sortie, concours & interviou !
Allez zou ! Le voilà en librairie, notre roman tout neuf !
Si vous n'avez jamais entendu parler un corbeau, c'est le livre qu'il vous faut !
Si vous n'avez pas peur de sentir battre votre cœur, voilà un roman pour vous !
Si vous avez le pied marin, ou si, au contraire, vous souffrez du mal de mer, A cœur ouvert vous attend !
A cette joyeuse occasion, Marie-France Zerolo, ma co-auteure, et moi, nous vous avons concocté un petit concours tout à fait fastoche, pour peu que vous soyez un brin observateur... Vous pourrez gagner un exemplaire dédicacé du livre, assorti d'un exceptionnel marque-page ! Vous avez jusqu'à dimanche 14 juin à 18h ousk'il y aura un tirage au sort parmi toutes les réponses exactes...
Prêts ? A vos neurones !
À votre avis, de quoi peut-il être question dans notre livre À cœur ouvert ?
a. de chirurgie cardiaque
b. de gens au caractère bien trempé (au sens propre) qui se rencontrent, d'un corbeau messager et d'une caravane flottante
c. d'un régalec, une sorte de poisson chelou
d. la réponse b
e. de dissection de l'aorte
f. d'un fada qui chante
g. réponse libre en moins de 6 lignes et surtout pas en visioconférence, merci.
Vous pouvez répondre en me laissant un commentaire, ici, sur Facebook ou sur Instagram.
Imaginez un exemplaire rien qu'à vous, avec une mignonne dédicace comme celle-là ou avec plus de mots d'amour, c'est selon...
Et puis l'interview ! Celle avec nos bobines ! Venue tout droit de la chaîne YouTube de notre éditeur à nous, les Editions courtes et longues !
à coeur ouvert, notre roman
Un roman choral.
Non, ce n'est pas un roman qui chante. Encore que. Il y a une histoire de chansons, à un moment. Marie-France Zerolo et moi avons écrit un roman choral, et en plus, à quatre mains. Comme le piano, à quatre mains. Mais il n'y a pas de piano dans le roman. Vraiment.
Ce roman s'appelle A cœur ouvert, il est publié par les Éditions Courtes et longues.
En attendant son arrivée en librairie au début du mois de juin, on vous a préparé une petite interview de... nous.
- Comment vas-tu ?
EBM : En ce moment, je vais à surtout à pied. En tout cas j'essaie. Je travaille depuis quelques temps à la maison, comme beaucoup de gens. Mon périmètre s'est rétréci et se parcourt facilement à pinces. Heureusement, au bord du chemin, il y a des arbres, des oiseaux, des fleurs, des insectes, et parfois des gens aussi. Heureusement.
MFZ : Ma foi, pas trop mal. Pourvu que ça dure.
- Où vous êtes-nous rencontrées ?
EBM : Marie-France et moi, nous nous sommes rencontrées dans une librairie. Ça ne s'invente pas ! Elle s'appelle « Aux belles pages » et se trouve rue du Bon-Secours à Murat, dans le Cantal. Marie-France avait à l'époque déjà publié des albums pour la jeunesse. Quant à moi, je bloguais, sous le pseudonyme de Za, avec un Cabas.
MFZ : Je sortais de chez le coiffeur, j’avais BESOIN d’un livre (!!) Je suis allée aux Belles Pages, le libraire nous a présentées, et on s’est entendues comme larrons en foire. D’emblée. En plus je lisais le cabas de Za !!
EBM : Preuve de bon goût. Et sinon, ça se dit larronnes ?
- D'où te vient le goût de la lecture ? De l'écriture ?
EBM : Je suis enfant unique. La lecture est souvent un passage obligé des enfants uniques. Je n'ai pas dit solitaire, attention. Mais les livres sont les parfaits compagnons des longs étés à l'ennui incomparable. Je lisais tout ce qui me tombait sous la main, sans hiérarchie. J'ai l'impression d'avoir toujours lu.
Mes débuts dans l'écriture sont précisément datables : l'année de sixième. Une fois par semaine ou moins, je ne sais plus, la classe était partagée en groupes. Ma professeure de Français, Monique Vallat à Apt, grâce lui soit éternellement rendue, avait conçu le projet de faire écrire à chacun des élèves son propre roman. J'ai conservé le cahier. Il y était question d'une amitié impossible entre un jeune Gaulois et un jeune Romain. Je n'ai plus jamais arrêté depuis : journal intime, fanfictions, blog...
