coraline

Publié le par Za

Le courage, c'est quand on a peur, mais qu'on y va quand même.


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Chers parents, si un jour, d’aventure, vos minuscules ont émis l’hypothèse qu'ils seraient mieux considérés dans une autre famille, ce film est pour vous. Enfin pour eux…

Chers oncles, tantes, parrains, marraines, en butte à de ravissants tyrans de moins d’un mètre cinquante maudissant leur sort de sales enfants gâtés, ce film est pour vous. Enfin, pour eux…

Car dans la vie de Coraline, tout va de travers. Des parents très affairés, un déménagement  inopportun, une nouvelle maison de guingois, loin de tout, sans compter la pluie. Parce que, sachez-le, parfois, les éléments eux-mêmes se liguent avec les circonstances. Si vous voyez ce que je veux dire…

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Coraline est à l'origine un court roman de Neil Gaiman publié en 2002, aussi sec couronné d'une rafale de prix, tartiné de louanges et comparé à Alice au pays des merveilles, rien que ça – parce qu’à partir du moment où une petite fille passe dans un univers parallèle, vlan ! nous voilà du côté d’Alice. C’est bien d’avoir des repères simples. Quoi qu'il en soit, ce texte à peine terminé, Neil Gaiman demandait à son agent de le faire parvenir, au cas où, à Henry Selnick, réalisateur de l'Étrange Noël de Mr Jack...

 

Coraline a donc des parents très occupés - Petitou laisse-moi, j'ai une chronique sur le feu - qui ne lèvent guère les yeux de leur ordinateur - je n'en ai pas pour longtemps, sois patient. Ou va jouer. Mais tout seul. Au hasard de l'exploration de leur nouvelle maison, parce que les enfants désœuvrés finissent toujours par trouver de quoi s’occuper, n’est-ce pas mon mignon ? la demoiselle va trouver ailleurs l'attention qu’elle cherche, au risque de tomber sur de nouveaux parents formidables, copie conforme des siens, absolument disponibles, mais vaguement inquiétants. Oh, trois fois rien, ils ont de gros boutons noirs à la place des yeux, comme ces poupées de chiffon, figée à jamais sur un sourire cousu main.  Souriantes mais flippantes…

Coraline hésita. Elle se retourna. Son autre mère et son autre père venaient vers elle en se tenant par la main. Leurs yeux-boutons noirs étaient fixés sur elle. En tout cas, elle en avait l'impression. Elle n'aurait pu en jurer.

L'autre mère tendit sa main libre et, l'index replié, lui fit gentiment signe de revenir. Ses lèvres décolorées articulèrent les mots Reviens vite, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

Coraline inspira profondément, puis fit un pas dans les ténèbres où murmuraient des voix étranges tandis que le hurlement du vent résonnait dans le lointain. Tout à coup, elle eut la certitude qu'il y avait quelque chose derrière elle, dans le noir - quelque chose de très ancien et de très lent.

Le texte de Gaiman est finalement assez abstrait. Et c’est ainsi que l'envoûtement fonctionne, de Charybde en Scylla. Neil Gaiman va à l'essentiel, nous livre un squelette, une ossature solide et inspirante, construite sur l’os, sans superflu.

Et le film, me direz-vous…

 

 

Tout commence avec ce générique, ces premières images percutantes, envoûtantes. La référence à Burton et Edward aux mains d'argent saute immédiatement aux yeux, sans parler de la musique de Bruno Coulais qui, s'il zyeute souvent du côté de Danny Elfman, a - encore une fois - bien révisé son Benjamin Britten... Le genre de générique qui vous ferre immédiatement.

Le film traduit à la perfection la fascination vénéneuse, noire, oppressante que les parents alternatifs exercent sur Coraline. Car, comme dans tous les contes, la sorcière est en embuscade, le chat noir rôde, les artistes de music-hall empaillent leurs chiens. Ah non, ça, ce n'est pas très courant. Pas plus que les acrobates dresseurs de rats savants, d'ailleurs. La parenté avec Burton est aveuglante, il n’y a qu’à voir les éléments végétaux pas rassurants - ces gens-là ont une manière de représenter les arbres qui pourraient me dégoûter des balades en forêt, si ce n'était déjà fait. 

