le journal de Gurty - Marrons à gogo
A chaque saison ses vacances. Celles d'automne ne sont pas les moindres, et je peux vous assurer que je m'y connais en vacances. Je l'ai toujours dit : l'automne, y a pas mieux comme saison. Et ce n'est pas parce que je suis née au mois d'octobre, non. L'automne a quelque chose d'indéfinissable, de délicieux. Je ne savais trop comment définir ce goût de l'automne lorsque je suis tombée sur la quatrième de couverture de Marrons à gogo.
J'avais ma réponse.
En automne, la nature sent des fesses. Tout pourrit, tout croupit, tout moisit. N'est-ce pas fabuleux ?
Eh bien si, c'est fabuleux. En automne, on peut s'enfouir dans des tas de feuilles perclus d'odeurs délicieuses, on peut goûter le vent, le soleil se couche plus tôt, ce qui fait davantage de nuit et d'occasions de rêver. L'automne est la saison propice à l'aventure, à la magie. Puisqu'on vous dit que c'est fabuleux ! Et ça l'est encore plus à hauteur de chien, vous pouvez faire confiance à Gurty.
Comme toujours mais mieux, Bertrand Santini mêle candeur et rigolade, gravité, poilade, et suspens. Sans parler de l'utilisation réjouissante du mot faribole. La marque de fabrique des journaux de Gurty demeure le décalage entre la vision que nous pouvons avoir du monde, des châtaignes, des cerfs-volants et des tas de feuilles et le point de vue de la petite chienne.
Chaque automne, mon Gaspard et moi, on se régale avec un jeu super.
Lui, il s'amuse à faire un gros tas avec les feuilles éparpillées devant la maison, et moi, dès qu'il a fini, je saute dans le tas pour tout disperser.
Alors il s'amuse à tout recommencer depuis le début en criant, alors je ressaute dans le tas pour tout disperser, alors il s'amuse à tout recommencer depuis le début en criant, alors je ressaute dans le tas pour tout disperser.
Je vous avais bien dit que c'était super !
La galerie de personnages qui fait tout le sel des deux précédents tomes est encore là, les amis fidèles, les meilleurs et les pires. L'indétrônable Fleur, le répugnant - mais indispensable - Tête de Fesses sans oublier l'écureuil. Dans le premier tome, il faisait hi hi et il agaçait. Dans le deuxième tome, il faisait bla bla et il agaçait. Aujourd'hui, il fait houuuuuuu et il agace, c'est plus fort que lui. Il faudrait un jour y revenir sérieusement et consacrer une chronique complète à ce personnage plus complexe qu'il n'y parait, retors, bougrement malin. Mais agaçant. Si l'amitié est toujours au centre du propos, les relations entre espèces prennent ici un relief nouveau, exempt de tout spécisme. Je ne saurais trop vous conseiller le récit de la création de la Terre par les chats...
- Voyez-vous, au commencement, la Terre était uniquement peuplée de chats et de souris, a poursuivi Tête de Fesses. Ah, mes amies ! Quel paradis c'était ! L'harmonie et la beauté régnaient sur cette planète unique au monde, diamant solitaire flottant au milieu du cosmos. Dans cet Eden, chats et souris s'entendaient comme lardons en foire. Nous nous amusions tout le jour avant de nous quitter le soir - les chats, le coeur content, et les souris, les tripes à l'air...
Et pour savoir comment l'humain intervient dans ce tableau idyllique, rendez-vous à la page 106. L'humain, justement, dont Gurty découvre qu'il ne lui veut pas que du bien, et pour des raisons parfaitement imbéciles qui plus est. Qui est l'animal de l'autre... Je pense sincèrement que ce troisième tome du Journal de Gurty pourra vous faire avancer dans cette réflexion. En disant vous, je me demande d'ailleurs à qui je m'adresse... Et je me sens obligée de rappeler que les trois volumes du Journal de Gurty s'adressent à tous, au lecteur adulte qui sait qu'un bon livre fait rigoler et réfléchir (et rigoler), et au minuscule qui sait parfaitement que les livres sont des amis indéfectibles. Et rigolos.
Le journal de Gurty
Marrons à gogo
Bertrand Santini
Sarbacane - Collection Pépix