MFZ : Le goût de la lecture est venu comme une conquête. On ne me lisait pas d’histoires, ça se faisait pas trop. Le jour où j’ai fini mon premier « Oui-Oui » je me suis sentie libre et indépendante (et sacrément fière). Je suis en CP et je peux lire ce que je veux !!La classe.
Avant l’écriture il y a le goût de raconter des histoires : en faisant des petites mises en scène de théâtre pour un public de cousines, les déclamations de poésie en classe. L’oralité et le récit sont très présents bien avant l’écriture. J’ai voulu raconter en dessinant d’abord (une BD que j’ai jetée, il y avait un crocodile, un gorille et un serpent…). Et puis la littérature et l’écriture au Lycée, mais pas un journal intime : des débuts de roman.
- Qu'est-ce qui t'embarque dans un livre, te fait vibrer ? A quoi es-tu sensible ?
EBM :Chez moi, le diagnostic, irrévocable, se pose à la page 50. Je continue ou pas. Lorsque je n'ai pas vu passer la page 50, c'est bon signe. Lorsque je la guette, c'est que c'est mal parti. Ce qui fait que ma lecture va couler jusqu'à la fin, c'est avant tout un univers, une façon de prendre le lecteur par la main, de l'égarer. Et puis le style évidemment, l'auteur qui ne se regarde pas écrire, qui va à la simplicité – cette simplicité qui est souvent le fruit d'un implacable travail d'élagage.
MFZ : En tout premier c’est la langue. Je n’arrive pas à dire « le style ». Un style c’est déjà une fabrication, une posture. La langue c’est plus brut, primaire. C’est le souffle. Ça se fabrique pas, c’est là ou pas. Ensuite viennent l’histoire et les personnages. Et ce qui me touche particulièrement dans les histoires ce sont les détails, le petit truc qu’on n’avait pas vu et qui fait tout basculer. Dans Harry Potter par exemple, il y a le combat de Harry contre les forces du mal tout ça tout ça… ( att’ation divulgâchis …) mais ce qui fait tout basculer, pour moi, c’est quand Harry sauve Drago. Ainsi il se trouve, à son tour, épargné par la mère de Drago. Petite bascule minuscule.
- Quel est ton dernier coup de cœur en littérature ?
EBM : Sans hésitation, Le royaume de Pierre d'Angle de Pascale Quiviger (Rouergue). Trois premiers lourds (500 pages chacun) et beaux volumes sont déjà parus, le quatrième est prévu pour l'automne. Cette auteure québécoise m'épate au plus haut point. Humour, aventure, suspens, des personnages hauts en couleurs et un style limpide, direct, inventif. Un plaisir de chaque page.
MFZ : « Celui qui savait la langue des serpents » dont j’ai parlé il y a peu dans mon blog. Super spèïce !! J’ai adoré. Il me tarde de lire « le Royaume de Pierre d’Angle » !!!! Je me suis procuré la série suite au conseil de Za. Confiance absolue !
- Venons-en à ce qui nous occupe aujourd'hui : la sortie de notre roman à nous, A cœur ouvert, aux Editions Courtes et longues. Quel effet ça fait, de l'avoir entre les mains, ce livre-là ?
EBM : La joie de le voir publié, évidemment, la satisfaction immense d'être arrivées au bout... Et puis il y a aussi le waouw ! devant la couverture de Germain Barthélémy, parfaite.
MFZ : Oui je te rejoins. La joie d’être arrivée au bout d’un processus long et riche, et cette sublime couverture !! Une joie décuplée dans ce climat d’incertitudes, de frustrations liées à la pandémie de covid, qui a tout retardé, annulé, reporté…Un jour le facteur passe avec un petit paquet et baoum feu d’artifice. Mon Cœur Ouvert.
- Mais qu'est-ce qui t'as pris d'écrire ce genre d'histoire ?
EBM : D'abord je ne suis pas entièrement responsable ! Il y a eu une sorte d'émulation à distance avec Marie-France. Il fallait que chacune donne envie à l'autre de continuer l'histoire. La fantaisie s'est vite installée. Je pense qu'on avait envie de s'étonner, de s'amuser. Puis on s 'est prises au jeu. C'est aussi un peu la faute des personnages. Ils nous ont tout naturellement portés vers une sorte de folie qui leur était propre.
