une femme et un homme
Deux maisons se font face, deux fenêtres, deux derniers étages. Pas de la première jeunesse, les bâtisses. De l'herbe sur le toit, le crépis qui s'effrite, deux maisons grises et exiguës au-dessus d'autres toits tout aussi tristounets. Et pourtant...
Chacun à sa fenêtre, une femme et un homme se rencontrent. Elle est là depuis longtemps, toujours peut-être. Il vient d'arriver. Et la conversation s'installe, découverte, défis, sourires.
Format à l'italienne, reliure horizontale, voilà un album pas tout à fait comme les autres. Le dialogue entre la femme et l'homme, présenté au-dessus de l'image, flirte avec un surréalisme joyeux et tendre. Le texte de Grassa Toro est une joute tendre et amusée, une surenchère poétique.
- Qu'est-ce que vous mangez ?
- Des pêches, a-t-elle répondu.
- Entières ? s'est-il exclamé avec surprise.
- Non, seulement le noyau. Manger le reste, c'est facile. J'essaie d'éviter les situations faciles, a-t-elle prévenu.
Les collages facétieux d'Ana Yael ne se contentent pas d'illustrer le texte, ce serait trop facile, ils accompagnent le texte plus loin encore. Il n'y a rien à croire, rien à voir, il n'y a qu'à imaginer. Les maisons se transforment au gré de la conversation, profitent même de l'absence des protagonistes pour se parer d'atours végétaux spectaculaires.
Boire à même les nuages, user d'un mètre pliable pour évaluer la distance qui nous sépare de l'autre, descendre pieds nus dans la rue, se laisser porter par des oiseaux... Rien n'est trop beau pour enchanter cette rencontre.
Impossible de n'être pas ému par cette lecture, de ne pas béatement sourire en refermant ce livre.
Une femme et un homme
Grassa Tora & Ana Yael
L'atelier du poisson soluble
mars 2014