L'oiseau de Colette
Des cartons dans le jardin. On déménage, on emménage et tout est à recommencer. Dans ce quartier en noir et blanc, le ciré jaune de Colette fait office de lumière. Son ciré et la mention fragile, qui éclate sur un carton vide. C'est cette boite banale entre toutes qui sert de prétexte à Colette pour entrer en contact avec les enfants du quartier. Dans le carton, il y avait son animal de compagnie - parfaitement imaginaire, qui s'est enfui.
De rencontre en rencontre, l'imagination de Colette brode autour de cet animal. Il s'étoffe, prend des couleurs, un nom, devient extraordinaire au fur et à mesure que la bande s'agrandit. Et personne ne trouve à redire, personne ne doute des talents de cette perruche devenue géante au détour d'une rue. Le groupe fait corps autour de Colette qui balade son petit monde, au sens propre autant qu'au figuré.
Il n'est pas ici question d'affabulation, encore moins de mensonge, évidemment. Colette parvient à fédérer une bande autour de la possibilité d'un oiseau fantastique. Peu importe qu'il existe ou non, la force de l'imagination et le plaisir de consentir à l'histoire suffisent.
La belle sensibilité d'Isabelle Arsenault fait mouche un fois encore. Avec une saine économie de moyens, elle nous fait adhérer sans réserve à cette petite bande accueillante. On en redemande, et on en aura encore : Isabelle Arsenault nous promet en fin de livre d'autres aventures de La bande du Mile-End, quartier de Montréal où elle réside.
Isabelle Arsenault
L'oiseau de Colette (La bande du Mile-End)
Colette's Lost Pet (A Mile End Kids Story)
Les éditions de la Pastèque, mars 2017