MFZ : D’abord je ne suis pas entièrement responsable ! Il y a eu une sorte de jubilation avec Elisabeth. C’est parti comme un jeu, je me rappelle avoir attendu avec impatience les réponses-suite de Za. Les personnages se sont incarnés avant l’histoire, il a bien fallu à un moment donné, mettre de l’ordre à ce récit, faire concorder les lieux, les temps pour que l’histoire existe.
- Quel personnage te ressemble le plus dans ce livre et pourquoi ?
EBM : Mais le corbeau ! Je l'aime mon Odilon ! (S'il m'entendait...) Amoureux des mots, observateur de la nature humaine, moqueur aussi. J'avoue.
MFZ : Je crois que c’est Boris. Je sais pas comment dire, il a un petit côté ronchon mais « il y va » quand même. Il va pester après Odilon, mais il se fait quand même du mouron pour lui. Il y a une tendresse chez lui derrière ses airs bourrus. Il a une petite fleur bleue contondante.
EBM : Une petite fleur bleue contondante...
- Est-ce qu'il existe des références pour toi derrière ce texte, des lieux, des personnes, des sources d'inspiration ?
EBM : Odilon tient son nom d'un dessin d'Odilon Redon, par exemple. Chilpéric, lui, vient tout droit d'une chanson de Ricet Barrier (la voix des Barbapapas). Les lieux sont arrivés tout seuls mais, à un moment, on s'est aperçues, avec Marie-France, qu'on parlait pratiquement du même endroit, cette espèce de no man's land dans lequel se jette le Rhône, une terre qui nous est chère.
MFZ : Ah tiens ? je savais pas pour les Barbapapas, enfin pour Chilpéric. On a raison de s’interviewer. Oui on a longé le Rhône et on a fini en Camargue en connexion mentale pure ! Il y a plein de petites allusions à Pagnol, notamment la trilogie Marius-Fanny-César. On est fans ! Pour moi Boris, c’est en référence à Boris Cyrulnik, que j’aime, d’où le nom avec des « k » et « y » aussi.
- Qu'as-tu appris de ton métier d'auteure lors de l'écriture de ce livre?
EBM : L'échange de texte avec ma co-auteure, au début spontané, s'est peu à peu mué en véritable processus d'écriture. La réécriture a été un chemin plus long, plus difficile, et beaucoup plus formateur. Notre éditeur, Jean Poderos, nous a accompagnées à chaque étape, patiemment, précisément. Le roman a changé de forme, des articulations ont apparu. Il est arrivé un moment où nos écritures se sont mêlées, au point de ne plus savoir parfois qui avait écrit quoi.
MFZ : Ah oui, sans Jean Poderos, nous n’aurions pas finalisé ce livre. Il a su avoir une vision pour cette histoire. Sans intervenir sur le propos, il a su nous faire faire les changements qui ont donné du mouvement et dirai-je, l’envol nécessaire (huhu !) Un gros gros boulot ! Merci !
Dans les échanges avec Elisabeth c’était sympa et inattendu au début de continuer le personnage commencé par l’autre. C’était pas tracé à la règle. Jubilatoire.
De mon métier d’auteure j’ai appris la table de travail, la relecture.
De mon écriture j’ai repéré les petits défauts, les « mais » et les « alors » tous pourris parsemés partout, mes petites scories personnelles, mes répétitions, mes répétitions, mes répétitions, mes répétitions (huhu derechef). Je les vois mieux aujourd’hui.
Mon écriture s’est musclé les biceps.
- C'est quand qu'on s'y remet ?
EBM : T'as un truc prévu, ce week-end ?
MFZ : Oui je couds des masques. Hahaha. En vrai j’ai besoin d’un petit temps de « rien » et puis zou ! On part taquiner les muses !
- Il parlera de quoi notre prochain roman ?
EBM : On dirait qu'il y aurait des bestioles, un peu bizarres, forcément. Qu'est-ce que tu en penses ?
MFZ : Absolument ! Ce serait une amitié impossible entre un Gaulois et un Romain. Avec un gorille, un crocodile et un serpent. Rooo j’ai plein d’idées !
EBM : Faut qu'on discute. T'es sûre, pour le serpent ?
MFZ : Pour le coup, je ne suis sûre que du serpent (brrr..) Oui faut qu’on discute.
Marie-France Zerolo est l'auteure, entre autres, de Fadoli, du Héron et l'escargot et de Gipsy, illustrés par Mathilde Magnan, trois albums des éditions Courtes et longues.
