charlepogne & poilenfrac
Les deux rois et les quatre chevaliers se grattèrent le menton, la joue et le haut du crâne. Mais rien à faire.
Aucune idée ne pointait son nez.
" Qu'allons-nous devenir ? gémit Charlepogne. Si nous sommes incapables de faire la guerre, personne ne se souviendra de nous ! Les artistes lèguent des oeuvres inoubliables, les savants produisent des inventions qui changent la vie de tous les jours, mais les rois, à quoi servent-ils s'ils ne laissent même pas le souvenir de leurs guerres ? "
Poilenfrac acquiesça:
"Un roi sans guerre, ce n'est plus un roi."
Car voilà bien tout le dilemme de ces deux rois d'opérette dont les redoutables armées, comptant chacune deux chevaliers, n'arrivent pas à bout d'un conflit sanglant et viril où, pour tout arranger, un cheval sème la pagaille en... miaulant !
Ça boude, ça rigole, ça s'ennuie ferme entre deux échauffourées. Les deux enfants gâtés couronnés viendront-ils à bout de ce cas de conscience proprement historique ?
Le texte de Roland Fuentès est drôle et brillant. Tout le monde y trouve son compte. Le petit, ravi devant les aventures foutraques de ces chevaliers désastreux. La grande, enfin moi (je précise
à cause de l'adjectif), car voilà un album foutrement bien écrit, ce qui ne se rencontre pas tous les quatre matins et qui me rappelle que dans littérature de jeunesse, il y a
littérature. Le dessin d'Olivier Tallec, à mi-chemin entre geste médiévale et joyeux carnaval, apporte sa simplicité et sa clarté à l'histoire. Les bleus contre les oranges, car
finalement, seule la couleur sépare des belligérants semblables, pour ne pas dire parallèles.
À redécouvrir d'urgence !
Roland Fuentès et Olivier Tallec
éditions Le Baron perché, 2007