le journal de Gurty
Des trains, il y en a plein. Au moins quatre. Il y en a un pour Paris, un pour la Provence et puis un autre pour l'Amérique, mais celui-là, il vole.
C'est justement du train pour la Provence que débarquent Gurty et son maître, sur le quai de la gare d'Aix-en-Provence, pour de longues vacances, du 1er au 42 juillet. D'ailleurs, une petite invraisemblance pour commencer, qui peut bien bénéficier de vacances aussi longues ? (à part moi, bien sûr)
Mais en attendant, je suis allée me coucher. La sieste dans le train m'avait épuisée et il fallait que je sois en forme pour demain, car j'aurais plein de vacances à faire.
Qui d'autre aurait pu brosser cet hilarant bestiaire ?
A ma surprise générale, Gaspard m'a traité de cochonne et il m'a dit que c'était nul d'avoir tué "un animal comme moi".
Mais d'abord, c'est pas moi qui l'ai tué, le rat. Il s'ennuyait tout seul dans la cuisine, alors je l'ai mordu pour rigoler et ensuite, il est mort de vieillesse, peuchère. Et puis, le rat n'est pas "un animal comme moi". Lui, il est moche et noir, alors que moi je suis belle et en couleur.
. Car les livres, tout le monde le sait, c'est surtout fait pour faire réfléchir, notamment lorsqu'on s'adresse à des enfants, personnes au cerveau maléable, puisqu'en cours d'élaboration. Et j'en connais un rayon en cerveaux enfantins (comme dirait le Yark), vu que je passe une grande partie de mon temps à essayer d'en remplir une vingtaine (de cervelles). (le reste du temps, je suis en congés)
Grâce soit rendue à l'auteur de ce livre, ces vacances trépidantes et joyeuses sont également pour la candide Gurty l'occasion de se poser quelques questions essentielles, pour ne pas dire existentielles. A cet égard, nous lirons avec attention le chapitre en date du 32 juillet, intitulé Les oiseaux, une petite merveille du genre...
A ce sujet, des légendes prétendent que lorsqu'on meurt, on va au ciel. Si c'était vrai, ça ne changerait pas grand chose pour les oiseaux, de toute façon. Mais je trouve que ce ne serait quand même pas une raison pour les tuer de leur vivant.
Bizarre cette légende... Si elle était vraie, on ne saurait jamais si les oiseaux qu'on voit passer dans le ciel sont des vivants ou bien des morts.
J'arrive au terme de ce billet en me posant deux questions.
La première est importante, la seconde est cruciale.
La première donc : me suis-je bien fait comprendre ? Allez-vous, une fois ma chronique lue, vous ruer chez votre libraire indépendant le plus proche afin d'acheter ce roman échevelé et désopilant, qui vous tartinera de tendresse, à défaut de le faire de caca ? (car le caca est ici élevé au rang des beaux-arts, s'il en fallait un dixième)
La seconde me hante depuis plusieurs jours. Dans le rabat de la première de couverture, on peut lire ces quelques mots : Sous le pseudonyme de Bertrand Santini, Gurty a écrit et illustré ce livre elle-même. Cette phrase m'a fait frémir. Mais alors, lecteur chéri, si Gurty, toute mignonne et poilue qu'elle est, se révèle être la plume de Bertrand Santini, qui, je te le demande, lecteur égaré, alors qui, juste ciel, a écrit le Yark ?
Le journal de Gurty
(Vacances en Provence)
Bertrand Santini
(à moins que ce ne soit la personne à côté)
Sarbacane
collection Pépix
mai 2015 (c'est à dire tout de suite)