Pour ma part, dois-je te le rappeler, lecteur adoré et attentif, j'ai à mon actif un roman paru en novembre dernier et toujours en vente dans les bonnes librairies indépendantes, Le couscous de Noël, chez Magnard Jeunesse.
SLPJ, plus communément appelé Montreuil
T'es à Montreuil cette année ?
Ouais, évidemment !
C'est vrai qu'on s'en voudrait de louper ce léger rendez-vous qu'ont honoré cette année pas moins de 180 000 visiteurs. 180 000... Ça ferait une belle manif, non ? J'imagine bien les slogans...
! des livres pour tous !
! laissez-nous lire !
! travailler moins pour lire plus !
! littérature générale !
Ouais, ce serait chouette.
L'affiche était cette année un dessin de Loren Capelli tirée de l'album "Cap !", paru aux Éditions Courtes et Longues (2019).
Cette année, ce salon avait un petit goût bien agréable, puisque, pour la première fois, sur un présentoir du stand Magnard Jeunesse, il y avait...
Pas la peine de raconter la journée (éreintante), dans le bruit et la chaleur. Encore que. Mon nouveau petit statut d'auteure m'aura valu cette année l'incommensurable privilège de pouvoir... laisser mon manteau sous une table de stand. C'est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup : liberté de mouvement, du genre bouger les bras, gain de quelques degrés. Un petit rien qui suffit pour parcourir les allées d'un pas allègre.
Au début, on se dit toujours qu'on va feuilleter trouze mille alboumes, faire des découvertes de trésors préciosissimes que personne d'autre n'aura vu, vu que j'ai un oeil de lynx. Et puis le soir, estramassés dans le métro-train du retour, on se repasse le film des sourires et des poutous, et on pense finalement moins aux livres qu'aux gens, et c'est bien.
Alors, cette année, et ils se reconnaitront s'ils me lisent ici, j'ai eu le bonheur de croiser, retrouver ou rencontrer Bertrand, Marie-France, Jean, Germain, Gabriel, Sandra, Mélanie, Lucie, Paul, Hélène, Geneviève...
Et une fois rentrés, on vide les sacs...
Côté fiston 1er...
Magus Of The Library - Mitsu Izumi (Ki-oon)
L'héritage des rois passeurs - Manon Fargetton (Bragelonne) - avec dédicace !
SuperS - Frédéric Maupomé/Dawid (Les éditions de la gouttière) - avec dédicace aussi !
La roue du temps - Robert Jordan (Bragelonne)
L'homme rune - Peter V Brett (Bragelonne) - offert pour l'achat des deux premiers !
J'ai retrouvé avec plaisir les héros de SuperS pour ce dernier opus avant de nouvelles aventures. Un cinquième tome très malin, sans manichéisme. Intelligent, quoi.
Quant à moi...
Gâteau aux pommes - Dawn Casey/Geneviève Godbout (La Pastèque) - dédicacé !
Sans foi ni loi - Marion Brunet (PKJ) - Pépite d'Or du SLPJ
Si l'on me tend l'oreille - Hélène Vignal (Le Rouergue) - dédicacé aussi !
Les jardins statuaires - Jacques Abeille (Le tripode)
Bienvenue à Oswald - Célia Garino (Éditions Courtes et Longues) - décicacé encore !
La tempête des échos - Christelle Dabos (Gallimard) - quatrième et dernier tome de la Passe-miroir, pas dédicacé puisque son auteure n'a pu se rendre au salon, au grand désespoir de ses fans, mais sûr qu'il y aurait eu une file plus longue que pour Shannon Messenger ! J'dis ça...
Voilà, Montreuil se termine. Nous voilà prêt.e.s pour une nouvelle année de lectures, d'écriture, de découvertes !
des nouvelles !
Il y avait longtemps qu'on n'avait pas vu quelque chose gigoter par ici. Le blog procrastine, s'ankylose, roupille, hiberne depuis presqu'un an.
Et voilà qu'aujourd'hui il se réveille, toujours pour parler de littérature jeunesse mais pas à sa manière habituelle. De ce livre, je ne ferai pas la critique. Et pour cause.
Il sort ce mercredi - c'est à dire presque tout de suite - et sera disponible dans toutes les bonnes librairies indépendantes.
Et oui, c'est mon nom tout en haut et je n'en suis pas peu fière...