L'action se tend comme le fil de l'araignée, entre beauté et terreur, scènes loufoques et suspens à couper au couteau.  À déconseiller aux plus jeunes. Petitou a fait quelques bonds. Si nous avions vu ce film au cinéma, sur un grand écran, il m'aurait certainement arraché un bras... Nous dirons donc qu'à partir de 8 ans, c'est jouable. Mais surtout, chers adultes qui accompagnez avec abnégation votre progéniture dans sa découverte de la création cinématographique, et regrettez parfois d'avoir si bon cœur, je vous jure que vous ne vous ennuierez pas (non, je n'ai rien contre Rebelle) ! Tout le monde en aura pour son argent, les grands et les petits, sans clins d'œil appuyés aux grands (non, je n'ai rien contre Shrek), sans guimauve mystique (non, je n'ai rien contre Brendan et le livre de Kells).

Coraline est, en un mot comme en cent, un pur moment de jubilation.

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V
<br /> situons le contexte : j'ai vu le film entourée d'élèves de 4ème et là, je n'ai pas trouvé ça très appropriée à leur âge ... ^^<br />
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Z
<br /> <br /> Là, je comprends <br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> j'avais adoré le bouquin (le seul de Gaiman que j'ai aimé d'ailleurs...) mais je suis sceptique quant au film, j'ai trouvé ça "bébé"...<br />
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Z
<br /> <br /> Ce n'est pas l'avis de Petitou qui m'en reparle encore en claquant des dents <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Voilà un Burton comme j'aime :-) Je suis restée complètement d'Eward aux mains d'argent...<br />
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Z
<br /> <br /> Tout à fait d'accord !<br /> <br /> <br /> Je suis aussi très Noces funèbres, et surtout Sleepy Hollow !<br /> <br /> <br /> Son Alice, en revanche...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> J'en ai oublié de te dire que j'ai adoré le film, vu avec les garçons, mais comme tu dis, avant 8 ans c'est quand même un peu juste... Certaines scènes ne sont pas évidentes... Par contre je n'ai<br /> pas lu le livre<br />
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Z
<br /> <br /> Le livre est très différent, finalement.  Mais plus flippant !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Ouh là, c'est fou ce que ton billet fait d'écho en moi, le pire c'est quand les tyrans ont plus d'un mètre cinquante (c'est à dire environ 18 ans ) C'est juste que ça lui va tellement bien ce rôle "maudissant leur sort de sâles enfants gâtés", c'est juste que parfois ça<br /> fatigue terriblement, surtout quand on fait tout pour eux. Tu connais cette citation "petits enfants petits soucis, grands enfants grands soucis", c'est tellement vrai... Parfois je regarde juste<br /> cette période ou elle était petite avec une grande nostalgie !! Bon, à part ça, toi ça va ?<br />
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Z
<br /> <br /> Ici, on ne mesure encore qu'un mètre trente-cinq... Ce qui décourage, c'est je pense, l'impression de tout faire pour eux, jusqu'à s'oublier parfois, pour avoir l'impression de les déranger<br /> lorsqu'on leur téléphone pendant leurs vacances, alors qu'on ne les a pas vus depuis quinze jours... L'ingratitude ! C'est pourquoi je pointe parfois les moments d'égoîsme pur, pourquoi je<br /> rappelle que, ô surprise, oui, moi aussi j'ai une vie...<br /> <br /> <br /> Sinon, ça va plutôt pas mal. L'envie de retourner à l'école vient de me prendre. Pourvu qu'elle ne me lâche pas trop vite !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> wharf, excellent ton billet ! j'adore tes petits traits d'humour (même sans les faux "barrés"...mouais...) Livre aussitôt commandé chez mon gentil libraire ! (un peu de culpabilité parentale<br /> ?...) et puis, ça fait moins peur que l'autre peregrine !<br />
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Z
<br /> <br /> Ouais bon, les faux barrés, c'est un peu faux cul, j'avoue... Mais j'ai peur de perdre la considération de certain(e)s en avouant publiquement que "Brendan et le livre de Kells m'est tombé des<br /> yeux... Et puis Rebelle, on a beau être bon public, c'est nase !<br /> <br /> <br /> Pour le reste, dans un premier temps, en effet, ça fait moins peur que Peregrine. Mais attention au double effet Coraline ! <br /> <br /> <br /> <br />