dans la forêt du paresseux
Il y a livre animé et livre animé.
Les pop-up fleurissent en ce moment comme les poils sur les pieds d'un hobbit. D'autres se parent de découpages savants, de dentelles délicates d'une fragilité telle qu'à peine achetés, ils sont illico remisés loin des petites mains dévastatrices, comme des reliques. Et lorsque l'animation ne vient que vaguement en contrepoint du texte, lorsqu'elle ne sert qu'à nous en mettre plein la vue (mais que c'est fait exprès, que ça se voit, pas comme le Drôle d'oiseau de Philippe Ug, on en recause bientôt), on les referme en ce disant, "oui, et ?", ou "so what ?" si on est d'humeur british. On en arrive alors à des livres qui n'en sont plus ou, pire, qui s'excusent d'en être. Et ça aurait tendance à m'agacer.
Du coup, celui-ci m'a agréablement surprise, je dirais même qu'il m'a déçu en bien (ça, c'est quand je suis d'humeur helvète), enfin, bref, je l'aime !
Je l'ai mis en douce sur la lettre au PN, et le grand barbu l'a déposé sans faillir dans les petits souliers pointure trente-trois. Preuve qu'il a un goût très sûr malgré son grand âge...
Dans la forêt du paresseux, il y a un monde fou. Des animaux en pagaille se camouflent au pied des arbres, des oiseaux multicolores animent le feuillage, des gens se promènent, discutent, rêvent et le paresseux dort...
Tout à l'air paisible et harmonieux, sage et bien rangé, jusqu'à l'arrivée d'engins aux mâchoires impitoyables. Chaque page tournée voit la forêt se vider de ses habitants. Et le paresseux ? Il dort toujours, sans se douter que désormais, il ne reste plus que son arbre...
La forêt finira par renaître, plus belle encore et plus sauvage. Elle revivra de la main de l'homme, ce qui mérite d'être remarqué, pour une fois qu'on ne nous sert pas l'habituel discours écolo-culpabilisateur.
Dans la forêt du paresseux fourmille de détails qui invitent à se perdre entre les arbres. Le texte de Sophie Strady n'est pas écrasé par les planches pop-up, qui ont une vraie utilité dans le récit. Voilà un livre dont je ne suis pas prête de me lasser !
À découvrir, de trois à cent trois ans !
la vidéo sur le blog de la Soupe
Anouck Boisrobert et Louis Rigaud
Sophie Strady
2010