Le magnifique dessin de couverture et les illustrations de début de chapitre sont signés Youlie et je ne pouvais pas imaginer plus bel habillage. Elle a donné des visages à mes personnages et je ne les imagine plus autrement désormais.
Jules vit tranquillement à Marseille avec sa mère qui l'élève seule. Pas si seule d'ailleurs car il y a un grand-père dans cette histoire. Et pas n'importe lequel. L quiétude du quotidien va être bouleversée par une révélation, un mystère que le petit Jules va vouloir percer, maladroitement parfois. Marseille est évidemment le théâtre du roman. Un passage obligé pour moi - je ne pouvais pas imaginer mes personnages évoluer ailleurs.
Hommage aux grands-pères, déclaration d'amour à Marseille, métissage, histoire de famille ancrées dans l'autre histoire, celle qui emporte les gens bien amlgré eux.
Je ne terminerais pas cette bafouille sans un grand merci à Mélanie Edwards et Angéline Ciréderf des éditions Magnard Jeunesse qui ont cru en ce texte !
et Montreuil !
Tu te sens pas vide, toi ?
Si, un peu. Ça fait toujours ça après Montreuil, non ?
Ouais...
Montreuil, c'est du bruit. Le vrombissement permanent d'un truc qui s'apprêterait à décoller sans jamais le faire, une ruche bruissante de gens de tous âges.
Montreuil, c'est la chaleur d'un plein été où on porterait des pulls parce qu'on est en décembre.
Alors, Montreuil, au bout d'un moment, ça exténue. Voire ça énerve. Mais pas tant que ça finalement. Parce qu'il faut l'avouer, allez, on adore ça !
On aime que ce soit blindé de monde, de familles, d'enfants dans tous les coins qui trépignent devant un livre. Qui n'a jamais fait de caprice parce qu'il voulait un livre me jette le premier Journal de Gurty !
On aime sentir bouillonner les imaginations et bourdonner les mots, gratter les crayons et glisser les feutres. Pendant quelques heures, on infuse, comme le dit Fiston. On jubile. On s'enthousiasme, parce qu'on est comme ça : on aime admirer
Et puis cette idée que tout le monde est réuni là pour la même idée d'offrir de bons et beaux livres à tous - et pas qu'aux enfants, et dans des formes très diverses - joyeux euphémisme. Alors, on s'agace parfois au détour d'une allée. Mais c'est quoi c'te merdouille ?!! Pour tomber en arrêt trois mètres plus loin. Mais c'est quoi c'te merveille ?!!
Les montreuillophiles que nous sommes ne sont pas dupes, on est informés et vigilants, on connait la situation des auteurs et illustrateurs, on connait la mauvaise foi crasse qui accompagne la présence sur le salon d'un espace sponsorisé par un cador de la malbouffe, on sait que tout n'est pas rose au SLPJ.
Pourtant, une fois encore, alors que la liste de ce qu'on a loupé s'allonge dans le métro/train du retour, le bilan de cette année est encore teinté de trop peu, et l'envie de se faire deux jours l'an prochain se précise...
Le butin de Fiston
Le journal d'un ingénu (Emile Bravo/Dupuis)
Le projet Starpoint - Le réveil des Adjinns (Marie-Lorna Vaconsin/La belle colère), Gardiens des cités perdues t. 7- Réminiscences (Shannon Messenger/Lumen)
Le monde des Ferals - L'essaim mortel (Jakob Grey/PKJ)
Le butin de Za
Zette et Zotte à l'uzine (Elsa Valentin & Fabienne Cinquin,
L'atelier du poisson soluble)
C'est ainsi que nous habitons le monde (Alain Serres & Nathalie Novi,
Rue du Monde)
XOX et OXO (Gille Bachelet, Seuil Jeunesse)
Les amours d'un fantôme en temps de guerre (Nicolas de Crécy, Albin Michel)
Le seul et unique Ivan (Katherine Applegate, Seuil)
La Volte (Yann Fastier, Talents Hauts)
et deux images de la Maison est en carton !
Vacances chez Tête de Fesses
Vous aimez les romans d'amour ?
Moi, d'habitude, non.
Trop de sucre et de guimauve répandus.
Mais là, on parle vraiment d'amour. D'amour inconditionnel.
Par un cruel hasard de circonstance, voici notre chère Gurty privée de son Gaspard. Momentanément, heureusement, mais quand même. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, son amie Fleur est elle aussi séparée de Pépé Narbier. Momentanément, heureusement, mais quand même. Et comme jamais deux sans trois, voilà que ce sont les Caboufigues qui vont prendre soin d'elles. Momentanément, heureusement, mais quand même.
