have yourself a merry little christmas
Et voilà.
Il fallait que ça arrive.
Il fait noir, en plus. On n'y voit rien du tout.
Et ce bras en l'air qui commence à me faire mal.
Quel idiot.
On m'y reprendra, tiens.
Tout ça pour cultiver l'image du bon gros, jovial et tout. Qui diable a touché aux normes qui réglementaient le diamètre des cheminées ?
Encore que je ne m'en tire pas trop mal. Ils auraient pu rajouter une bûche avant d'aller se coucher. Des attentionnés. Et puis propres avec ça. Le genre à ramoner tous les ans. Ce qui me console, c'est que je devrais en ressortir à peu près net.
Pas sûr.
J'ai vraiment mal à l'épaule.
Je n'aurais pas dû lancer le sac en premier. Ça m'apprendra. J'ai l'air de quoi, maintenant, accroupi sur cet ours en peluche ?
Je ne vais pas passer toute la nuit comme ça. Si j'appelais ? On viendrait me chercher.
Pas sûr.
Si ça se trouve, ils sont partis en vacances. Skier. C'est la saison. Cochonnerie de neige. Pas moyen de poser le sac par terre, ça détrempe le papier cadeau. Et pour se repérer, depuis là-haut, des toits, des rues, des toits, des rues, tous blancs, c'est coton !
Il faudrait que j'arrive à me relever. En me mettant sur la pointe des pieds, j'atteindrais peut-être le haut de la cheminée.
Pas sûr.
Allez, j'y vais.
Et voilà. Trop court. Pas de beaucoup, mais trop court. Le sac a glissé. Si je tape du pied, il continuera à descendre, et moi avec.
Pas sûr.
L'ours en peluche ne sera plus très présentable après ça. Tant pis.
Le sac descend enfin ! Et pas moi.
Le ceinturon. C'est la boucle de ce maudit ceinturon. Purement décorative et bloquée entre deux briques. Ah, j'ai bien fait de la nettoyer ce matin. Mais pourquoi faut-il que je ressorte la panoplie complète tous les ans alors que, logiquement, personne ne me voit ? Je pourrais même me raser la barbe. Qui ça gênerait ? C'est comme ma silhouette. J'aurais perdu quelques kilos, je n'en serais pas là. Foutue image de marque.
Allez, je vire la ceinture. Je glisse doucement.
Ah... AH... AAAAAH !
C'est fait. Pas de braise, pas de cendre. Elle est bien grande, leur cheminée... Mais où je suis tombé ? C'est immense ici ! Jamais vu un salon pareil ! Et il est où, le sapin ? Où ils me l'ont mis ? Il n'y a pas de meubles... Et ce parquet qui craque... Et puis ça résonne ! Je n'aurais pas dû mettre ces bottes. Il n'y a pas à dire, il faut vraiment que je revois le costume en entier !
Dis-donc, ils ont l'air d'aimer les tableaux, il y en a partout. Des grands, des petits, pas un mur sans tableau... Je n'ai pas le souvenir d'être déjà venu ici. Il ne doivent pas avoir d'enfant. Je me suis encore trompé. Un autre salon et toujours pas de sapin. Tant pis, je m'en vais. Je ne vais pas poser ce pauvre ours en peluche tout seul, dans un coin. Ce serait pathétique. En plus, il est tout ratatiné. Ça suffit, je m'en vais.
Pas sûr.
Il faudrait d'abord que je trouve la porte.
Je n'en peux plus de ces tableaux !
C'est bizarre...
Celui-là...
Je crois que je l'ai déjà vu quelque part...
have yourself a merry little Christmas
let your heart be light
from now on
our troubles will be out of sight...