(aujourd'hui, c'est série) le Trône de fer # et de 4 !
Ce qui est pénible attendrissant chez les série-addicts, c'est leur propension à considérer l'objet de leur affection comme une sorte d'alpha et d'omega. Rien n'a existé avant, rien n'existera après. A tel point que le pauvre - enfin pauvre, l'infortuné - enfin infortuné, George RR Martin, alias GRRM, s'est vu récemment obligé de préciser que oui, il y aurait une suite à la quatrième saison, qu'elle était même déjà écrite. Pire, déjà publiée. Je vous jure. Et même traduite en français, lucky you !
On devrait jamais quitter Winterfell pourrait être le sous-titre de cette quatrième saison, si les producteurs ne lui avaient préféré le nettement plus glamour All men must die, ou Valar Morghulis - pour ceux qui auraient fait haut-valyrien LV2. Pour ma part, après mûre réflexion, j'aurais choisi La psychologie, y en a qu'une : défourailler le premier, tant la plus élémentaire réflexion, le plus simple sens de la realpolitik semblent faire défaut à nos héros. Né-go-cier, ce n'est tout me même pas compliqué de né-go-cier. Mais non, vous les connaissez, le genre réservé, mousse et pampre, c'est tellement plus festif de de se vautrer dans la tripaille ! Pour y avoir vu passer un flot d'intestins tout frais, je ne saurais trop vous déconseiller le septième épisode aux heures des repas. On ne peut donc hélas que déplorer de voir la ruse céder trop souvent le pas au coup de hache dans la tronche, ou à l'explosion à deux mains de la boite crânienne - je ne vous dis pas qui, je ne vous dis pas quand, je vous laisse la surprise.
Notons aussi au passage quelques citations flagrantes. L'épopée de Daenerys se fend d'une allusion à Spartacus - à force de libérer des esclaves, c'est bien le moins qu'elle pouvait faire. Et puis le dernier épisode cligne joliment de l'oeil vers Jason et les Argonautes, version 1963. Mais je ne vous en dis pas plus, je m'en voudrais de spoiler. Se poiler, c'est une chose, spoiler, c'est mal.
Pourtant, elle est fan, je le sais. La preuve !
Mais revenons à nos sauvageons. M'étant l'an dernier attardée sur les personnages féminins de la troisième saison, j'apporterai cette année un brin de testostérone à ma chronique. Parce qu'il faut reconnaitre, c'est du brutal.
Jon Snow d'abord, sans peur et sans reproche, est toujours droit dans ses bottes, le sourcil immanquablement chiffonné, agacé comme tout par l'incurie béante de ses supérieurs. Il recevra quand même une belle leçon de savoir vivre de Mance Rayder. Leçon inattendue mais très classe. Du coup, entre la marmoréenne Garde de nuit et des Sauvageons qui ne sauraient plier le genoux devant un quelconque monarque, mon cœur s'est mis à balancer. L'ennemi n'est peut-être pas celui qu'on attendait et le salut a un arrière-goût pas frais.
Attention les filles - et les garçons, voici Oberyn Martell. Mû par la vengeance, bisexuel, lettré, raffiné et viril, fine lame, il est, de loin, un des personnages les plus fascinants de cette saison. J'oubliais : il a un accent... torride.
Et le Limier, Sandor Clegane, brutasse au grand cœur - mais qui l'ignore -, protecteur d'Arya Stark bien malgré lui. Je ne saurais me lasser de ses considérations sur la vie en général et le meurtre en particulier, considérations mises immédiatement en pratique, de façon un brin péremptoire, quoique efficacement définitive. A moins que ce ne soit définitivement efficace.
Lors de la séance de dédicaces de George RR Martin à Dijon, un lecteur arborait une pancarte sur laquelle on pouvait lire cette supplique "Don't kill Tyrion !" Son personnage, forcément fragile, de pur jouisseur est devenu inquiet et lucide, véritable pivot de l'intrigue. Je m'adresserais alors à son ange gardien, monsieur GRRM, qui tient son destin au bout de sa plume : "Yes please, don't kill Tyrion..."
Et les dragons, me direz-vous ? Il y en a toujours. Mais moins mignons. Le dragon, sachez-le, grandit vite, et cesse aussi très vite d'être...
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