Si tous ces noms ne vous disent rien, c'est que vous n'avez jamais lu le Journal de Gurty et je ne peux que vous plaindre. Mais je continue pour les autres - puisque ceux qui n'ont jamais lu le Journal de Gurty viennent de mettre leur manteau pour se ruer chez leur libraire indépendant afin de réparer cette bévue en achetant les cinq tomes d'un coup.
Une semaine chez les Caboufigues, c'est une semaine à partager la maison du meilleur ennemi des deux petites chiennes : un chat.
En fait, son vrai nom, c'est Jean-Jacques, mais moi je l'appelle Tête de Fesses car je trouve qu'il a une tête qui ressemble à des fesses.
Une semaine de "vacances" à subir l'atroce caractère de cette vilaine bestiole, sans parler des enfants Caboufigues, parfaitement raccords avec leur animal de compagnie.
La belle nature de Gurty et le sens de l'humour de Bertrand Santini font de ce cauchemar une aventure qu'on suit la truffe à l'air et les oreilles aux aguets, la rigolade en embuscade. Comme toujours serais-je tentée d'ajouter. Mais pas tout à fait.
Tout d'abord parce que Tête de Fesse, sous ses dehors de monstre domestique, a du style. Il tient lui aussi un journal, dont nous pouvons lire quelques extraits.
Depuis que ces crasseuses ont colonisé mon empire, je vis avec la nausée pour seule compagne.
Tout mon être intérieur est dérangé et j'en tiens pour preuve que, hier soir, à l'heure vespérale où le monde s'abandonne aux bras du crépuscule languissant, moi, j'ai eu la diarrhée.
Le choix juste du mot, le balancement de la phrase... Pour un chat, ce n'est quand même pas mal. Le journal de Tête de Fesses nous montre un personnage complexe, un peu nuance n'ayant jamais fait de mal à personne.
Et l'amour, alors ? Où est-il, me demanderiez-vous, si je vous en laissais placer une.
Toute à l'instant présent, Gurty souffre de l'absence de son humain.
Ici et là planait encore l'odeur de mon Gaspard.
En reniflant sa pantoufle, je me suis mise à pleurer. Vivre sans lui, c'est comme vivre à moitié. Mon humain est tellement tout pour moi !
Pour lui aussi, je suis plein de personnes à la fois. Souvent, je suis son bébé comme quand par exemple il me cuisine un plat ou bien ramasse mon caca dans la rue. Mais parfois, quand il est triste, je vais me blottir contre lui pour lécher ses larmes; et dans ces moments-là, c'est moi sa maman.
D'autres fois, on s'assoit sur les quais de la Seine pour regarder passer la vie. Devant le spectacle des pigeons et des gens, on partage un fromage de chèvre comme les meilleurs amis du monde.
L'ennui quand on aime quelqu'un qui est tout pour soi, c'est que lorsqu'on le perd, c'est toute une famille qui disparait d'un coup.
Alors, c'est pas la quintessence de l'amour, ça ?
L'élégance de Bertrand Santini, c'est de ne pas s’appesantir sur les instants de tristesse, d'en sortir par une pirouette, un éclat de rire. Et pour rigoler, on peut compter sur un de mes personnages préférés, dont le défaut d'élocution fait ma joie : Ftéphanie la hériffonne. Ou l'horripilant écureuil qui ne fait plus hi hi mais hallelujah - dans un chapitre que je qualifierais de monumental, tant ses répercutions philosophiques sont grandes. Sans rire.
Un cinquième opus parfaitement dans le ton des précédents, donc, sans aucune baisse de régime ni de perte d'inspiration ! Vivement la fuite, elle fera fans doute fenfafionnelle !
Le journal de Gurty - Vacances chez Tête de Fesses
Bertrand Santini
Sarbacane - collection Pépix, novembre 2018
les riches heures de Jacominus Gainsborough
J'ai toujours un moment d'arrêt avant d'ouvrir un album de Rébecca Dautremer. Comme une timidité mêlée d'avant-joie parce que je sais que ça va être bien, que je vais y revenir, y passer du temps. D'ailleurs, je ne l'ouvre pas si je n'ai pas un minimum de temps devant moi. C'est bien le moins. Et puis, il ne faut pas oublier le temps nécessaire à l'après lecture, le moment du "pfiouuuuuuu", "la vache !", "eh ben dis-donc !", le temps de se remettre...
