu'elle, sur le chemin des épingles:
- Comme c'est joli, cette verdure ! Oh ! Le mignon petit animal à la queue en panache ! Que l'air de la forêt est doux ! Et quels parfums délicieux ! Il faut absolument que je respire toutes ces fleurs ! Ce jeune homme me plait. Il veut m'embrasser. Pourquoi ne l'a-t-il fait sur le champ ? Quelle torture de devoir aller lentement, mais il faut que je perde ! Que les garçons font de complications !
Lui, il est déjà devant la maison de Mère Grand. D'un geste, il fend sa peau d'homme, la fait tomber à ses pieds.
C'est un loup, un énorme loup gris à la prunelle noire comme le charbon, à la babine rougeoyante."
(La Chaperon rouge)