Dans le cas des Très riches heures de Jacominus Gainsborough, on aura aussi besoin d'y retourner pour fouiller, scruter le détail, humer l'ambiance, oublier l'histoire pour se promener dans le livre comme dans une exposition, puis retourner à l'histoire, menue et universelle.
Dans l'introduction de cet album, Rébecca Dautremer s'adresse à son lecteur, petit ou grand. Elle rassure le lecteur adulte : oui, ce livre d'images est fait pour lui. Et c'est bien l'art de cette immense dessinatrice que de réunir les générations, de ravir les petits, d'émerveiller les grands.
Bien sûr, comme à chacun de nous, une place était destinée à Jacominus dans ce monde.
Il lui fallut du temps pour en être sûr.
Et encore davantage pour la trouver.
Pour la première fois, Rébecca Dautremer raconte l'histoire d'un animal en l'humanisant, dans un monde d'animaux sur leurs deux pattes, vêtu d'habits chatoyants, dans un style de début de XXème siècle. Jacominus naît entouré, très entouré même, famille, amis, présents sur les somptueuses doubles pages qui donnent une profondeur inouïe à ce récit de vie. Le mignon lapin débute dans la vie par un accident, qui le laisse marqué mais ne l'empêchera pas de mener une vie à sa mesure. Rien de grandiose, mais un destin troublé par son époque.
Le rythme du récit est donné par l'organisation de l'album : l'alternance de pages de texte illustrées à gauche par un portrait de Jacominus qui grandit, vieillit, deux sections présentées comme des pêle-mêle, puis de doubles pages accompagnées d'un texte bref calé au-dessous. Et ce sont bien sûr ces pages-là qui coupent le souffle, qui ralentissent considérablement la lecture - mais pour la bonne cause. Tellement qu'on se promet de relire le texte depuis le début. On peut jouer au jeu des références : Brueghel, Bosch... Mais c'est la maîtrise technique qui époustoufle, l'intention derrière la virtuosité. Jamais de mièvrerie mais de la douceur. L'amour, la nostalgie, le courage, la tristesse, la beauté de la nature, tout est ici parfaitement traduit.
Les très riches heures de Jacominus Gainsborough est une nouvelle pierre sur le chemin des lecteurs fidèles de Rébecca Dautremer ou une parfaite entrée en matière pour les autres. Le Cabas lui décerne le statut d'ALBOOM! - un truc qui n'arrive pas tout les quatre matins.
Les très riches heures de Jacominus Gainborough
Rébecca Dautremer
Sarbacane, 2018
donc l'été #2
Prolongeons l'été, donc, à contre-courant de l'impitoyable rentrée littéraire, un peu comme un genre de slow book...
J'ai commencé les vacances avec Gustave Eiffel et les âmes de fer, de l'inégalable, l'impayable, la très talentueuse Flore Vesco. Après Louis Pasteur, c'est à Gustave Eiffel de s'y coller, avec Alfred Nobel en second rôle.
La S.S.S.S.S.S. recrute. La Société Super Secrète des Savants en Sciences Surnaturelles, toujours à l'affut de créatures surnaturelles, s'intéresse cette fois à un phénix. Et quoi de plus discret pour ce genre de bestiole que de s'installer dans une usine de métallurgie... Gustave Eiffel, fraichement recruté, va infiltrer la manufacture, pour y découvrir d'autres créatures, plus dangereuses encore...
Steampunk, action, fantastique et rigolade sont les ingrédients principaux de ce roman, saupoudré de jeux de calembours métallurgiques totalement assumés.
- Bienvenue ! Vous n'êtes pas déguisé ?
Gustave, n'ayant pas eu de temps à consacrer à la confection d'un déguisement, portait une classique tenue de soirée noire. Mais il avait tout prévu.
- Je suis l'ami noir, dit-il avec un clin d’œil.
Isamberte éclata de rire. Le jeune homme se sentit soulevé de dix bons centimètres au-dessus du sol. La jeune fille était bien la première à rire de bon cœur à ses calembours.
Sans jamais sacrifier aux rebondissements de l'action menée tambour battant, Flore Vesco prête encore ici une attention particulière à la langue. Calembours, donc, mais aussi argot des ouvriers, termes techniques confinant à la poésie...
L’oreille était assaillie par mille bruits discordants : partout on clouait, vissait, rivait, écrouissait, sciait, escapoulait, calorisait, rabotait, corroyait, étampait, décottait, corrodait, mazéait, grenaillait, ébrondait, dolait, dulcifiait, emboutissait, laminait, crampait, ébarbait, burinait, pilonnait, cinglait, brasait et brocardait. Ce vacarme déferlait avec une telle force qu'il poignait le crâne et empêchait de penser.
J'ai un faible pour le personnage de Galvanier, dont Fiston m'apprend à l'instant qu'il est inspiré de Luigi Galvani - ma culture scientifique étant assez proche du néant, heureusement qu'il est là... L'agent fou avec un crochet à la place de la main finit sa vie égaré dans un immeuble insalubre du quai des Orfèvres où Gustave Eiffel trouve un logement temporaire. Flore Vesco prête au vieil homme une langue parallèle mais totalement compréhensible. Le tour de force est assez génial, on se régale !
Gustave tenta de recentrer la conversation. Il était curieux de savoir comment Galvanier avait perdu la main et la tête.
- Je traversais sur l'électricité, expliqua finalement le vieil homme. Je m'intercédais particulièrement à l'électricité amirale.
- L'électricité amirale ? demanda Gustave.
- Oui ! De nombreux amiraux vénèrent de l'électricité, comme l'aiguille, par exemple. Je soulais comprendre comment le fluide électrique agit sur les âtres rivants. Je minais des expériences sur les bredouilles. J'avais découvert que leurs Suisses se contactaient si on reniait les serfs et le muscle avec deux manteaux différents.
Moi qui ne suis pas très séries et suites, je dois avouer que ce roman, dans la droite ligne de Louis Pasteur contre les loups-garous, me fait espérer une suite...
Flore Vesco
Gustave Eiffel et les âmes de fer
Didier Jeunesse, mai 2018
deux filles chez Grasset Jeunesse
Mais quel titre ! Ma sœur est une brute épaisse !
Immédiatement, on pense à quelqu'une qu'on a connu, qu'on côtoie, à sa propre sœur, voire même à soi, c'est selon.
La sœur en question, on la trouve d'abord sur la couverture, l'air décidé, les poings sur les hanches. Le narrateur, un mignon bien tranquille aux cheveux joliment fluos voit sa vie chahutée par cette petite sœur bien remuante. Chaque moment de tranquillité est troublé par cette tornade tonitruante, goulue, éclaboussante, renversante, en un mot pénible, en un autre mot vivante. Mais finalement, n'est-elle pas rassurante, par sa simple présence ?
Une petite fille aussi radicalement turbulente, ce n'est pas si souvent qu'on en rencontre dans les alboumes. Il y a eu de célèbres précédentes dans la bêtisette et la liberté, de Sophie et ses malheurs à l'incomparable Fifi Brindacier. Le frère est, lui, un exemple de sagesse. Voilà qui est bien agréable pour chacun : on a le droit d'être un garçon calme, qui aime lire et déguster ses petits-beurres en commençant par les coins; on a le droit d'être une fille et de vivre à cent à l'heure, de manger salement, de sauter dans les flaques.
Les découpages vitaminés de Sandrine Bonini rendent à merveille le mouvement des personnages, leurs disputes avant le retour au calme.
Ma soeur est une brute épaisse
Alice de Nussy & Sandrine Bonini
Grasset Jeunesse, mai 2018
Hello ! Moi, C'est Suzie.
Ce que j'aime, c'est aider.
En fait, je suis la meilleure aideuse du monde.
Suzie, son truc, c'est aider, prendre des initiatives. Partout et tout le temps, elle aide. Elle fait aussi dans le genre remuant, une idée à la minute, faire les courses, les déballer, organiser, ranger, maquiller mamie et coiffer papy pendant leur sieste... Et tout cela dans le but de bien faire, évidemment !
Le contraste entre le texte à la première personne - qui traduit les intentions de Suzie, et les images qui montrent les résultats de ses actions, est tout à fait réjouissant. On s'amuse franchement à voir la petite demoiselle bouleverser le calme de sa famille, y apporter du piment. Les personnages sont croqués très simplement, au plus près de l'expression, du mouvement. Le dessin va au plus efficace dans une économie de détails et une palette de couleurs joliment contrastée.
Ces deux albums sont finalement complémentaires - le premier dans un genre pop et très contemporain, le second sur un versant plus humoristique.
Suzie
Sophy Henn
Grasset Jeunesse, janvier 2018